Prix Espoir scientifique
Fanny Mondet, médecin des abeilles

Le 18 novembre 2024, la cérémonie des Lauriers INRAE a mis en lumière des parcours de femmes et d’hommes qui ont permis des avancées scientifiques au meilleur niveau mondial, indispensables pour répondre aux défis agricoles, alimentaires et environnementaux. Parmi les laureats, Fanny Mondet obtient un prix Espoir scientifique, pour ses recherches contre le varroa.

Fanny Mondet, médecin des abeilles
« Notre hypothèse est que les abeilles s’assurent en permanence de la bonne santé de la colonie »

En combinaison cosmonaute blanche, Fanny Mondet inspecte le cadre extrait d’une ruche. Les abeilles ont piqué la curiosité de cette jeune chercheuse pour la première fois à l’occasion d’un stage de master en biosciences, en Nouvelle-Zélande. « Depuis, je ne les ai plus jamais quittées », confie-t-elle. Elle y fera sa thèse qui initie « une très belle découverte scientifique et surtout humaine ». De retour en France, Fanny poursuit ses travaux à INRAE où, au fil des projets de recherche, la notion d’équipe est toujours essentielle.

Face au varroa

Fanny Mondet, chargée de recherche au sein de l’unité Abeilles et Environnement d’Avignon, du centre INRAE Provence-Alpes-Côte d’Azur, est spécialiste de la santé des abeilles domestiques. Ses travaux portent sur la compréhension du comportement individuel et collectif des abeilles face au Varroa, un acarien prédateur, cause majeure du déclin des colonies. Ses recherches financées à l’échelle européenne doivent aboutir à la mise au point de nouvelles stratégies de lutte pour préserver la santé des ruches, très attendues par la filière apicole. 

Les abeilles sont soumises à tellement de stress ! « Et pourtant lorsqu’on observe une colonie, tout s’organise remarquablement bien. Comprendre pourquoi me passionne », explique la jeune femme. Plus précisément, la scientifique décrypte le comportement collectif des abeilles domestiques face à leur ennemi n° 1 en France et dans le monde : le Varroa. Ce petit acarien apparu dans l’Hexagone au cours des années 80 vampirise les abeilles. Il cause des pertes de production et de cheptel. Pourtant, dans certaines ruches, on observe un comportement de défense, dit hygiénique : des ouvrières inspectent le couvain et nettoient les cellules infectées par le Varroa, limitant sa propagation.

C’est là le cœur du sujet de Fanny : chercher pourquoi certaines colonies manifestent ce comportement collectif alors que d’autres non. Elle décrypte ses bases physiologiques et génétiques et explore la part de l’apprentissage. Elle enquête sur le signal déclencheur : quelles odeurs sont détectées par les abeilles et leur permettent de percevoir que cela ne va pas bien ? Cela exige un dispositif d’observation à plusieurs niveaux : de la molécule à l’abeille, jusqu’à la colonie et son environnement.

Des médicaments et des stratégies de lutte

De ces connaissances fondamentales sont attendues des solutions nouvelles pour les apiculteurs. En premier lieu, des outils pour sélectionner les fondatrices des futures colonies en incluant les capacités de défense des ouvrières. Mais aussi de nouveaux médicaments pour les abeilles, compatibles avec l’agriculture biologique et potentialisés par les pratiques d’élevage. Et pourquoi pas un nez électronique pour détecter le Varroa, ou un spray qui évaluerait le niveau de comportement hygiénique des abeilles ? Des pistes de connaissances et d’innovations que Fanny Mondet explore grâce à une bourse du Conseil européen de la recherche (ERC) et un projet collaboratif européen avec l’Italie.

D’après communiqué INRAE

Fanny Mondet est lauréate ex aequo du prix Espoir scientifique décerné par l’INRAE