Terre de Jim
Deux Jurassiens passeront l'agrément juge Montbéliarde
Vendredi prochain, l’agrément des juges de Montbéliarde association aura lieu durant les Terres de Jim. Rencontre avec les deux Jurassiens, Victor Pouillard et Yannick Weber, ont été retenus pour y participer.
La Montbéliarde, on l’aime et on la connaît mais pour la faire vivre à travers les concours, on a besoin de juges. Montbéliarde Association, qui gère le fichier racial, organise pendant les Terres de Jim un agrément de juge, qui permet à ceux qui l’obtiendront d’officier sur les concours et les comices les plus prestigieux.
Dans le Jura, deux candidats ont été retenus pour y participer : Victor Pouillard et Yannick Weber. Ces deux passionnés, tous deux âgés de 25 ans, voisins et amis dans la vie, se préparent ensemble pour cet événement. Ils ont participé en début d’année à une formation jugement avec deux techniciens de Montbéliarde Association. Le syndicat départemental de la race, qui disposait de deux places pour cet agrément de juge, cherchait des personnes motivées pour y participer et a proposé à Victor et Yannick de candidater.
Après avoir passé un BTS Acse à Châteaufarine et un CS Lait à Poisy, Yannick est actuellement en cours d’installation sur la ferme familiale à Mirebel où il travaille depuis trois ans comme salarié agricole. Les cent vaches Montbéliardes de l’exploitation produisent près de 800 000 litres de lait chaque année. A dix kilomètres de là, à Marigny, Victor Pouillard est récemment installé en hors-cadre familiale au Gaec du Martelet produisant près d'un million de litres de lait par an avec ses 115 vaches laitières.
« Je suis un très grand passionné de belles vaches et par conséquent passionné de concours », raconte Victor Pouillard. « C'est vraiment une passion à laquelle je consacre énormément de temps. Le jugement, c'est vraiment quelque chose qui me plaît beaucoup. J'ai fait beaucoup, beaucoup, de concours de pointage. Au concours départemental cette année, j’ai fait troisième. J’ai aussi eu la chance de participer quatre fois à la finale nationale lors du salon de l’Agriculture à Paris où j’ai terminé second cette année. J'ai aussi été Ringman à Vaches de salon en novembre dernier. Cela consiste à organiser la circulation des animaux sur le ring pour faciliter le travail du juge. Ça m'a permis d'être au centre du ring et d'apprécier d'une autre manière ».
Pointer n’est pas juger
Quant à Yannick, s’il a déjà participé à des concours de pointage, il reconnaît lui-même que ce n’est pas sa spécialité : « J’ai terminé 10 ou 11ème au concours départemental en décembre dernier », avoue-t-il. « Mais le pointage n’est pas du jugement même si dans les deux cas on recherche l’animal le plus complet ». Le pointage consiste à noter avec précision, de 1 à 9, les différents critères de la race. A l’inverse, le jugement se fait à l’œil, selon la logique et l’appréciation du juge, il n’y a pas de note.
« Un animal très bon au pointage ne sera pas forcément la reine de la soirée, » explique Victor. « Le pointage avant de devenir juge permet de mieux comprendre tous les postes de l'animal et éventuellement de départager deux vaches sur des défauts mineurs ».
« Il n’y a pas spécialement de règles lors d’un jugement car chaque animal est différent, chaque section de vaches est différente, » précise Yannick. On peut tomber sur des sections avec des animaux très similaires, ou ça va vraiment se jouer sur des détails. Et d’autres fois sur des sections qui sont plus hétérogènes ou on va pouvoir aller chercher un type de vache, qu'on recherche pour se baser dessus. Mais les critères les plus appréciés restent les mamelles, la locomotion, et la puissance… »
Passionné de Montbéliardes tous les deux, ils ont déjà jugé des comices cantonaux, ces derniers ne nécessitant pas d’agrément car c’est le syndicat jurassien de la race Montbéliarde qui y nomme les juges. « Dans ces cas-là, nous sommes généralement trois juges par catégorie, dont un expérimenté, » précise Victor. Être agréés leur permettrait de juger les concours nationaux les plus prestigieux.
Pour préparer ce passage d’agrément, ils se retrouvent et s’entraînent ensemble. Outre la formation Montbéliarde Association, ils ont reçu des conseils de Samuel Bouhin, technicien chez Eva Jura, qui s’est rendu sur leurs fermes pour leur rappeler quelques bases du pointage. « Je répète aussi souvent en salle de traite, en particulier pour les commentaires et la présentation, » révèle Yannick Weber. « Et cette semaine, nous allons nous retrouver avec Victor sur la ferme d’un copain pour voir les animaux et travailler le jugement et le classement en présence d’un juge déjà agréé qui sera là pour nous épauler ». Autre source d’inspiration pour les deux Jurassiens, les vidéos de jugements de différents concours qu’ils regardent régulièrement.
Une grande responsabilité
« Le plus difficile lors d’un jugement, c’est d’expliquer nos choix », explique Victor. « Il n’y a qu’une vache lauréate par catégorie, il est impossible de satisfaire tout le monde. Il y a forcément des déçus. Nous devons avoir une argumentation solide pour que personne ne se vexe, c’est une grande responsabilité. Les juges doivent établir leur classement avec la plus grande honnêteté ».
A une semaine du jour J, Yannick et Victor ne ressentent pas trop la pression même si le concours est toujours dans un petit coin de la tête. « C'est une bonne opportunité qu'on n'a pas tous les jours de pouvoir participer à cet agrément, » poursuit Yannick. « Nous devons saisir l'occasion et faire au mieux ».
Comme pour rappeler cette ambiance d'examen, les candidats ont rendez-vous la veille pour des explications en salle à la MFR de Vercel. Les vaches qu'ils devront juger sont aussi issues du canton de Vercel. Concernant les épreuves, ils devront juger une dizaine de vaches issues de trois sections dont certaines seront à pointer à partir des tables de notation de l'organisme de sélection, avec commentaires à l'appui.
T.V. et S.C.