ARDAR
« Créer du lien entre la société et l’agriculture »

Jean Baptiste Alpy, vice-président de la Chambre d'agriculture du Jura et éleveur en lait à comté à Arsure-Arsurette, est élu président de l’association régionale de développement agricole et rural du massif du Jura (ARDAR) depuis le 20 mars 2024. L'ARDAR soutient les agriculteurs et promeut le développement durable dans le Massif du Jura.

« Créer du lien entre la société et l’agriculture »
« Il faut développer l’agriculture autour du tourisme » Jean Baptiste Alpy, président d’Ardar.

Jura agricole et rural (JAR) : Quels sont vos principaux objectifs en tant que nouveau président de l’Ardar ?

Jean Baptiste Alpy (JBA) : Mon objectif principal est de renouer le contact entre les agriculteurs et le parc naturel du Haut-Jura, en tenant compte des évolutions du métier. Je veux également soutenir le développement des collectivités locales, et renforcer les liens entre l'agriculture et le tourisme. La moyenne montagne est devenue un espace de loisirs pour les citadins, nécessitant une meilleure organisation. Cet hiver a montré que même les zones protégées étaient fréquentées. Je m'engage à promouvoir l'agriculture de montagne, en mettant en avant les AOC et la diversité des filières, en les valorisant la qualité par le biais du tourisme et de la restauration.

JAR : Quelles sont les mesures que vous envisagez de prendre pour favoriser la participation active des jeunes installés ? 

JBA : Tout d'abord, quand je suis arrivé, on a recréé un conseil d'administration avec les jeunes et les moins jeunes. On a recruté des jeunes agriculteurs qui sont pleinement concernés par l'agriculture de montagne et les estives, entre autres, des gens du Haut-Jura. Il nous manquait des agriculteurs de l’Ain qui se sont plus mobilisés aujourd'hui. L'objectif, c'est vraiment d’aller les chercher pour construire un projet collectif pour le massif. L’idée est de décentraliser les réunions et d’en faire par visioconférence. Cela leur permettrait d’y participer plus facilement et donc d’avoir l’occasion de parler de leurs productions de qualité.

JAR : Quelles sont les priorités en matière d’innovation et de durabilité agricole ?

JBA : Nous allons d'abord poursuivre les initiatives de l'ancien président concernant les estives et les projets liés au changement climatique, notamment le projet Résysth (Résilience des SYSTèmes Herbagers face au changement climatique sur le Massif du Jura). Notre soutien aux exploitations se concentrera sur leur adaptation à ces évolutions. On va essayer de respecter tous nos engament par exemple sur toutes les études qui sont faites concernant les coopératives, par exemple autour du lac de Larbergement. Nous suivrons également les dossiers de défrichage sur le massif.

JAR : Vous faites donc suite au travail de votre prédécesseur ?

JBA : Bien sûr, nous avons agi avec Pierre-Henry Pagnier a créé un mouvement pour que les agriculteurs s'engagent et participent aux réunions. C'était notre première démarche et puis on avait essayé de retrouver un peu de dynamique par rapport au pastoralisme puisque dans les années à venir il y aura une année du pastoralisme, normalement en 2026.

JAR : Comment comptez-vous poursuivre le développement agricole ?

JBA : Le développement se fera par des installations sur la diversification. Après, par rapport aux filières AOC déjà installées, il faut qu’elles continuent à vivre et qu’elles perdurent. On s’inscrit dans les développements de cahiers de charge, on suit les filières avec attention. 

Ça fait trois ans qu'on parle de prédateurs, entre autres le loup. C'est aussi une problématique cruciale pour les agriculteurs et les jeunes agriculteurs qui arrivent et qui doivent subir ce stress ambiant. Alors bien sûr le loup est sur tout le territoire donc demain on ne sait pas qui sera concerné. Mais, il faut vraiment être attentif à ça parce que je pense que psychologiquement c'est une pression importante et les agriculteurs ne sont pas prêts pour l'instant à vivre ça. 

Propos recueillis par Marbène Konga-Dékou