Entretien
Une machine à vendanger bien préparée pour une récolte sereine
La récolte à la machine à vendanger se prépare aussi bien avant qu’après la vendange. Nos conseils.
1 - Vérifier le moteur et la transmission
Qu’elle soit récente ou ancienne, il est essentiel de démarrer la machine à vendanger tous les un à deux mois. « Mais c’est encore plus vrai sur les machines récentes, avec les dernières normes antipollution, explique Pierre Cayrouse, responsable marketing machines à vendanger New Holland. Il faut la faire tourner au moins une trentaine de minutes. La montée en température va éliminer la condensation qui peut se former à la longue, ce qui est néfaste pour les motorisations. »
Cette mise en route est aussi l’occasion de vérifier les niveaux d’huile hydraulique et moteur. Elle permet de faire fuir les nuisibles, comme les rongeurs, qui peuvent se loger dans le pot d’échappement ou dans le compartiment moteur. Ceux-ci affichent un certain goût pour les connectiques et peuvent ronger à l’occasion quelques câbles. Remettre en route régulièrement permet de détecter ces éventuels dégâts et de ne pas avoir à effectuer de réparation de dernière minute. « Et cela évite à la batterie de se détériorer, comme cela arrive parfois lorsqu’on laisse une machine longtemps sans fonctionner », ajoute Jacques Servoles, directeur du département machines à vendanger chez Pellenc.
2 - Anticiper la vidange
Que la machine à vendanger soit utilisée comme porteur multifonction ou non, il est important de s’assurer que les intervalles entre les vidanges sont respectés. En fonction de la surface à récolter, cette vidange peut être anticipée de manière à ne pas avoir à la réaliser au milieu de la saison de récolte.
3 - Sécurité sur la route
Comme pour tout véhicule circulant sur la route, il est important de s’assurer du bon fonctionnement des optiques et de la signalétique, « d’autant plus lorsqu’on débute la saison par des vendanges nocturnes », insiste Jacques Servoles. Également, regonfler au besoin les pneumatiques, en contrôler l’état et s’assurer du bon serrage des goujons des roues (idéalement toutes les 20 heures).
4 - Contrôler la climatisation
Mettre en route la climatisation permet de se préserver d’éventuelles fuites de gaz, qui la rendraient inefficace et l’ambiance en cabine invivable. Souffler les filtres de cabine optimise aussi son fonctionnement.
5 - Penser aux secoueurs
Les conseils concernant les secoueurs varient d’une marque à l’autre. New Holland préconise de changer les secoueurs tous les ans. « Les caractéristiques des secoueurs évoluent avec la température et l’humidité, justifie Pierre Cayrouse. Les propriétés peuvent changer et les secoueurs avoir tendance à effeuiller davantage les vignes. » À défaut de les renouveler tous les ans, le responsable produits conseille de les démonter en fin de saison et de les stocker dans leurs chaussettes (fournies à l’achat) dans un endroit sec et ventilé. « Plutôt le grenier que la cave », prévient-il.
De son côté, Grégoire préconise de laisser les secoueurs sur la tête de récolte à partir des générations GL. « Pour conserver les propriétés des silentblocs à la base des secoueurs, le pincement doit être fermé à fond (valeur 0), ajoute Mathieu Tabardel, responsable marketing Grégoire. Si on les laisse comprimés tout l’hiver, les silentblocs perdent leurs propriétés d’amortissement. »
« Sur les dernières générations de machines Pellenc, les batteurs, désormais noirs, sont dans une matière non sensible aux UV, ce qui dispense de les hiverner à part, explique Jacques Servoles. Mais certains clients continuent à le pratiquer, notamment pour se dégager de l’espace, lors du nettoyage de fin de récolte. »
6 - Remonter le convoyeur
Les constructeurs de machines à vendanger conseillent de déposer les systèmes de convoyage sur les têtes de récolte. New Holland préconise de stocker les chaînes de noria soit à plat, sur toute leur longueur, soit à la verticale lorsqu’on dispose de suffisamment de hauteur sous plafond. L’objectif est d’éviter les déformations. Avant de les remonter, vérifier l’état de chaque godet, comme la présence de trou ou d'une déformation mettant en cause l’étanchéité, et les remplacer au besoin.
Grégoire recommande d’enrouler le tapis convoyeur dans le sens du tasseau et de le poser sur les flancs. En cas de tapis abîmé, il conseille d’envoyer les tapis en réparation auprès de son partenaire Vitimat : un devis sur photo peut être réalisé en amont. Le constructeur charentais conseille également de démonter les rampes d’écailles et de les stocker à plat à l’envers. Au remontage, veiller au bon positionnement des deux trains d’écailles, l’un étant positionné au-dessus de l’autre. Pour ceux qui sont équipés de trains d’écailles pneumatiques, les remettre en pression.
Pellenc n’impose pas le démontage du convoyeur, même si cette opération facilite son nettoyage, ainsi que celui du reste de la machine.
Lors du remontage des convoyeurs, s’assurer de leur bon alignement et de leur bonne tension. Pour cela, se référer notamment au manuel d’utilisation.
7 - Retendre et remonter les convoyeurs secondaires
Entre les convoyeurs principaux et les bennes à vendange (ou les systèmes de tri), prennent place sur certaines machines des convoyeurs secondaires. Certains utilisateurs les détendent pour l’hivernage, voire les démontent.
8 - Actionner les ventilateurs-aspirateurs
Hormis un graissage à la suite du lavage approfondi de fin de saison, il n’y a pas d’entretien particulier au niveau des aspirateurs. Les actionner permet de vérifier l’absence de fuite d’huile et de bruit suspect pouvant indiquer qu’ils sont abîmés.
9 - Remonter les tapis d’égreneur
Un certain nombre de viticulteurs démontent les tapis d’égreneurs pendant l’hiver. Parmi eux, certains les remontent en inversant les tapis gauche et droit d’une saison à l’autre, voire en inversant l’avant et l’arrière. « C’est une manière d’homogénéiser l’usure qui peut être asymétrique et de faire durer autant que possible ces tapis, explique Pierre Cayrouse. Une fois remontés, il faut lever les bennes à fond : le poids naturel des tapis va permettre de régler facilement leur tension optimale. »
10 - Tester l’état des doigts d'égreneur
Quel que soit le système d’égrenage, il est important de vérifier que les doigts ne sont pas déformés ou n’ont pas perdu en rigidité et les remplacer si c’est le cas.
11 - Ne pas graisser à l’excès
Le graissage des différents roulements doit être effectué à la suite du nettoyage complet de la machine après les vendanges. Il faut graisser suffisamment pour chasser l’eau et ne pas se retrouver avec des roulements grippés à l’entame des vendanges suivantes. « Remettre un petit coup de pompe à graisse juste avant les vendanges ne fait pas de mal », explique Pierre Cayrouse. « Attention de pas trop surgraisser, prévient Mathieu Tabardel. Il vaut mieux graisser plus souvent qu’à l’excès. »
12 - Remonter la tête de récolte dans le bon ordre
Lorsque la machine à vendanger est utilisée comme porteur multifonction, New Holland insiste sur le bon respect de l’ordre de branchement des différentes connectiques. « L’ordre de branchement est l’inverse de celui, bien établi, de débranchement », explique Pierre Cayrouse. Ne pas respecter cet ordre peut générer des points bloquants sur le fonctionnement de la machine.
13 - Faire une mise à jour logicielle
« Même sur les machines qui ont 7 à 8 ans, il peut y avoir des mises à jour logicielles, annonce Pierre Cayrouse. Ce n’est pas une obligation, mais ces mises à jour peuvent apporter en termes de confort et de performance. »
14 - Mettre en route tous les organes
Actionner tous les organes de récolte aide à détecter des bruits et/ou vibrations suspects et les pannes qui en découleraient. S’il n’y en a pas, faire varier un à un chacun des paramètres de récolte et s’assurer de la bonne réponse à la commande sur la machine.
15 - Réviser son manuel
Même si la machine à vendanger est utilisée de manière intensive pendant un à deux mois, il arrive régulièrement que le chauffeur oublie certaines procédures. « Bon nombre de coups de fil en concession en début de vendange sont dus à des oublis sur le mode de fonctionnement de la machine, explique Jacques Servoles. Prendre une petite heure quelques jours avant la vendange pour relire les quinze ou vingt pages du manuel d’utilisation permet de se remettre la machine bien en tête. »
Ludovic Vimond
Anticiper un minimum sa révision
Dans la mesure du possible, il est préférable de ne pas entamer la révision de la machine la veille pour le lendemain. S’il y a des réparations ou des changements de pièces à réaliser, ces dernières ne sont pas forcément disponibles en concession. Mais la machine de récolte n’est pas le seul matériel à contrôler. « Régulièrement, la vendange est à l’arrêt à cause du tracteur, de la benne à vendange ou d’un matériel de cave, qui bloque toute la chaîne », prévient Jacques Servoles.