La traditionnelle réunion de prévendanges organisée par la société de viticulture du Jura (SVJ) s’est tenue vendredi 30 août à la maison des Agriculteurs, à Lons-le-Saunier, annonçant un début de récolte des raisins imminent. Qualité des grappes, conditions météorologiques et sanitaires, rappel de la réglementation en vigueur… De nombreux points y ont été abordés. « Les viticulteurs vivent dans l’adaptation permanente », rappelle Valérie Closset, présidente de la SVJ. « Cette réunion leur donne les éléments nécessaires pour des vendanges les plus sereines possibles ».
Une fois n’est pas coutume, 2024 a encore été marquée par des événements météorologiques hors normes. Un printemps précoce a provoqué un débourrement prématuré, immédiatement suivi par un épisode de gel au mois d’avril frappant une proportion très importante du vignoble. « Nous estimons que 38% des parcelles ont été détruites à plus de 70%, » précise Gaël Delorme, technicien de la SVJ. « C’est quasiment un copié-collé avec le gel de 2021 ».
Les intempéries qui ont suivi ont entraîné un second effet préjudiciable : le froid et l'humidité ont provoqué d'importantes pertes de récolte particulièrement marquées sur le Poulsard qui avait pourtant été épargné par le gel.
Avec l'arrivée des beaux jours à la mi-mai la pluie n'a pas cessé, augmentant fortement la pression du mildiou à un niveau rarement connu dans le Jura. Les jeunes vignes plus fragiles ont été particulièrement touchées par cette maladie entraînant parfois la perte des plans. Les vignes plus anciennes n’ont pas été épargnées. A l’inverse, l’oïdium qui n’apprécie pas la pluie est apparu tardivement mais sa présence régulière a ensuite été constatée sur tout le vignoble. D’autres maladies, comme le Botrytis, la pourriture acide et les jaunisses ont été légères, voire rares.
Côté maturité du raisin, les dernières semaines ont été bénéfiques. « L'équilibre acide-alcool, ainsi que la teneur en azote, sont correctes et la pellicule est fine, on arrive donc bien à presser, » explique Antoine Zbyrko du laboratoire départemental d’analyses.
Un constat hétérogène
La récolte est souvent abîmée et clairsemée, avec de petites grappes et de petites baies, augurant des rendements très faibles cette année, mais le constat est très hétérogène. « Allez dans vos parcelles, vous pouvez avoir de bonnes surprises, » encourage Jean Bénigne Lalarme d’OenoJura. Une des difficultés que rencontreront les vignerons pour déterminer la date optimum de début des vendanges 2024 est la différence de maturité des vignes, parfois au sein d’une même parcelle.
Si d’habitude OenoJura conseille un prélèvement de 200 baies pour suivre la maturité des parcelles, il propose, face au faible rendement prévu, de le réduire à 100 baies cette année. « Mais pas moins ! » précise le responsable du laboratoire. « Elles doivent être recueillies sur toute la parcelle, tous les 4 rangs et sur chaque face des vignes. Les jus doivent être analysés dans les 6 heures qui suivent ».
La présidente de la SVJ a tenu à féliciter l’ensemble des vignerons pour le travail effectué malgré les difficultés : « Vous avez tout fait pour entretenir le vignoble et grâce à vous il reste en bon état ».
S.C.
