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Quatre conseils pour bien entretenir la climatisation d’un tracteur agricole

La performance et la longévité d’un circuit de climatisation d’un tracteur agricole reposent principalement sur le respect des préconisations d’entretien. Le condenseur et les filtres sont des éléments essentiels. Conseils d’un spécialiste.

Quatre conseils pour bien entretenir la climatisation d’un tracteur agricole
La recharge de la climatisation ne doit pas être systématique. Il est d’ailleurs interdit de remplir un circuit qui fuit. Crédit : Promodis

L’entretien d’une climatisation de tracteur agricole ne se limite pas à sa recharge en gaz. Les filtres sont souvent les premiers responsables d’un dysfonctionnement, car leur mauvais état peut conduire à la casse des principaux composants du circuit, comme le compresseur, le détendeur ou l’évaporateur. 

1 – Nettoyer régulièrement le condenseur

L’élément essentiel du circuit (ou boucle) de climatisation est le compresseur. Celui-ci, généralement entraîné par courroie, met le gaz sous pression (entre 10 et 20 bars) et le fait monter en température. Il est équipé d’un embrayage électromagnétique qui assure son fonctionnement lorsque c’est nécessaire. Le fluide frigorigène en ressort à l’état gazeux avant de passer dans le condenseur, une sorte de radiateur le refroidissant pour le ramener à l’état liquide. « Cet échangeur, souvent intégré au pack de refroidissement, est à nettoyer régulièrement. S’il est obstrué, il n’évacue pas correctement les calories et entraîne une montée en pression dans le circuit, ce qui diminue notamment les performances de la climatisation et augmente le risque de fuites », alerte Stéphane Leservoisier, formateur indépendant en machinisme agricole.

2 – Remplacer le filtre déshydrateur

Le fluide frigorigène est à l’état liquide à la sortie du condenseur, puis il traverse le filtre déshydrateur au rôle primordial. Celui-ci, appelé aussi bouteille déshydratante, retient l’humidité, l’acide et les particules solides contenues dans la boucle. Il protège de la corrosion les éléments du circuit et limite les risques de grippage du détendeur ou du compresseur en garantissant sa bonne lubrification. Ce filtre, lorsqu’il est trop vieux, perd son effet dessiccateur, ne retient plus l’humidité et pire, peut laisser échapper dans le circuit certains de ses composants. Il est donc à remplacer selon les préconisations du constructeur, généralement tous les deux à trois ans. « Son changement est à réaliser impérativement à chaque intervention sur le circuit de climatisation, à la suite, par exemple, de l’ouverture en deux du tracteur pour remplacer l’embrayage ou intervenir sur la transmission. Cette bouteille déshydratante est d’ailleurs le dernier élément à remonter avant de recharger le circuit en gaz, afin qu’elle n’ait pas le temps de capter l’humidité de l’air ambiant », précise Stéphane Leservoisier.

3 – Souffler ou changer les filtres d’habitacle

Après le déshydrateur, le fluide frigorigène purifié passe dans le détendeur où sa pression baisse, entraînant une chute drastique de sa température. Il se dirige ensuite vers l’évaporateur, un échangeur situé dans l’habitacle, dans lequel le gaz réfrigérant absorbe la chaleur contenue dans l’air extérieur. Ce dernier est propulsé par le ventilateur dans la cabine pour abaisser la température ambiante. La longévité de l’évaporateur repose sur la rigueur d’entretien des filtres. « Le ou les filtres d’habitacle assainissant l’air entrant dans la cabine ou celui sur le circuit de recyclage sont à maintenir propres et en bon état. S’ils sont détériorés, ils ne stoppent pas la poussière qui vient alors colmater les grilles de l’évaporateur, qui lui est toujours humide. Par conséquent, ce dernier peut givrer, fissurer et laisser le gaz s’échapper », avertit le formateur. À noter que la condensation créée au niveau de l’évaporateur se traduit par la formation d’une petite flaque d’eau sous le tracteur lorsqu’il est à l’arrêt et la climatisation engagée. 

4 – Ne recharger en gaz qu’après diagnostic

« Il est interdit de remplir une climatisation qui fuit. Un circuit contient entre 1 et 1,5 kg de gaz réfrigérant et la tolérance de perte est limitée à 40 grammes par an. S’il se vide anormalement, il est obligatoire de procéder à la recherche de fuite avant tout autre opération », rappelle Stéphane Leservoisier. Le fluide R134a utilisé dans les climatisations est un puissant gaz à effet de serre, avec un potentiel de réchauffement climatique 1 430 fois plus important que celui du CO2. L’intervention n’est donc pas anodine pour l’environnement et les techniciens spécialisés doivent être formés et suivre un audit tous les cinq ans.  

David Laisney