Alors que les vols se multiplient dans notre département, la FDSEA du Jura organise des réunions avec la gendarmerie du Jura, au sein même des exploitations, pour aider les agriculteurs à mieux se protéger contre ce fléau. L’adjudant-chef, Stéphane Malaizé, a transmis ses conseils et son expérience.
Une première réunion s’est déroulée à Parcey au GAEC Humblot Serrurot et une deuxième à Ruffey-sur-Seille à l’EARL Jeandot, secteurs ayant été victimes récemment de vols de GPS sur plusieurs exploitations agricoles. Ces rencontres ont réuni une cinquantaine d’agriculteurs.
« Notre objectif, lors de ces réunions, est de vous informer pour mieux vous protéger, et pour dissuader et empêcher les vols sur nos fermes », présente Jean-Marie Hervé, secrétaire général de la FDSEA du Jura. Et c’est grâce à l’expérience de l’adjudant-chef Malaizé, référent sureté à la cellule de prévention technique de la malveillance, que les agriculteurs ont pu entendre tous les moyens possibles pour les aider à lutter contre les vols et partager leurs expériences. Car force est de constater que les modes opératoires des voleurs sont désormais structurés et efficaces, notamment grâce aux repérages, au maquillage du matériel pour ensuite aboutir au transport et la revente. Les vols dont sont victimes les agriculteurs portent sur le carburant, l’outillage, les GPS ou encore les produits phytosanitaires et les préjudices peuvent être conséquents.
En chiffres
Vols tout confondus sur le département du Jura : gasoil et GNR, véhicules, matériel électroportatif, batterie et GPS…
2022 : 106 vols déclarés
2023 : 97 vols déclarés
Des moyens simples et peu onéreux
« Il faut chercher à dissuader le délinquant, en le bloquant et en le ralentissant par des moyens mécaniques et électroniques, et alerter les services de gendarmerie », détaille le gendarme aguerrit aux vols en entreprises. Il convient de prendre en compte les accès, les limites de propriétés ainsi que la structure des bâtiments mais également les lieux de stockage (carburant, outillage, stationnement des véhicules…). Pour cela des moyens mécaniques, peu onéreux, sont efficaces comme les rochers, un fossé, un grillage défensif doublé de ronces aux abords de la ferme ou encore des détecteurs de mouvement, sont des moyens simples impactant le temps d’intervention du voleur. Renforcer les accès par des cadenas solides, des portes à serrures 3 points, des rideaux métalliques ou encore des fenêtres à barreaux sont autant d’obstacles à passer et ainsi dissuadant l’individu à continuer son acte.
« Pour sécuriser les machines, tracteurs, engins, il est important d’activer les systèmes antivols existants, de les équiper de dispositifs d’antivols complémentaires (coupe batterie, blocage du volant, géolocalisation…), de ranger les consoles et antenne GPS qui ne peuvent pas être bloquées à distance, en revanche elles peuvent être sécurisées par un logiciel intégrant un code PIN pouvant être débloquer seulement par un administrateur », propose l’adjudant-chef.
En ce qui concerne les vols de carburants, le fait de stationner les véhicules de manière à compliquer l’accès aux réservoirs, d’effectuer les pleins au fur et à mesure ou encore la mise en place de système d’alerte SMS vous informant de la baisse brutale du niveau de carburant sont des moyens simples et peu couteux.
Des outils de détection : indispensable pour l’enquête
Dans l’idéal, il serait bon que chaque exploitation se munisse de détecteur de mouvement et/ou de caméra de surveillance afin que l’enquête judiciaire, qui suit les vols, aboutissent à une arrestation des malfaiteurs. Comme ce fut le cas chez cet agriculteur près de Vesoul qui, grâce à ses caméras, a pu observer en temps réel le siphonnement de sa cuve à gasoil et ainsi alerter la gendarmerie. Les gendarmes ont pu intervenir très rapidement et prendre la main dans le « gasoil » les deux voleurs. Les perquisitions suivant leurs arrestations ont permis d’élucider une dizaine de cambriolages et sans doute éviter de nouveaux vols.
Lors de cette matinée sur les exploitations, le gendarme Malaizé, a pu donner de précieux conseils sur les choses à mettre en place ou à améliorer. Une démonstration de faisceaux a été testé, ce système déclenche une alarme assourdissante, lors d’un passage. Il faut que deux faisceaux sur trois s’activent, identifiant ainsi une hauteur d’homme. L’appareil fonctionne sur batterie et a une portée de 25 mètres. Il se place donc à un endroit stratégique des bâtiments.
« Les vols risquent de s’accentuer dans les années à venir dans nos fermes. Il est important que chacun reparte avec des idées de petites choses à mettre en place chez lui. La FDSEA pourra lancer une opération groupée si besoin », conclut Julien Gaillard, référent du dossier à la FDSEA du Jura. En attendant, une dizaine d’agriculteurs se sont inscrits auprès du gendarme Malaizé pour la réalisation d’un diagnostic de vulnérabilité individuel et gratuit.
La FDSEA proposera une troisième réunion au printemps 2024 sur le secteur de Champagnole et Nozeroy et des diagnostics de vulnérabilité individuels et gratuits avec la gendarmerie peuvent être proposés dans les fermes.
Laetitia Le Guen