« On est tous différents mais on est tous importants ! »

Une délégation d’agriculteurs jurassiens s’est rendue à Dunkerque la semaine dernière pour représenter le Jura au congrès de la FNSEA. Christophe Buchet, Cédric Bongain, Isabelle Bailly, Gilles Duquet et Jean-Marie Hervé nous confient ce qu’ils retiennent de ce moment fort du syndicat.

« On est tous différents mais on est tous importants ! »

Le 78ème congrès de la FNSEA s’est déroulé dans un contexte syndical particulier. Quel était l’état d’esprit des participants venus des quatre coins de la France ?

C.Buchet : Je craignais d’avoir un congrès un peu chaud car il y a quand même un certain nombre de productions qui sont très fragiles économiquement et sans perspectives, d’autant plus vu les nombreuses revendications qui restent présentent dans l’esprit de chacun, et souvent le sentiment que les choses n’avancent pas assez vite. Mais finalement ce congrès s’est déroulé dans un esprit de travail, sans défiance ni complaisance auprès des pouvoirs publics, pour aller chercher un maximum de choses pour nos adhérents. Je pense que les réponses et explications qu'on a pu avoir de l'ensemble du conseil d'administration et des gens qui portent des dossiers, on permit à chacun de comprendre et de partager leur vision de perspectives pour les mois à venir. On ressort tout de même boosté de cette ambiance studieuse et il faut qu'on soit fier de notre métier et de porter ce syndicalisme majoritaire.

I.Bailly : Je retiens effectivement que c'était plutôt apaisé par rapport à la tension béante dans les départements. Ce congrès fut aussi l’occasion de mesurer à leur juste valeur les avancées obtenues avec une belle rétrospective de tout ce qui s'est passé dans les départements. On peut tous être fiers du travail réalisé sur les barrages ou autour d’une table de discussion, et être persuadé de la détermination de chacun. Ce n’est pas facile de rapporter tout cela chez nos adhérents parce que les effets de ces avancées peuvent mettre du temps à se voir concrètement dans les cours de ferme et les plus fragiles se désespèrent.

C.Bongain : Pour moi c’était un bon congrès avec un temps important consacré aux actions que l’on connaît tous depuis 4 mois. On voit que nos responsables, que ce soient les présidents ou les secrétaires généraux, connaissent parfaitement tous les dossiers sur le bout des doigts et c'est quand même impressionnant.

C’était pour Arnaud Rousseau une première depuis son élection à la tête de la FNSEA ? Comment jugez-vous son action avec sa nouvelle équipe depuis un an ?

C.Buchet : On a senti un président qui imprime sa patte, qui cadre très clairement les choses et qui sait où il veut aller tout en faisant preuve de pédagogie. Je pense que c'est important et ça rassure tout le monde car on sent vraiment la patte d'un leader qui émerge mais qui en même temps essaye de la jouer collectif, c'est plutôt rassurant et intéressant. J'ai apprécié aussi lorsque qu’Arnaud Rousseau a dit au Ministre « la FNSEA est là » en montrant l’ensemble des congressistes, symbolisant la force de notre syndicat à savoir chacun de ses adhérents.

JM.Hervé : C’est très bien qu'il y ait du renouvellement et ils ont bien bossés. Cette nouvelle équipe donne une dynamique à tout le réseau.

G.Duquet : On a à la tête de la FNSEA un président qui met en responsabilité l'ensemble de ces administrateurs pour respecter l'ensemble des productions et des territoires avec des prises de paroles très libres de l'ensemble des congressistes et des régions. Nous avons eu des échanges francs et fructueux entre la base et le national, et je voudrais mettre en évidence une phrase qu’Arnaud Rousseau a évoqué dans son discours final et qui caractérise bien la FNSEA « On est tous différents mais on est tous importants ».

A quelques mois des élections européennes, l’Europe était un sujet central de ce congrès avec l’interventions de représentants d’autres syndicats européens dans une table ronde. Que retenez-vous de ce temps fort du congrès ?

I.Bailly : J’ai trouvé intéressant les échanges avec les homologues européens. On a bien compris qu’on ne veut pas plus d'Europe mais mieux d'Europe, que ce soit sur les conditions d’exercices de notre métier ou sur notre souveraineté alimentaire, de façon à être plus fort parce que on a l'impression au contraire que l’Europe se divise surtout sur la question environnementale.

C.Bongain : Avec l’intervention de quatre autres syndicats européens venant de Belgique, Pays-Bas, Italie et Irlande, on se rend compte qu'on a exactement les mêmes problèmes et puis qu’on est sur la même longueur d’onde sur les questions de souveraineté alimentaire et le manque de courage politique.

JM.Hervé : Les syndicats européens, fédérés au sein du Copa présidé par Christiane Lambert, ne s’entendent pas trop mal entre eux malgré des agricultures différentes. On a vu lors des manifestations partout en Europe et en travaillant ensemble qu’il est possible de changer un peu les décisions européennes comme sur les dérogations jachères obtenues jusqu’en 2027 par exemple mais c'est compliqué.

Le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, était attendu pour répondre à deux questions simples portées par le Président de la FNSEA, à savoir quand et comment les mesures annoncées se concrétiseraient-elles. Le Ministre a-t-il été à la hauteur du rendez-vous ?

C.Buchet : Sur les annonces du ministre, j'ai trouvé son discours plutôt plat. On a du mal à trouver finalement quelque chose qui se concrétise vraiment par rapport aux différentes actions et aux différentes demandes malgré le fait d’avoir en face de nous quelqu'un qui semble travailler et être à l’écoute.

C.Bongain : Il a décliné les 62 mesures à sa sauce, mais il a oublié de parler d'environnement et du fonctionnement de son administration. Et puis je regrette qu’il n’ait pas parlé de l'OFB non plus alors que c’était attendu par les agriculteurs. Sur la déclinaison des mesures, il fait ce qu'il peut mais force est de constater que ce n’est pas encore gagné. Son administration a toujours du mal à décliner les décisions politiques à l’image des retards pris sur l’application de la loi reconnaissant les 25 meilleures années dans le calcul des retraites agricoles.