Montbéliardes et Comtois à la fête

Publié le 08 Septembre 2023

Elevage

Les Montbéliardes étaient sur leur 31 ce samedi pour l’intercomice de Salins-les-Bains. Il faut dire que les organisateurs ont innové et fait les choses en grand en invitant à participer non seulement les éleveurs des cantons limitrophes du Jura et du Doubs mais aussi les éleveurs de chevaux comtois du département. Au total, plus de 160 vaches et 30 traits comtois, de 80 élevages différents, ont défilé durant la journée devant les spectateurs.

A Salins, le comice à normalement lieu tous les deux ans. Cette année, un intercomice exceptionnel a été organisé. « C'est une double première pour nous : recevoir les cantons voisins et organiser un concours départemental de chevaux comtois en même temps, » explique le président du comice Pierrick Bole Richard. « Montbéliardes et Comtois, ce sont deux mondes différents, en même temps si proches et si éloignés l’un de l’autre. Ils ne se connaissent pas forcément. Nous voulions ramener tout le monde sous le même chapiteau pour faire la fête ensemble ». Deux univers qu’il connaît bien puisqu’il est lui-même éleveur de Montbéliardes et de chevaux comtois et avait un animal qui participait à chacun des concours. « Je tenais à réunir mes 2 passions, » précise-t-il.

Pour que la fête soit réussie, les 50 éleveurs bénévoles du comice ont travaillé une semaine à la préparation du lieu : montages des chapiteaux, des étables, du point de traites… « Mais c’est un plaisir de travailler ensemble avec des gens motivés, » poursuit le président qui tient à les remercier.

Avec autant d’animaux présents, le programme de la journée était assez dense. Les concours ont commencé à 13h avec le défilé des vaches jeunes et espoirs. A 17h, les Montbéliardes ont fait une pause pour partir à la traite. Elles ont laissé leur place sous le chapiteau aux chevaux de trait comtois avant de revenir sur scène vers 20h pour le championnat adulte.

: La Grande championne du jour est Onctueuse (SCEA du Prieuré à La Loye) née le 3 aout 2018

« Digne d’un Montbéliarde Prestige »

Les Montbéliardes ont défilé sous l’œil averti du juge Gaëtan Laprévote. Une race qu’il connaît bien puisqu’il en élève 75 dans son exploitation de Venisey, dans le Nord-Est de la Haute-Saône, aux côtés de 40 Charollaises et 20 chevaux Comtois. Agréé depuis 2013, il a déjà jugé une quinzaine de concours dont celui, prestigieux, du Sommet de l’élevage. « Je m’étais préparé à une compétition de bon niveau », témoigne-t-il, « mais malgré cela j’ai été surpris : le niveau est très très bon, digne d’un Montbéliarde Prestige. Je suis admiratif devant les systèmes mammaires et les membres des bêtes qui ont défilé. Et les éleveurs ont fait de véritables efforts pour préparer et mettre en valeur leurs vaches ».

Deux vaches se sont particulièrement démarquées lors de ce comice. Onctueuse, appartenant à la SCEA du Prieuré à La Loye, remporte les titres de championne et meilleure mamelle adulte avant d’être élue grande championne du Comice. Le prix de meilleure mamelle du comice revient à Papaye, du Gaec Blondet à Chilly-sur-Salins, par ailleurs meilleure mamelle et réserve championne jeune.

« Pour ce comice, la barre était vraiment placée très haute, » conclue Pierrick Bole-Richard. Face au niveau, certains éleveurs du canton n’ont pas souhaité concourir. L’an prochain, nous referons un comice plus traditionnel, pour que chacun puisse participer ».

S.C.

Tous les engagements ont été respectés

La fête aurait pu être idyllique si une mauvaise nouvelle n’était venue la gâcher. Vers 11h30, les organisateurs ont appris qu’une pollution touchait la Furieuse, la rivière qui coule à Salins, et que le comice était suspecté d’être responsable. Des prélèvements en vue d’analyse ont été effectués pour déterminer la nature de la pollution. « Nous n’avons rien à cacher et collaborons à l’enquête », explique le président du comice. « Nous avons respecté toutes les consignes qui nous étaient demandées et avons travaillé uniquement avec des produits biodégradables. Si les années prochaines il faut faire plus, nous le ferons ».

Les juments suitées et leurs poulains ont été particulièrement appréciées

« De plus en plus de crinières noires »

« Pour première, c’est une réussite ! » estime Christophe Dugois, le président du syndicat des éleveurs de chevaux comtois du Jura. « Ce n’est pas évident de faire concourir les chevaux sous chapiteau, avec du monde et de la musique, ils ne sont pas habitués. Ça montre au public ce que l’on sait faire avec nos chevaux ». Les lots de juments suitées, qui défilaient avec leurs poulains ont été particulièrement appréciés du public.

Trente chevaux de trait comtois ont été départagés lors du concours départemental organisé pendant l’intercomice de Salins. Comme pour les vaches, les juges regardent aussi bien les caractéristiques physiques de l’animal que son allure. Epaules et poitrail du cheval doivent être puissants car c’est avec qu’il travaille. Le dos doit être tendu, pour que la jument puisse faire des poulains et vieillir correctement. L’encolure, la couleur de la robe, son brillant, les aplombs, la souplesse des déplacements sont pris en compte par les juges.

Nouveauté depuis 3 ans : de plus en plus de poulains n’ont pas de crinière jaune mais noire. Ces dernières ont été autorisées dans les critères de la race pour pallier une carence génétique occasionnant des problèmes de vue aux animaux. « On ne regrette pas car il fallait éradiquer cette maladie. Pour y parvenir, on pratique des croisements raisonnés. En seulement 3 ans, la différence est visible. Nous sommes contents de ces premiers résultats mais il faut poursuivre l’effort ». Pour cela, les 18 pouliches présentées ce samedi ont subi une prise de sang pour être testées.