Lors de l'AG de Franche-Comté Elevage, l'intervention de Béatrice Eon de Chezelles a mis en lumière les défis complexes et interdépendants auxquels sont confrontées les filières bovines et porcines françaises, tout en proposant des pistes pour un avenir plus durable et résilient.
Invitée à l'Assemblée Générale de la coopérative Franche-Comté Élevage, Béatrice Eon de Chezelles, experte du secteur boucherie-charcuterie-traiteur à la direction agri agro du Crédit Agricole SA, a présenté une analyse approfondie des filières bovines et porcines françaises, confrontées à de nombreux défis, environnementaux, sociétaux, géopolitiques...
La consommation de viande diminue dans presque toutes les productions, à l'exception notable de la volaille. Une baisse précipitée par l’inflation galopante des deux dernières années, qui a sérieusement amputé le pouvoir d’achat des Français, mais qui s’inscrit sur le temps long, avec en arrière-plan l’émergence de préoccupations croissantes liées au bien-être animal, aux risques de cancer, et aux questions environnementales. « Malgré tout les burgers sont très populaires chez les jeunes consommateurs, et on largement débordé du monde de la restauration rapide. » Elle a indiqué que les variations annuelles de consommations pouvaient être masquées par des évolutions des stocks de viande congelée, liés à des choix économiques des plus grands opérateurs de ce marché.
La souveraineté alimentaire : un fourre-tout !
Le concept de souveraineté alimentaire, brandi dans tous les sens par les politiciens et certains représentants du monde agricole, reste un ensemble à contours flous « en France on entend plutôt un refus du risque de la pénurie pour le consommateur plutôt qu’un souhait d’aller vers une véritable autosuffisance, car dans les faits les importations de viande ne cessent d'augmenter. Cela est particulièrement visible dans le secteur porcin, où l'apparente autosuffisance (102% de couverture du marché intérieur) cache une réalité d'importations massives de jambons espagnols, tandis que certaines parties des porcs français sont exportées. »
Durcissement des cahiers des charges
Pour les productions hors-sol, tels que la volaille et le porc, Béatrice Eon de Chezelles prédit des cahiers des charges plus stricts, dont le déploiement sera accompagné de nouvelles aides pour supporter des investissements et des normes improductifs (liberté, lumière, densité…)
Bien que l'objectif de réduction des émissions de carbone du secteur de l’élevage soit « à la fois réaliste et réalisable, il se fera au détriment du cheptel », poursuit la spécialiste.
L’experte a aussi mis en lumière les contributions positives de l’élevage à l'emploi, avec plus de 300 000 emplois directs et 700 000 emplois indirects « bien répartis sur le territoire national ». Et à la biodiversité ! « Les engrais organiques sont des atouts précieux pour l'agriculture, car ils réduisent la dépendance aux imports de gaz et engrais de synthèse et enrichissant les sols, en favorisant une précieuse biodiversité microbienne. »
AC