VEAUX DE BOUCHERIE
Bovi-coop et Franche-Comté Élevage vont créer la SAS Sonevo
La diminution de l’offre des petits veaux modifie la relation commerciale avec les acteurs de marché. Avec la planification hebdomadaire de plus en plus précise des besoins des intégrateurs, l’objectif des centres d’allotement est de donner de la valeur au produit. Décryptage avec Régis Favier, président de Bovi-Coop.
Quel regard portez-vous sur le contexte lié au marché des veaux laitiers.
Régis Favier : « La problématique du marché du veau est non seulement française mais aussi mondiale. Que ce soit en Asie ou en Europe, les veaux – notamment les mâles – doivent quitter les exploitations rapidement. Une réflexion de la Commission européenne est de porter l’âge de départ des petits veaux laitiers, s’ils voyagent à plus de 100 km de leur lieu de naissance, à 35 jours au lieu de 14. Aujourd’hui, l’âge moyen est de 18 à 31 jours. Le marché du veau laitier a commencé à se réduire en 2023-2024, à cause de la forte décapitalisation du cheptel, provoquant une hausse des cours de 10 %. Le prix de la viande et le cours du lait, ces trois dernières années, ont progressé de 30 à 40 %. Le marché du maigre (broutard) a aussi beaucoup progressé alors que le marché du petit veau est un peu resté à part, n’augmentant que de 10 %. »
Comment les prix sont-ils déterminés ?
R.F. : « C’est une négociation perpétuelle. C’est par la performance du tri dans les centres d’allotement que l’on va pouvoir négocier le prix final. 59 % des veaux produits en France, sortis des centres de tri, deviennent des veaux de boucherie. 19 % sont exportés, principalement vers l’Espagne et 15 % deviennent des jeunes bovins. Le reste étant des femelles d’origine laitière qui seront commercialisées. »
Qu’en est-il de la dynamique du marché des veaux de boucherie ?
R.F. : « Le marché est plutôt bien orienté depuis un an. Preuve en est, lors de la rencontre entre les dirigeants de Bovi-Coop et ceux de l’entreprise Sobeval, le plus gros abatteur de veaux français (10 000 veaux par semaine), qui avouent que la filière veaux de boucherie se porte bien ».
Comment réagit le marché face à la vague de FCO ?
R.F. : « L’arrivée de la FCO vient casser cette dynamique. Elle ferme la porte de l’exportation. Cela entraîne donc une nouvelle pression sur les prix. Ces dernières semaines, 15 % des animaux testés destinés à l’export étaient positifs. Le 1er octobre le lot testé avait un taux de positivité de 25 % et de 50 % pour Franche-Comté Élevage. »
Comment, chez Bovi-Coop, vous adaptez-vous à la situation ?
R.F. : « Afin d’améliorer le tri et répondre à la demande des intégrateurs d’offrir plus d’animaux sur un même lieu d’allotement, Bovi-Coop a décidé avec Franche-Comté Élevage de se regrouper, en avril 2025, sur un même lieu l’activité de tri et de vente à Saint-Germain-lès-Arlay dans le Jura, avec une mutualisation du personnel (quatre personnes au minimum pour chaque entreprise) et une progression de l’organisation du travail pour chaque salarié. Ce qui représentera 1 500 veaux en moyenne par semaine. Nous prévoyons la création d’une SAS : Sonevo (Société de négoce de veaux). J’en assurerai la présidence et Philippe Monnet, président de Franche-Comté Élevage, en sera le directeur général. »
Patricia Flochon