Inondations
Plus de 100 mm en une journée !

L’épisode de pluie intense du 7 et 8 octobre a entrainé le débordement de divers cours d'eau et fossés. Des inondations qui laissent les agriculteurs désemparés.

Plus de 100 mm en une journée !

Le Jura a été placé en vigilance orange pluie-inondation par Météo France, dès le 7 octobre au soir et le mardi 8 octobre.

Les pluies à caractère orageux qui ont circulé dans la nuit de lundi à mardi ont été particulièrement actives dans le Nord du département et principalement autour de la forêt de Chaux, où les cumuls de pluie ont atteint les 100 millimètres. Sur la Bresse et le Revermont, les cumuls localisés pouvaient atteindre 80 à 100 mm en 12 heures. On relève notamment 100 mm à Louhans (71), 93 mm à Colonne (39), 110 mm à Santans (39).

Un centre opérationnel départemental (COD) a été activé en préfecture durant toute la matinée du 8 octobre en raison de phénomènes locaux d'inondations générés par les ruissellements et le débordement de divers cours d'eau et fossés.

Bilan à la fin de l’alerte pluie et inondation : 30 communes impactées, 70 interventions de pompage, 40 sapeurs-pompiers engagés et 3 personnes évacuées par le SDIS 39 et 8 routes barrées par les services des routes du Conseil départemental, en lien avec le Groupement de gendarmerie (source préfecture du Jura).

Une alerte en chasse une autre… Mercredi 9 octobre, Météo France plaçait à nouveau le département du Jura en vigilance orange jusque dans la matinée du jeudi, cette fois pour des rafales de vent pouvant atteindre, par endroit, les 100 km/h.

« Les agriculteurs ont la trouille »

Frédéric Perrot, président de la commission Grandes cultures pour la FDSEA, tire un premier constat en milieu de semaine. « Mardi les pluies étaient assez exceptionnelles avec de la chaleur l’après-midi. Dans le Val d’Amour, dans un premier temps, ce sont les ruisseaux dans les champs et en forêt de Chaux qui ont débordé.  Au milieu de semaine, la Loue n’était pas encore concernée dans ce secteur. Le problème maintenant est de pouvoir finir les récoltes de tournesol et de soja, et faire celles de maïs, puis les semis. Nous accumulons les épisodes climatiques avec déjà 60 mm de pluie 5 jours avant. Pour bien faire, il nous faudrait au moins 10 jours de beau temps. Or, au 15-20 octobre les jours diminuent, nous avons de moins en moins de temps de ressuyage pour aller bosser… Les agriculteurs ont la trouille que l’on retombe dans le même scénario que l’an passé au niveau des semis. »

Du côté des fourrages, les ensilages sont faits à 90%, les récoltes de regain pour ceux qui ont pu en faire, sont terminées. L’incidence sera sur le pâturage d’automne, plus délicat avec l’excès d’eau.

« Rien n’est semé »

Didier Vernay, président cantonal FDSEA Bresse-Revermont fait le même constat : « En terre blanche de Bresse et dans le bas Jura, rien n’est semé et l’inondation va laisser de l’eau pour un certain temps. En maïs, les récoltes ont pu se faire sur quelques parcelles pour ceux qui ont pu semer en avril. Chez ceux qui ont semé plus tard, même si les maïs commencent à tourner, ils sont encore verts et ne sont pas prêts à être moissonnés. En soja et tournesol, tout n’est pas fini de récolter sur Bletterans. Avec le vent d’aujourd’hui, on peut craindre de la casse. En résumé, c’est le bordel. Ça fait un an et ça ne s’arrête pas. Et à 10 jours, la météo n’est toujours pas favorable, c’est ça le problème ! »

« Un an qu’il pleut ! »

Cédric Bongain, vice-président de la FDSEA, en Gaec à Rahon, énumère les rivières qui ont débordé aux alentours : l’Orain, le Doubs, la Loue, la Cuisance, la Clauge…

« Même à Saint-Aubin, les fossés débordent. Les 7 ha que nous avons semés ce weekend sont foutus », constate l’agriculteur, amer.

Sur son exploitation, il reste 80 ha à semer.  « En terre noire, il est encore possible d’intervenir jusqu’au 1er décembre mais en terres blanches ce sera plus compliqué. »

Le Gaec a tenté de rentrer une benne de maïs lundi à 39% d’humidité sans poursuivre plus avant. « Dans une benne de 15 tonnes, il faut donner l’équivalent de 4 tonnes de maïs pour sécher. ». Soit pour un maïs vendu à 180 euros, à 40% d’humidité, une ponction de 50 euros.

« Un an qu’il pleut. Un an qu’on fait tout à l’arrache, en travaillant quasiment tous les weekends à cause de la météo. Les récoltes en blé, orge ont été catastrophiques et là on n’arrive pas à ressemer pour refaire une bonne récolte ! On sent une fatigue morale », constate Cédric Bongain, qui est aussi administrateur MSA. Et d’ajouter : « Ceux qui ne se sentent pas bien, qu’ils n’hésitent pas à nous appeler à la FDSEA, au JA, soit à la MSA ou un autre organisme. »

L’ensemble du Jura est concerné par ces aléas climatiques qui ont grandement perturbés les travaux cette année. Au niveau de la pluviométrie, le département est, cette année, au-dessus des normales quel que soit les secteurs. La plaine étant dans la fourchette haute avec plus de 1 200 mm cumulés en un an, soit + 42%.

IR

20 à 40 % au-dessus des normales

D’après le site infoclimat.fr, depuis 1 an, il est tombé en pluviométrie :

-          Tavaux : 1 238 mm – normale 868 mm soit + 42 %

-          Lons : 1 505 mm – normale 1 147 mm soit + 31 %

-          Champagnole : 1 955 mm – normale 1 573 mm soit + 24 %

-          La Pesse : 1 978 mm – normale 1 659 mm soit + 19 %