Percée / Après avoir vieilli six ans et trois mois en fûts de chêne, le millésime 2014 du vin jaune est disponible depuis le premier week-end de février. Certains viticulteurs le proposaient dès samedi à la dégustation. Dix-sept vins ont été clavelinés lors du traditionnel concours.
Pas de percée pour le millésime 2014 du vin jaune. La grande fête qui réunit chaque année plusieurs dizaines de milliers de personnes dans un village du vignoble jurassien a été annulée pour des raisons sanitaires. Prévue initialement à Cramans, elle a été décalée en 2022. Mais les ambassadeurs du vin jaune ont tenu à respecter au mieux les traditions pour célébrer la mise en bouteille de ce nouveau cru.
« Le nouveau millésime est très fin. Sa puissance n’est pas trop exubérante. Il a une belle longueur, une belle tenue dans le temps. Le Château-Chalon a un peu plus de minéralité avec des arômes de silex et de pierre à fusil prononcés. Le Côte du Jura est plus classique, » résume Emmanuel Grand, du domaine éponyme à Passenans. Le viticulteur a tenu à faire découvrir la nouvelle cuvée de vin jaune à ses visiteurs.
Pour l’occasion, il a disposé dans un hangar quelques tonneaux faisant office de tables, suffisamment distants l’un de l’autre pour que les gestes barrières soient respectés. Mais il ne s’attendait pas à une très grande affluence. À cause du risque de confinement imminent en janvier, la communication sur l’ouverture des caveaux s’est faîte à minima. « J’avais au départ prévu des animations, des dégustations de fromages mais j’ai préféré annuler ». Seul un producteur local proposait ses escargots.
« On goûte le vin pour ce qu’il est »
Le clavelinage qui lance officiellement la percée, s’est déroulé la veille, vendredi 5 février à Lons-le-Saunier, dans les locaux de la chambre d’Agriculture. Ce concours est ouvert aux récoltants, coopératives et négociants produisant ou commercialisant du vin jaune des quatre appellations (Château-Chalon, Arbois, L’Etoile et Côtes du Jura). Cinquante-quatre échantillons ont été présentés cette année, tous âgés de dix ans et trois mois maximum.
Sur des tables bien espacées, des bouteilles anonymisées attendaient les quarante membres du jury, professionnels et amateurs avertis. Charge à eux de noter ces vins en fonction de leurs typicités en tenant compte de la robe, des équilibres, des arômes, de la persistance, etc.
« J’aime toujours ce moment de découverte d’un nouveau millésime, » explique Philippe Troussard, meilleur sommelier de France et membre du jury. « La dégustation à l’aveugle nous oblige à rester humbles et modestes. On goûte et on note le vin uniquement pour ce qu’il est. »
Dix-sept vins jaunes, représentatifs de leur AOC et de leur millésime, ont été claveninés cette année (voir encadré).
La vente aux enchères de vieux millésimes est aussi maintenue. Elle aura lieu le 13 mars à la saline royale d’Arc et Senans. Une partie des ventes sera reversée au profit d’une œuvre caritative.
SC
