Quand et comment récolter les premières coupes de prairies et les dérobées en ensilage ou enrubannage pour obtenir un fourrage de bonne qualité ?
« La fin de la période des ensilages/enrubannages approche de la fin tandis que celle des foins approche à grands pas ! Les conditions météo sont plutôt clémentes cette année et la croissance d'herbe est au rendez-vous. », peut-on lire dans le bulletin Agrosaône de cette semaine, qui s’appuie sur les sommes de températures (cumul des degrés jours depuis le début de l’année) ainsi que sur les relevés de croissance d’herbe réalisés dans le cadre du groupe Herbe de Franche-Comté. « En plaine, les 900°C base 0 depuis le 1er février sont atteints au 10/05, détaille Margaux Reboul-Salze, conseillère prairies-fourrages à la Chambre d’agriculture de Haute-Saône. Bien que le seuil des 200°C-jours ait été atteint relativement tardivement, l’année se situe plutôt dans la moyenne des neuf dernières années pour les sommes de températures atteintes à ce jour. » Côté croissances d’herbe, les relevés actuels signent la phase ‘’explosive’’ de la pousse printanière, avec des valeurs de l’ordre de 50 à 70 kg de MS/ha/jour (ce ratio peut dépasser 100 dans certaines situations favorables).
Le bon stade de récolte
Destinée à l'ensilage, l'enrubannage ou au foin, la valeur alimentaire de l’herbe dépend principalement du stade de récolte, stade physiologique entièrement déterminé par cette fameuse somme des températures. Pour avoir de la qualité, il faut récolter les plantes à un stade jeune, et au cours du premier cycle végétatif, cette qualité est directement déterminée par le stade de la graminée ou de la légumineuse. En prairie d'association, c'est en général le stade de la graminée qui prime dans la prise de décision. Les valeurs UFL et PDI sont en effet maximales au début de la croissance des graminées, puis diminuent jusqu'à l'apparition des premiers épis, puis de façon plus rapide par la suite.
Au fil des jours, le rendement progresse tandis que la qualité diminue. Le choix de la date de récolte est donc un compromis entre ces deux critères, à choisir selon la destination du fourrage. Pour une vache laitière moyenne, avec des besoins entre 0,90 et 0,95 UFL et de 95 à 100 g de PDI/kg ingéré, la qualité de l'herbe fauchée entrant dans ces rations doit être suffisamment élevée pour éviter ou limiter une complémentation coûteuse. A contrario, ces mêmes besoins sont de 0,65 à 0,70 UFL et de 60 à 70 g de PDI/kg ingéré pour une génisse en croissance. Dans ce cas, il peut être tout aussi coûteux de leur attribuer un fourrage de trop bonne qualité qui serait alors mal valorisé.
Le stade épiaison reste un bon repère
Pour récolter un ensilage ou enrubannage précoce de qualité, il faudra donc viser une récolte avant le stade début épiaison (10 % des épis visibles) pour les graminées, et au stade début bourgeonnement pour les légumineuses. Les récoltes plus tardives seront plus volumineuses au détriment de la qualité.
Actuellement on peut constater en plaine que l'herbe a souvent pris de l'avance sur les animaux. Une première exploitation en fauche de certaines parcelles du circuit de pâturage pourra donc s’avérer être nécessaire pour constituer des stocks de fourrage, faciliter l'exploitation ultérieure et préserver la qualité de ces parcelles. Un débrayage qui permet d’anticiper le creux estival… « D’autant plus que les conditions de repousses sont plus favorables aujourd’hui qu’au 15 juin, vis-à-vis de la réserve en eau, surtout si les conditions sèches durent, précise la conseillère. Pour ces parcelles du circuit de pâturage, il faut prioriser le créneau climatique et ne pas attendre que le volume, l'objectif est qu'elles reviennent ensuite rapidement dans le circuit. »
AC