Loup en Haute-Saône
Une vache tuée dans le secteur de Grammont

Dans la nuit du 4 au 5 septembre, une vache adulte de 4 ans et 7 mois a succombée aux blessures consécutives à une attaque de loup. Plusieurs de ses congénères ont avorté à cause du stress de l’attaque, et malgré les tirs d’effarouchement de nouvelles attaques ont eu lieu pendant la nuit du 9 au 10, sur génisses cette fois.

Une vache tuée dans le secteur de Grammont
Au cours des dernières semaines, plusieurs attaques de loup ont été répertoriées dans le Haut-Doubs. Celle-ci dans le secteur de Grammont est inédite en termes de gabarit des bovins pris pour cible.

L’éleveur est encore sous le coup de l’émotion et de la surprise causée par l’attaque de loup sur ses vaches. « En m’installant il y a sept ans je n’aurais jamais envisagé connaître ça un jour sur mon troupeau ! », témoigne-t-il. En Gaec familial sur la commune de Bournois, à la tête d’un troupeau de 240 animaux environ, il produit du lait de foin destiné à la filière Emmental Grand Cru, lait transformé à la fromagerie du Vercelois. « Jeudi matin nous avons été prévenus qu’il y avait une vache morte dans une de nos pâtures. J’ai trouvé une vache morte qui avait succombé à ses blessures, gravement lacérée au niveau du train arrière… J’ai prévenu l’OFB, et à 10h du matin un agent est venu réaliser le constat du dommage. Et pendant qu’il était sur les lieux, nous avons pu apercevoir le loup qui s’est montré à deux reprises à proximité de la parcelle, à peine à 200 mètres de nous. »

Protocole de tirs d’effarouchement

« Nous avons déplacé les animaux sur une parcelle plus facile à surveiller, et le soir même des tirs d’effarouchements autorisés par le préfet ont eu lieu, quand le loup est revenu sur les lieux. », poursuit-il. Bouleversé par cette attaque sur des animaux dont il prend soin depuis leur naissance, pour les amener au meilleur de leur potentiel, il a depuis perdu toute tranquillité d’esprit. « Chaque matin j’ai la boule au ventre et je me demande ce que je vais trouver dans mes pâtures. »

Le loup est resté dans le secteur, puisqu’il a de nouveau attaqué, pendant la nuit du 9 au 10 septembre. « Cette fois il s’en est pris à un lot de génisses de 33 mois. Ça fait un total de neuf animaux concernés par ces attaques en quelques jours (trois vaches taries puis six génisses). Le fait qu’il s’attaque à des animaux d’un tel gabarit surprend tout le monde, y-compris les lieutenants de louveterie avec qui j’ai discuté. On ne sait pas encore pour l’instant si c’est un animal qui est descendu du Haut-Doubs. » Outre la perte de cette vache laitière, Sylvain Boby déplore aussi trois avortements consécutifs au stress causé par l’attaque du grand prédateur. Les dossiers d’indemnisation sont en cours d’instruction. « Ce qui est certain, c’est que ça ne couvrira pas le préjudice psychologique. », conclut l’éleveur.

Alexandre Coronel

Emmanuel Aebischer, président de la FDSEA70

« Le plan loup s’est durci »

La vache tuée dans la nuit du 4 au 5 septembre, si elle appartient à un éleveur du Doubs… a été victime du loup sur le territoire haut-saônois. Ce qui est peut-être de nature à compliquer le traitement de ce dossier par les représentants de l’Etat. « Le DDT m’a assuré du contraire, mais je me demande si les deux administrations n’ont pas du mal à se coordonner, ou si elles ne veulent pas s’exposer aux critiques des associations environnementalistes qui défendent la présence du loup », s’interroge Emmanuel Aebischer, le président de la FDSEA, qui a appelé le préfet après la première attaque pour envisager la suite à donner. « Pour moi tous les éléments sont réunis en faveur d’un tir létal, avec une situation proche de celle qu’on avait connue en 2020 dans le secteur de Fougerolles, un loup déviant, qui s’attaque à de gros animaux et ne semble pas craindre l’homme. Mais le Plan national loup s’est durci et pour pouvoir activer la mesure de tir létal, il faut désormais avoir déployé toutes les mesures de protection… En attendant, le loup continue d’attaquer ! » Affaire à suivre, donc.