Le 26 septembre dernier, une visite de l'aire de stockage des boues d’épuration de la station de Vercia a été organisée par la Mission d'Expertise et de Suivi des Epandages de boues de STEP (MESE). Ce site centralise les boues de quatre stations d’épuration locales et les stocke jusqu’au moment le plus propice pour leur épandage. Grâce à l’évaporation, le volume de boues diminue considérablement, permettant des économies de transport, sans que sa valeur fertilisante ne soit impactée.
Jeudi 26 septembre, la Mission d'Expertise et de Suivi des Epandages de boues de STEP (MESE), assurée par la Chambre d’Agriculture du Jura, en collaboration avec la DDT, le département et l’Agence de l’Eau, a organisé une visite de la station d’épuration de Vercia et de son aire de stockage des boues afin d’en expliquer le fonctionnement et les avantages. Les responsables des services assainissement de plusieurs communautés de communes du Jura et de départements limitrophes avaient fait le déplacement.
La station d'épuration de Vercia a été créée en 2002. Elle fait partie des 80 stations jurassiennes à filtres planté de roseaux (FPR), sur les 270 stations du département. Les eaux usées sont d'abord déversées dans un lit bactérien qui permet un bon abattement du niveau de pollution puis sont transvasées sur les filtres plantés de roseaux. « Avec cette installation, l’azote ne cause pas de souci particulier, » explique Julien Camus technicien du SMEA de Beaufort. « Pour le phosphore nous avons parfois des phénomènes de relargage quand il y a des à-coups hydrauliques. Les bactéries stressent et relâchent du phosphore mais heureusement les roseaux arrivent à l'absorber ». Avec ce système, seule une odeur de terreau se dégage. Les riverains ne subissent aucune nuisance olfactive.
Aucun entretien
En 2018, une aire de stockage d’une surface de 700 m², a été conçue pour contenir une année complète de boues issues des 4 stations locales. Recouverte d’enrobé pour en garantir l'étanchéité et équipée de grilles permettant la récupération des eaux de pluie, elle a coûté 40 000€. « Ce n’est pas un investissement énorme par rapport à la flexibilité gagnée, » estime Julien Camus. « Une fois construite, elle ne nécessite aucun entretien. Finalement le seul inconvénient est l'emprise foncière ». Les coûts pour la collectivité sont aussi compensés par la souplesse de fonctionnement et un moindre prix de l’épandage.
Cette installation apporte de nombreux avantages aux collectivités mais aussi aux agriculteurs qui épandent les boues. Les stations d'épuration à base de filtres plantés de roseaux génèrent de faibles quantités de boue. L’air de stockage permet donc une mutualisation en recevant les boues issues de plusieurs stations proches l’une de l’autre. Pour assurer la traçabilité ces boues sont analysées au départ sur leur station d'origine, puis à nouveau au moment du stockage puis enfin avant l’épandage.
Un seul plan d’épandage a été constitué pour les quatre stations concernées. Leurs boues sont épandues après stockage sur des parcelles appartenant au GAEC des Mésanges de Cuisia, à proximité directe du site de stockage.
Le stockage permet de choisir le meilleur moment pour l’épandage, souvent décalé par rapport à la période de curage des roseaux, généralement à la fin de l’été. « Cette flexibilité est un vrai atout pour les agriculteurs, car elle permet d'attendre une quantité suffisante de boues pour épandre sur une parcelle complète et de choisir la période la plus propice, » explique Julien Camus
Un volume de boues divisé par deux
Autre avantage : la réduction du volume de boues. Grâce à l’évaporation de l’eau qu’elles contiennent, réduisant ainsi le volume total à acheminer sur les parcelles agricoles, sans perdre en valeur fertilisante. A titre d’exemple, les 230 tonnes de boues récupérées à 20 % de matière sèche lors du premier curage ne représentaient plus que 120 tonnes à 74 % de MS lors de l’épandage. Cette réduction de volume se traduit par une économie totale de 2 000 €, tant en termes de transport que d’épandage.
Les boues présentent un intérêt agronomique et une économie d’engrais pour les agriculteurs qui sont en majorité satisfaits du fonctionnement de la filière (résultats d’une enquête menée en 2023). La valeur agronomique des boues de la station de Vercia étaient N = 7.6 ; P = 10.4 et K = 0.52. Elles ont été épandues sur 10,6 hectares (soit 10 à 14 t/ha) sur des parcelles situées à quelques kilomètres de la station.
Sur les 80 stations à FPR dans le Jura, seules 15 ont déjà fait l'objet d'un épandage car le premier curage se fait en moyenne au bout de10 à 13 ans. Les 48 STEP jurassiennes construites entre 2010 et 2019 n’ont pas encore été curées mais devraient l’être prochainement. Une seconde aire de stockage est en cours de construction sur le site de la STEP de Ranchot pour le secteur de Jura Nord.
L’épandage concerne en 2023, 723 ha soit 0,4% de la SAU du Jura et les boues représentent 1,2 % de l’azote organique apporté par les effluents d’élevage.
S.C.
Réglementation
Les épandages de boues sont encadrés par l'arrêté du 8 janvier 1998. Le recyclage agricole est le mode d'élimination le plus économique et le plus écologique pour ces boues. Il répond aux enjeux de l'économie circulaire. Le service rendu à la collectivité par les agriculteurs permet un accès à des fertilisants gratuits. En revanche, le risque sanitaire doit être encadré par la réglementation : traçabilité par plan d'épandage, suivi agronomique, analyse des boues et des sols…
L'arrêté du 8 janvier 1998 instaure également le dispositif de la MESE (organisme indépendant) dans un objectif de préservation de la qualité des sols, des cultures et des produits. Le temps consacré à cette mission est pris en charge par l'Agence de l'eau et le Département à travers la convention MESE.