Terres de Jim
Finale nationale de labour : du très haut niveau !

Les Terres de Jim se sont achevées par le résultat de la finale nationale des Labours. 15 concurrents pour le labour à plat, 13 pour le labour en planche, venus de toute la France, se sont disputés le trophée le dimanche 8 septembre. Dans les deux catégories, le département de l’Ain monte sur la plus haute marche du podium. Les Francs-Comtois décrochent une 2e place grâce à Pierre Cuenot de Luxiol et une 5e place avec Jordan Muhlematter (Haute-Saône).

Finale nationale de labour : du très haut niveau !
Podium labour en planches

La bénédiction s’achève. Les laboureurs ont revêtu leur combinaison de travail aux couleurs du sponsor. Rouge avec une chasuble blanche floquée du numéro de parcelle attribuée lors du tirage au sort, les candidats sont facilement repérables dans la foule. À peine l’office terminé, ils se dirigent vers leurs machines. Un dernier coup d’oeil à la charrue, quelques photos pour immortaliser le moment et ils gagnent la parcelle de chaume qu’ils vont devoir retourner.

Pour être là, les 15 jeunes agriculteurs sélectionnés en labour à plat, comme les 13 concurrents du labour en planche ont gravi tous les échelons. D’abord le canton puis le département et enfin la finale régionale avant d’accéder à la très prisée finale nationale des labours.

Le laboureur et les mariés

« Je ne m’attendais pas vraiment à être là, je dois l’avouer » explique avec modestie Jordan Muhlematter, candidat de la Haute-Saône, représentant la région Bourgogne- Franche-Comté dans la catégorie à plat. Jordan est observé. Par les juges évidemment qui auscultent son travail mais aussi par des supporters venus l’encourager.

Un dernier conseil donné par son frère qui lui aussi a participé il y a quelques années et qui comme Jordan n’a pas beaucoup dormi. « Nous avions le mariage de notre cousin hier. Je suis rentré à 4 heures du matin mais je ne ressens pas de fatigue pour le moment » confie Jordan. L’adrénaline sans doute…

Ce deuxième week-end de septembre risque de faire date au sein de la famille Muhlematter. Phase régionale de labour le vendredi avec une sélection pour le national du dimanche, noces le samedi et donc finale nationale de labour le dimanche. Quelques minutes avant le départ, Jordan confesse : « Je vais essayer de me mettre dans une bulle. Bien me concentrer et faire le moins d’erreurs possible. Si je finis dans les 7 premiers, je serai très satisfait ». 

Sous l’oeil expert des juges

 « Au coup de sifflet, les laboureurs ont 20 minutes pour tracer la raie d’ouverture » annonce Raphaël Ramond, président des deux jurys. Par binôme, les huit juges qui composent le jury de chacun des labours sont en briefing. Échanges sur la grille de notation, mise au point et précisions sur ce que l’on a le droit de faire ou pas, Raphaël Ramond, président du jury, est présent sur le site du labour à plat tandis que son co-président, Sébastien Rognon est au labour en planche. Difficile d’être présent sur les deux sites distants d’une vingtaine de minutes à pied sur les 120 ha de l’évènement des Terres de Jim. « Le jury est composé d’experts. Des techniciens mais aussi des anciens champions de labours, tous passionnés » poursuit Raphaël qui est aussi agriculteur dans le Loiret et évidemment passionné de labours.

Des champions pour désigner les champions

Coté labour en planche, la raie d’ouverture est tracée. Les juges sont à l’oeuvre. Parmi eux, Bertrand Rott, agriculteur bas-rhinois tout juste rentré de la finale mondiale de labour en Estonie qui s’est déroulée à la miaoût. « Bertrand Rott en est à sa sixième participation mondiale. Autant vous dire qu’il maîtrise le sujet… » explique Christel Rognon, frère de Sébastien totalement absorbé par sa mission de co-président.

Les frères Rognon, agriculteurs à Tarcenay, locaux de l’étape, mais aussi et surtout de fins limiers du labour. Sélectionnés à maintes reprises pour le national, ils ont eu la chance de concourir ensemble en 1997. « Le labour, c’est une passion. C’est une philosophie aussi. C’est l’amour du travail bien fait » poursuit Christel Rognon quand on l’interroge sur le sens d’un tel concours. Travail bien fait en moins de 2 heures et 10 minutes pour retourner le plus proprement possible 20 ares.

Maximum 300 points

« La grille de notation est de 300 points. Chaque anomalie ou défaut constaté et on enlève des points. Le barème est précis » explique l’agriculteur de Tarcenay. Un barème strict qui qualifie aussi l’apparence du labour, la jonction des courts tours, le terrage et le déterrage ou encore la dérayure finale. Chaque année, un comité national composé des délégués venus de toutes les régions de France se réunit au siège de Jeunes agriculteurs à Paris. « À 60 ans, on laisse sa place. La réunion de concertation annuelle a lieu en janvier. Il s’agit de faire évoluer le règlement pour coller aux réalités du terrain. Le matériel est souvent l’objet des discussions » précise Christel, bien renseigné par son frère qui siège au comité.

Pour l’heure, il est temps d’ausculter la profondeur et la droiture de la raie d’ouverture. 18 cm idéalement. Plus ou moins et la note dégringole. Deux candidats ont des ouvertures remarquables. Difficile de les départager et pourtant c’est fondamental.

Sébastien, co-président et responsable du jury à plat, décide de jeter un nouveau coup d’oeil. On ne saura rien avant l’annonce des résultats. Au fur et à mesure que les noms s’égrainent on lit le soulagement, la déception, la joie ou l’émotion aux larmes pour ceux qui montent sur la plus haute marche du podium et qui entendent retentir la Marseillaise. 2024 consacre les Aindinois, soulevant le trophée pour l’une et l’autre des catégories et rapportant dans leur valise une meule de Comté parmi d’autres cadeaux.

La 10e édition des Terres De Jim, venue remplacer ce que l’on appelait avant 2014 la finale nationale des labours, a tenu ses promesses. Difficile de croire que les candidats, non atteints par la limite d’âge (38 ans) ne retenteront pas leur chance l’année prochaine.

Séverine Vivot

Podium labour à plat

Classement de la finale nationale des labours 2024

Dans la catégorie labour à plat

➊ Antoine Bourret Ain 247 pts
➋ Victor Duchaux Moselle 236 pts
➌ Alexandre Mazeaud Haute-Vienne 230 pts
➍ Xavier Blatz Bas-Rhin 218 pts
➎ Jordan Muhlematter Haute-Saône 189 pts
➏ Valentin Gasseling Charentes 178 pts
➐ Bastien Vivien Seine-Maritime 171 pts
➑ Raphaël Martin Hautes-Alpes 170 pts
➒ Killian Dejoux Allier 166 pts
➓ Maxime Bernadac Indre 158 pts

Dans la catégorie labour en planches

➊ Clément Thiévon Ain 258,37 pts
➋ Pierre Cuenot Doubs 243 pts
➌ Loïc Fisher Bas-Rhin 239 pts
➍ Fabrice Etcheverry Haute-Vienne 234 pts
➎ Rohan Pinault Ile et Vilaine 207,7 pts
➏ Paul Duval Meurthe-et-Moselle 191 pts
➐ Loïs Bannier Maine-et-Loire 186,8 pts
➑ Clément Vaille Haute-Loire 179,4 pts
➒ Marius Tran Van Haute-Garonne 175 pts
➓ Enzo Léonard Charente-Maritime 155 pts

Les juges du labour en planche. Deuxième en partant de la gauche, Sébastien Rognon, co-président du jury national.