L'annonce par Lactalis, le 25 septembre, de réduire sa collecte laitière a fait l'effet d'une bombe chez les éleveurs du secteur. En Côte-d'Or, dans l'Yonne et la Nièvre, pour l'heure, la décision n'a pas d'impact. Il faut néanmoins rester vigilant pour l'avenir...
Même si la Côte-d'Or, la Nièvre et l'Yonne ne figurent pas parmi les « gros » départements laitiers, avec un cheptel d'un peu plus de 28 000 têtes (*), à comparer à la Franche-Comté (202 000 vaches laitières), l'annonce du géant Lactalis, survenue le 25 septembre, de réduire sa collecte laitière de 9 % dans les mois qui viennent fait ressentir son onde de choc. Nathalie Mairet, présidente de la section Lait de la FDSEA 21 et représentante de la Fédération nationale des producteurs laitiers (FNPL) au sein de la FRSEA BFC fait le constat suivant : « en Côte-d'Or, pour l'instant nous ne sommes pas concernés puisqu'aucun producteur n'est ramassé par Lactalis ». C'est aussi le cas dans la Nièvre et l'Yonne. « Le souci, pour beaucoup de producteurs concernés, poursuit-elle, c'est qu'ils arrivent en fin de contrat, ils n'ont pas de solution juridique pour se retourner. La seule chose qui peut jouer en leur faveur c'est que nous sommes aujourd'hui dans une certaines pénurie laitière. En comparaison de la situation telle qu'elle était il y a 5 ou 6 ans où il y avait trop de lait, de plus en plus d'entreprises en cherchent actuellement. Il reste que la décision de Lactalis représente des quantités assez conséquentes : la première salve d'arrêts de collecte qu'ils ont décidé porte sur 320 M de litres... c'est déjà énorme ».
Pas toujours logique
Sur l'est de la France, 150 producteurs seraient concernés, notamment en Haute-Saône pour ce qui concerne BFC. « Cette décision touche des départements qui sont déjà en déprise laitière, note Nathalie Mairet. Lactalis a dû prendre en compte les coûts de collecte induits par chacune de leur tournée et ils vont supprimer les moins rentables. On constate aussi que les zones géographiques concernées ne répondent pas toujours à la logique : j'ai l'exemple d'un collègue dans les Vosges qui m'a signalé que le sud du département serait impacté, alors que c'est sur ce secteur que se trouve l'usine de Corcieux qui tourne bien, d'où l'incompréhension des éleveurs... » Globalement, il y a aujourd'hui un manque de lait. Nathalie Mairet constate par exemple que Danone cherche à attirer des producteurs actuellement, depuis l'Isère jusqu'à la Bourgogne. « Historiquement, poursuit-elle, ça nous fait un peu mal au ventre de constater ça parce qu'on a de la mémoire et qu'on se rappelle qu'il y a une dizaine d'années, la même entreprise avant abandonné la coopérative de la basse Vingeanne ou la Coopérative laitière de Bourgogne (CLB) ». La décision de Lactalis fait surtout craindre, localement, un « effet domino ». « Avec Lactalis, conclut Nathalie Mairet, c'est le plus gros qui a tiré le premier. Ce qui nous inquiète, c'est la manière dont risquent de réagir les autres acteurs du secteur. Est-on sur un épiphénomène ou sur un mouvement qui va se développer ? ».
Berty Robert