Tout est parti de Saône-et-Loire où, en octobre 2019, le Département avais choisi de développer un site permettant aux producteurs en vente directe d'être recensés, d'indiquer l'ensemble de leurs produits, leurs circuits de distribution, leurs labels de qualité... La crise sanitaire aura permis d'accélérer le processus, les consommateurs s'étant massivement tournés vers les producteurs locaux pendant la période du confinement. Le conseil régional a saisi la balle au bond et a initié tout un travail de communication à destination des populations régionales, avec le concours des chambres départementales d'agriculture. Le principe : reprendre et dupliquer dans chaque département le portail saône-et-loirien...

Dans le Jura, ce portail internet a été lancé officiellement ce vendredi 11 septembre, dans les locaux du conseil départemental. Clément Pernot et François Lavrut, présidents respectifs du conseil départemental et de la chambre d'agriculture, orchestraient cette présentation. C'est Christophe Buchet, vice-président de la chambre qui a présenté le site www.jveuxdulocal39.fr.
La plateforme est en ligne depuis la fin du mois de juillet. 30 producteurs jurassiens et 11 marchés y sont référencés. Le site a déjà reçu quelque 1 168 visites avec une durée moyenne de connexion de 2'41. « Deux entrées son possibles. Par les produits ou par les lieux de vente, a expliqué Christophe Buchet. Mais maintenant, la balle est dans le camp des producteurs pour compléter la carte du Jura. L'inscription est gratuite, la fiche est facile à remplir et ils doivent s'engager sur une charte de transparence et de qualité... »

« Casser les codes »

Alors que tout semblait bien calé en terme de communication, c'est Clément Pernot en personne qui a pour le moins tempéré ces belles idées, en posant « les bonnes questions ».
« Il n'y a rien de plus difficile que d'inventer un nouveau marché... a lancé le président. Et qu'est ce que le consommer local ? Le périmètre du département ? Si c'est le cas, on ne sera pas en manque.... Et qu'est-ce qu'un circuit court ? Comment organiser des filières soutenues qui ne soient pas que l'objet de consommations anecdotiques ?... Certes, cette approche est sympathique et source d'adhésion. Mais complexe en même temps ! ». Dominique Chalumeaux, l'ancien président de la chambre d'agriculture lui emboîte le pas en rappelant l'exemple du drive fermier lancé en 2013 et qui a fermé au bourg de quelques mois « car on n'atteignait pas le niveau de rentabilité ». Selon lui « il reste encore beaucoup de paramètres à maîtriser et le consommer local doit passer par des contractualisations sur des volumes... et des prix ! ».
Les deux élus se rejoignent. Pour eux, ce sont des habitudes de consommation, des codes qu'il faudra casser pour atteindre cet idéal que devrait être le consommer local.

Michel Ravet