Vendredi 6 septembre, 10 heures, les 32 vaches acheminées par le comice de Vercel sont prêtes à défiler. Pas de prix pour celles-ci. Elles serviront exclusivement de support aux candidats à l’agrément « juge de la race montbéliarde ».
« Nous sommes arrivés à 7 heures ce matin » explique Tony Trouf, président du comice de Vercel. Classées en trois sections, les vaches ont soigneusement été triées pour cette journée un peu particulière. « Aujourd’hui nous ne sommes pas en mode compétition et c’est différent de ce qu’on a l’habitude de vivre » reconnaît Tony qui a repris la tête du comice de Vercel à la suite de Franck Bichet en février dernier. Une ambiance qui n’est pas pour déplaire aux éleveurs. « C’est une formule tout à fait bon enfant et conviviale qui nous permet aussi de parler de notre prochain comice » souligne satisfait le jeune président.
Si les éleveurs sont détendus et laissent même la possibilité aux plus jeunes de mener les vaches sur le ring, ce n’est pas la même musique pour le candidat à l’agrément de juge. Tiré à quatre épingles, chaussures impeccablement cirées, le juge est jugé.
À l’isolement
Huit candidats sont en lice pour valider l’agrément de juge de concours de la race montbéliarde. Pas question d’assister aux prestations des autres concurrents. « Le choix d’isoler les candidats avant et après leur passage leur permet de rester concentrés et de respecter une égalité de traitement » souligne Cédric Fourcade, responsable technique à Montbéliarde association.
Les prétendants au titre de juge de la race ont tous choisi d’être là. Ils ont d’abord été sélectionnés par leur syndicat qui a soumis leur candidature au parlement de la race, Montbéliarde association. C’est donc leur choix d’être ici face aux juges.
On perçoit cependant un certain stress sur les visages. L’examen se décompose en deux temps. D’abord classer les animaux puis au micro justifier ses choix avec des arguments techniques et un vocabulaire qui permettra de capter l’auditoire. « Ce sont deux compétences très différentes que l’on exige des candidats à l’agrément. La plupart du temps, le classement ne pose pas de souci. La prise de parole est moins évidente. D’abord, il faut parler au micro, s’entendre peut déstabiliser… et puis il faut donner du rythme. On leur demande une double compétence » explique le responsable technique. Un agrément qui n’est pas acquis pour la vie.
Contrôle technique tous les 6 ans
« Cet après-midi, nous avons 9 juges agréés qui repassent l’agrément. Aujourd’hui, on peut gagner son agrément le matin et le perdre l’après-midi » annonce Cédric Fourcade qui maîtrise l’art oratoire à s’en faire chiper les formules. Un contrôle, organisé et vécu comme un examen, gage de qualité pour la race montbéliarde, avec l’assurance de garder en son sein des juges motivés, persévérants et consciencieux. Pour valider l’agrément ou le ré-agrément, le parlement de la race a désigné quatre experts. Des visages connus, des férus de la race avec une expérience qui frôle la sagesse. Documents et stylos en main, Florent Duclos, Philippe Gros, Mickaël Millet, éleveurs et Baptiste Mamet, technicien de la race, observent, prennent des notes et s’approchent du candidat lorsqu’il explique aux participants en catimini pourquoi ils ne font pas partie du trio de tête. Impassibles, les juges ne se prononceront pas aujourd’hui. Les candidats devront attendre une missive qui leur annoncera s’ils ont réussi ou pas leur prestation.
Séverine Vivot