Vendredi et samedi, les laboureurs du continent européen s’affrontaient pour élire le meilleur d’entre eux, dans des conditions plus ou moins compliquées… L’un des deux représentants français, Mickaël Delacroix (Gonsans) termine à une belle 7e place.
Si les Terres de Jim se sont transformées en fête de l’agriculture sous toutes ses formes à Mamirolle -Le Gratteris,, il ne faut pas oublier qu’il s’agit originellement d’un concours de labour. Vendredi et samedi, 20 concurrents d’une dizaine de pays européens se sont mesurés les uns aux autres. Le premier jour, sur un terrain de chaume et le second sur une parcelle d’herbe. Réunion de plusieurs pays au sein de notre département du Doubs, le concours et ses protocoles avaient des airs de cérémonies diplomatiques, ou de Jeux Olympiques. Tout était réglé, de l’heure d’arrivée dans les locaux de Terre Comtoise à Saône pour les préparatifs mécaniques, à la raie d’ouverture, en passant par le hissage des drapeaux. On plante des piquets qui servent de repère, on descend du tracteur à de nombreuses reprises pour effectuer des mesures, rien ne doit dépasser.
Si les spectateurs avouent qu’il y a « beaucoup de niveau quand on en arrive là », peut-être que le fossé qui sépare les irlandais du reste du continent reste trop conséquent. Sans trop de suspense, les deux laboureurs de République d’Irlande (Liam O’Driscoll et John Whelan) s’emparent des premières places, suivis du Suisse Marco Angst. Loin de faire pâle figure, nos français Mickaël Delacroix et François Robin terminent respectivement 7e et 12e.
Des supporters à la hauteur
L’adaptation, c’est la clé. Mickaël Delacroix le sait, il nous l’avait même confié avant l’évènement. Or, l’inattendu était aussi météorologique que géologique pour ce concours européen. « On s’est entraîné sur du sec, et le jour J la terre est humide » déclare son entraîneur, Albert Viret. « Maintenant, c’est de l’improvisation » confie-t-il pendant que son poulain effectue sa raie d’ouverture sur chaume. Parti avec un léger problème d’alignement, notre laboureur doubiste réussit à améliorer ses sillons, si bien que l’espoir persiste du côté de ses supporters.
En effet, l’agriculteur de Gonsans est venu entouré de sa famille et de ses amis, habillés aux couleurs de la France pour l’occasion. « C’est important de venir l’encourager, la dimension mentale joue beaucoup dans des compétitions internationales » explique son ami, Benoît Beaulieu, venu de Franois pour l’occasion. Encouragements, mais aussi applaudissements et klaxon sont de la partie, Mickaël Delacroix ne peut que se sentir soutenu. D’autant plus qu’il a un petit grigri à l’intérieur de son véhicule : « j’ai mis un dessin de mes enfants sur ma fenêtre, c’est pour rester calme et concentré. Je dois les rendre fier » admet-il. Sur le fameux dessin, un tracteur et une charrue dessinés avec précision, accompagnés d’un message, aussi court qu’efficace : « on t’aime très fort ».
À force de persévérance
Malgré tout, ces légers problèmes de précision le placeront en 12e position sur chaume. « Maintenant il ne reste plus qu’à faire mieux demain » avoue-t-il en descendant de son tracteur. Et mieux, il l’a fait, alors que les conditions étaient loin d’être favorables. « Quand on a tiré au sort les parcelles, j’avais déjà remarqué que la numéro 1 était pleine de cailloux, j’ai dit à Albert que j’allais encore bien la tirer avec ma chance, et c’est ce qu’il s’est passé ». On vous épargnera le discret juron qui a accompagné ce tirage, mais le laboureur de Gonsans est parvenu à gagner 5 places sur cette fameuse parcelle numéro 1. S’il était quelque peu dubitatif au sortir de son dernier sillon, il s’estime aujourd’hui « satisfait d’avoir su redresser la barre » « C’était plus une carrière qu’un terrain agricole » ironise Albert Viret, « mais au moins, il y avait des cailloux partout, donc c’était relativement homogène, comparé à d’autres laboureurs. Les juges ont dû tenir compte du terrain ». Heureux dans son malheur, Mickaël Delacroix peut savourer un casse-croûte bien mérité avec ses proches en terminant dans le haut du tableau.
Après l’effort, le réconfort
Avec tous ces kilomètres parcourus jusqu’à Mamirolle, il serait dommage de se quitter sans apprendre à se connaître. Pour ça, l’association France Labour et les Terres de Jim organisaient le samedi une soirée de gala, à laquelle tous les laboureurs étaient conviés, et les résultats étaient dévoilés. Autour de produits locaux pour faire rayonner notre gastronomie, les cottes et les T-shirts de sport ont laissé place aux tenues de soirée. Pour le laboureur néerlandais Ton Meuwissen, à 3 petits points derrière Mickaël Delacroix, « l’après-midi c’est la compétition, mais le soir on est tous amis, c’est comme une grande famille ». Si la barrière de la langue reste significative, les plus à l’aise en anglais ou en langue des signes improvisée servent d’entremetteurs, et tout le monde arrive peu ou prou à se comprendre. « Ici en France, les gens aiment partager, montrer des choses, ça fait plaisir quand on est un peu timide » poursuit Ton Meuwissen.
Comme l’ambiance est aussi au chauvinisme et aux plaisanteries, il ajoute « Le seul problème chez vous, c’est le sol. On m’a dit qu’il n’avait pas plu depuis longtemps avant la veille du concours, et il y avait beaucoup de pierres, c’est un des sols les plus difficiles que j’ai eu à travailler ». Pas d’amertume, les aléas sont aussi une part du charme de ces concours. Quoi qu’il en soit, après un peu de tourisme bien mérité, les laboureurs rentreront chez eux enrichis de rencontres et d’expériences.
T.V
Classement de la finale européene des labours
Champion d’Europe : Liam O’Driscoll (Irlande)
Vice Champion d’Europe : John Whelan (Irlande)
3e : Marco Angst (Suisse)
4e : Jesper Madsen (Danemark)
5e : James Coulter (Irlande du Nord)
6e : Adrian Jamison (Irlande du Nord)
7e : Mickael Delacroix (France)
8e : Ton Meuwissen (Pays-Bas)
9e : Peter Ulrich (Suisse)
10e : Thomas Sutton (Angleterre)
11e : Marcel Walterschen (Allemagne)
12e : François Robin (France)
13e : Frantisek Zaloudek (République Tchèque)
14e : Brecht Theuwissen (Belgique)
15e : Wouter Spoelders (Belgique)
16e : Alan Critchlow (Angleterre)
17e : Michal Kuziel (République Tchèque)
18e : Henri Schroijen (Pays-Bas)
19e : Anders Kjaergaa Anderse (Danemark)
20e : Jurgen Hendrik Wille (Allemagne)