Viticulture
Le microtracteur est un investissement raisonné

L’intérêt récent pour les microtracteurs dans les vignes se justifie dans les régions où la main-d’œuvre peu qualifiée ne manque pas.

Le microtracteur est un investissement raisonné
Simples, légers, maniables, les microtracteurs peuvent facilement être mis dans les mains des conducteurs novices. Crédit : Kubota

Dans un contexte d’exploitations viticoles de plus en plus grandes, la puissance moyenne des tracteurs des exploitations suit le même mouvement. Pourtant, certaines exploitations viticoles nagent à contre-courant et reviennent à des petits tracteurs simples, à l’instar des microtracteurs d’espaces verts. Concessionnaire à Arbois, dans le Jura, Jocelyn Aviet l’a bien compris. « Les tracteurs interlignes et les enjambeurs sont de plus en plus chers, constate-t-il. Et cet investissement n’est pas toujours facile à justifier. Bon nombre de nos clients ont fait le choix du microtracteur d’espace vert. Sur ces petits engins, pas de filtre à particules ni d’AdBlue. Un Solis de 26 ch équipé d’une boîte 2x3 vitesses se négocie à 10 000 euros HT, un Pasquali de 35 ch, à boîte 3x4 et inverseur synchronisé, à 24 000 euros HT. »

Des engins qui limitent les tassements du sol

Sur la région, la concession est obligée de réaliser des modifications pour rendre les microtracteurs plus étroits, ce qui gonfle sensiblement le tarif (moins de 15 000 euros pour un Solis de 26 ch). « Mais pour le prix d’un enjambeur, on achète trois, voire quatre microtracteurs. »

Dans les vignes plus larges, où les besoins de modifications sont moindres et les prix des tracteurs très compétitifs, cette comparaison peut également être réalisée face à des tracteurs interlignes. C’est le constat réalisé par Olivier Ouly, chef de produits pour la gamme compacts chez Kubota, qui a lancé en 2022 un modèle particulièrement adapté aux vignobles : le LX-351 DR développe 35 chevaux et dispose d’une transmission 12x12 (24 km/h maxi), ainsi que d’une pompe de 20 l/min alimentant deux distributeurs double effet et le relevage de 1,15 tonne. Simple, ce tracteur à arceau est très maniable et se décline en largeurs hors-tout de 1 à 1,36 m. D’un poids d’une tonne, cet engin affiché au tarif public de 26 000 euros HT peut être chaussé en monte de 320 mm de large, limitant les tassements du sol. « En viticulture (qui représente deux tiers des ventes de ce tracteur), il est vendu principalement dans le Sud-Est et le Bordelais, pour réaliser du travail du sol, de l’entretien interceps, de la tonte ou encore du semis de couvert », explique le chef produits.

Compacité et maniabilité sont au rendez-vous

Si le choix des microtracteurs implique davantage de personnel, la simplicité d’utilisation, la compacité et la maniabilité de ces tracteurs n’imposent pas du personnel qualifié. « Dans les domaines équipés de multiples microtracteurs, les outils y sont souvent à demeure, ajoute Jocelyn Aviet. On gagne ainsi beaucoup de temps sur les opérations d’attelage-dételage qu’il faut réaliser sur un plus gros tracteur. »

Les potentialités de ces microtracteurs sont loin d’être ridicules. « À trois microtracteurs, on va traiter plus dans une journée qu’un gros tracteur pour le même tarif d’achat », poursuit-il. Pour le concessionnaire, tous les travaux de la vigne peuvent être réalisés par ces petits engins. « Même une rogneuse sur mât, avec déport et dévers, peut être montée sur un microtracteur de 35 ch, en choisissant un modèle adapté et en remplaçant la pompe hydraulique d’origine (20 l/min) par deux de 25 l/min, l’une pour les lames, l’autre pour le positionnement des lamiers. »

Enfin l’utilisation de ces microtracteurs présente des avantages agronomiques : ils sont beaucoup moins lourds et donc moins générateurs de tassements, mais aussi économiques. « On optimise en permanence l’utilisation de la puissance de ces microtracteurs, alors qu’un tracteur de 110 ch sera largement sous-exploité, en plus de tasser inutilement le sol, lorsqu’il passe des interceps. »