MSA de franche Comté
« L’innovation, ça se cultive ! »

La prévention des maladies et accidents, la réduction des risques, l’amélioration de la santé des affiliés et de leurs conditions de travail font partie des missions de la MSA. L’innovation est l’une des pistes pour y répondre. C’est pourquoi une table ronde sur le sujet était organisée lors de l’assemblée générale de la MSA de Franche-Comté, ce mardi 14 novembre à Champagnole.

« L’innovation, ça se cultive ! »
Plusieurs modèles d’exosquelettes ont été présentés à l’assistance

Parmi les partenaires de la MSA, AgrOnov est un pôle d’innovation qui identifie les besoins des agriculteurs et, grâce à son réseau, stimule l’innovation pour apporter des solutions concrètes. « Pour innover, il faut en premier lieu intégrer les clients et les utilisateurs dans la réflexion tout au long du processus, pour répondre au mieux à leurs besoins, » explique Liselore Martin, directrice de ce pôle basé à Bretenière (21). « C’est quelque chose qui est permis notamment par notre partenariat avec la MSA, avec l’implication forte des délégués ».

La première étape de toute innovation est l’information. Il faut capter, comprendre un besoin pour pouvoir y répondre. Avec la MSA de Franche-Comté, AgrOnov a défini comme thématique de veille les nouvelles technologies, ou les produits déjà matures, permettant d’améliorer la prévention des risques et de réduire la « surcharge administrative ».

Ouvrir le champ des possibles

« Il faut ensuite réfléchir aux différentes solutions possibles en ouvrant le champ des possibles car la première idée n’est pas forcément la meilleure, » poursuit Liselore Martin. « Nous mettons alors en place des groupes de travail réunissant des conseillers prévention de la MSA, des enseignants-chercheurs, des entreprises pour réfléchir collectivement et confronter les visions. L’innovation, ça se cultive ».

Arrive ensuite la recherche de financements et de partenaires pour la conception d’un prototype. Il est rare qu’un prototype donne entière satisfaction dès le départ, il y a des phases de tests et d’amélioration avant sa validation et sa mise sur le marché. « La MSA est capable, durant tout ce processus d’innovation, de mobiliser son réseau pour s’entourer des bons partenaires, » précise la directrice d’AgrOnov qui travaille régulièrement avec la mutualité sociale agricole. « Innover c'est aussi accepter qu'on ne sache pas tout faire tout seul, d'où l'importance de travailler avec des partenaires. Grâce à la collaboration entre la MSA et AgrOnov, nous avons amélioré notre capacité à innover ».

Lorsqu’on parle innovation, on pense souvent avancées technologiques. Mais l’innovation ne concerne pas seulement de nouveaux produits, elle peut aussi déboucher sur la création de services, la mise en place d’une organisation inédite, de procédés disruptifs ou d’un modèle économique novateur.

S.C.

: Pour introduire cette table ronde sur l’innovation, les élèves du lycée Lasalle de Levier ont joué une piécette sur les évolutions téléphoniques dans les fermes pour alerter le vétérinaire : de l’après-guerre où il fallait appeler une opératrice et demander, par exemple, le 15 à l'Abergement Sainte-Marie pour le 4 à Montrond, jusqu’au smartphone d'aujourd'hui et leurs innombrables applications.

Quelques exemples d’innovations

Quatre innovations récentes, fruits du partenariat entre la MSA FC et AgrOnov, ont été présentées aux délégués lors de l’assemblée générale.

Moins de stress avec l’Appli SR

Faire appel au service de remplacement est toujours source de stress, tant pour l’éleveur qui laisse son exploitation aux mains d’une tierce personne que pour le salarié qui intervient dans une ferme qu’il ne connaît pas, avec du matériel et des procédures qui lui sont inconnus.

Pour y pallier, le service de remplacement de BFC et les MSA de la grande région ont travaillé conjointement au développement d’une application pour smartphone répertoriant la liste des tâches, la localisation des parcelles et des troupeaux, le fonctionnement des machines, mais aussi les informations utiles à la sécurité (emplacements des extincteurs, des disjoncteurs, des vannes d’arrivée d’eau, etc.), le tout illustré de photos ou de vidéos. Cette appli s’inscrit parfaitement dans la mission prévention des risques de la MSA.

Preuve de son intérêt, une rencontre est prochainement prévue pour la présenter au directeur et au responsable informatique du Service de remplacement France.

Des exosquelettes pensés pour une tâche unique 

Des conseillers en prévention MSA sont ensuite montés sur l’estrade équipés de plusieurs modèles d’exosquelettes, certains permettant de travailler les bras levés, d’autres de soulager le dos…

Sylvia Mercier, déléguée MSA en a testé un conçu pour la posture de la traite. « Ça soulage bien, mais uniquement pour les gestes de la traite, » témoigne-t-elle. « Celui qui trait ne peut rien faire d’autre, cela demande donc une nouvelle organisation du travail. Et à chaque changement d’utilisateur, il y a quinze minutes de réglage. Comme nous sommes deux associés, il nous faudrait donc deux exosquelettes. Un résultat somme toute mitigé ».

Une canne à planter sans se baisser

Pour améliorer les conditions de travail des opérateurs sylvicole, la MSA de Franche-Comté et la coopérative forestière Forêt & Bois de l'Est ont travaillé avec l'université de Belfort-Montbéliard et le fabricant de cannes La Landaise. De cette collaboration initiée en 2019 est née la canne à planter, un outil permettant la mise en terre de jeunes plants en motte bien plus facilement qu’avec une pelle et une pioche.

« Le travail est beaucoup moins pénible qu’avant, » explique Anne-Charlotte Renaud, conseillère en prévention MSA qui a suivi le projet. « Les forestiers qui l’utilisent ne sont plus obligés de se baisser sans cesse. Ils sont musculairement moins fatigués à la fin de leur journée et souffrent moins de mal de dos ».

Sherpa, la hotte qui facilite les vendanges

Initialement développée par l'entreprise jurassienne MDP Team, la hotte Sherpa a été pensée pour améliorer le confort des porteurs de raisins pendant les vendanges. Conçue comme un sac à dos, son but est de soulager les épaules en portant plus de poids sur les hanches.

Entreprise d'injection plastique, MDP Team ne connaissait pas le monde agricole. Elle a donc rejoint AgrOnov qui a assuré le suivi du projet. « Un des enjeux est que les entreprises et le monde agricole se comprennent et utilisent le même vocabulaire, » explique la directrice Liselore Martin. « AgrOnov fait le lien entre les deux univers ». L’entreprise a ensuite rencontré la MSA pour faire tester son matériel et a pris en compte les différentes remarques pour faire évoluer son produit.

Innovations et féminisation de l’agriculture

Dernière intervenante de cette table ronde, Justine Grangeot, présidente des JA de Haute-Saône, a rappelé que dans son département, 52 % des installations concernaient des femmes en 2022. Une féminisation de l’agriculture qu’elle attribue aux droits aux congés maternité mais aussi aux différentes innovations qui facilitent le métier. « Lorsque des femmes s’installent en agriculture, elles mettent assez rapidement en place des robots sur leurs fermes pour dégager du temps, » constate-t-elle. « La MSA et ses partenaires doivent être attentifs à la féminisation du métier car c'est un des défis de demain. Mais le nombre d’agriculteurs diminue chaque année, on a donc besoin des innovations pour compenser ».

La présidente de jeunes agriculteurs 70 regrette néanmoins que le reste à charge pour les agriculteurs, sur la plupart de ces innovations, est souvent conséquent. « Or, il est important de gagner du temps, ne serait-ce que pour éviter l'aggravation des pathologies que ces innovations soulagent ».

S.C.

AgrOnov, késaco ?

AgrOnov est un pôle d’innovation en agroécologie qui regroupe 130 adhérents et emploie 8 salariés. Il accompagne les structures dans leurs projets d’innovation pour l’agriculture durable, sur les filières viticulture, grandes cultures et élevage. Il intervient aussi de plus en plus sur les nouveaux enjeux pour l’agriculture comme l’adaptation au changement climatique ou les agro-énergies.

Sa principale mission est d’accélérer les transitions agricoles en créant du lien entre les entreprises capables d’innover et les OPA. Il propose au monde agricole de tester les innovations pour les adapter à leurs besoins et, dans l’autre sens, de faire remonter vers les entreprises les demandes des agriculteurs.

Liselore Martin, directrice d’Agronov, a expliqué le cheminement pour toute innovation, de la compréhension du besoin à la mise sur le marché