Session JA
« Affirmer et défendre nos positions » pour l'agriculture de montagne
Une cinquantaine de jeunes agriculteurs ont participé à la session nationale montagne de leur syndicat. Le point avec Bastien Chappet, co-responsable national.
Venus de tous les massifs français (Alpes, Pyrénées, Massif central, Vosges, Jura), une cinquantaine de jeunes agriculteurs a rejoint, du 5 au 7 novembre, le monastère de Sainte-Croix dans la Drôme, pour participer à la session nationale montagne organisée par leur syndicat JA. « La session a été très riche en débat, estime Bastien Chappet, co-responsable national du dossier montagne, éleveur de génisses et de poules pondeuses en Haute-Savoie, à 900 m d’altitude dans le massif du Semnoz. Les idées sont là, il nous faut maintenant affirmer et défendre nos positions. »
« Des bovins non protégeables des loups »
Parmi les sujets débattus, celui de la prédation a été abordé dans son ensemble : loup, ours, vautour, lynx. Plus spécifiquement, « nous constatons que les bovins sont non protégeables du loup lorsqu’ils sont en alpage car ce n’est pas possible de rentrer les animaux chaque soir et d’assurer une surveillance permanente. Nous n’avons ni le temps ni les infrastructures pour cela », souligne Bastien Chappet. Quant aux vautours, « nous estimons qu’il faut diviser leur nombre au moins par deux et arrêter de subventionner leur reproduction (placettes) », poursuit-il. S’agissant de la révision du statut de protection du loup au regard de la directive Habitat et de la convention de Berne (passer d’animal « strictement protégé » à « protégé »), « nous attendons de voir ce qui va se passer au sein de l’Union européenne en fin d’année afin d’orienter nos positions syndicales », indique-t-il.
Plafonner les aides Pac
Les participants à la session montagne ont également évoqué la prochaine politique agricole commune (Pac), effective après 2027. « Ce qui est ressorti de notre session, c’est que nous sommes pour un plafonnement des aides, explique Bastien Chappet. Mais nous n’avons pas défini si cela doit se faire en fonction d’un chiffre d’affaires ou par un montant fixe… Ce qui est certain, c’est que nous ne voulons plus de la dégressivité actuelle des aides car cela encourage l’agrandissement des exploitations au détriment des installations. Ce serait plus judicieux d’avoir des droits à paiement de base (DPB) à l’actif et non plus à l’hectare. Ce sont des idées qui sont ressorties plusieurs fois et que nous devons affiner désormais », ajoute-t-il.
Maintenir les outils des filières
Autre point abordé lors de cette session nationale montagne de JA, les infrastructures au service des filières. Olivier Rey, président de la coopérative Jaillance (Die), ainsi qu’un responsable de l’Association d’économie montagnarde (Adem) de la Drôme sont venus témoigner lors d’un débat consacré à la coopération et au mutualisme en zone de montagne. Les participants à la session ont aussi longuement évoqué les fermetures de petits abattoirs et les conséquences que cela entraîne pour les éleveurs (distances à parcourir plus longues pour rechercher d’autres abattoirs) et le bien-être des animaux. « Nous considérons qu’il n’est pas nécessaire de recréer des abattoirs et des coopératives mais qu’il est préférable d’aider les outils existants à améliorer leur fonctionnement et leur rentabilité avec des budgets dédiés, rapporte Bastien Chappet. Cela pourrait se faire par des financements qui arriveraient chez les agriculteurs, lesquels seraient tenus de les réinvestir vers les abattoirs, un boucher… »
Les difficultés à s’engager pour piloter des outils comme les coopératives lorsqu’on est un jeune agriculteur ont également été évoquées lors cette session. De même que la nécessité de se différencier. « Aujourd’hui, pour se démarquer avec nos zones de montagne, il faut que l’on soit très très bons dans la qualité de nos produits, que l’on maintienne nos appellations car c’est cela qui fait notre rémunération par rapport à des territoires où il est plus facile de produire », rapporte Bastien Chappet.
Indemnité compensatoire de l’impact climatique
L’adaptation au changement climatique et les conséquences sur les cahiers des charges des appellations sont deux autres points débattus lors de la session nationale montagne de JA. Un membre de l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO) est intervenu ainsi qu’un conseiller d’Ardèche Drôme Isère Conseil élevage (Adice). Le témoignage d’un jeune agriculteur de l’Ariège a bouleversé la session. « Avec la prédation et avec des stations d’hiver sans neige qui impactent l’économie globale, ce jeune agriculteur ne voit plus le bout du tunnel, rapporte Bastien Chappet. En session montagne 2023, puis dans le rapport d’orientation de JA national, il a été proposé la mise en place d’une indemnité compensatoire de l’impact climatique (ICIC). « L’objectif serait d’accompagner les fermes dans de nouvelles pratiques et cultures pour s’adapter au changement climatique, explique-t-il. Cette indemnité serait versée juste le temps nécessaire pour permettre à l’exploitant de stabiliser son nouveau système d’exploitation. »
Les idées émises au cours de cette session nationale montagne organisée dans la Drôme vont désormais infuser. « Nous devons maintenant passer aux propositions concrètes au sein du réseau JA dans son ensemble, prévient Bastien Chappet. Ce sera le travail de cet hiver. »