Politique
Rencontre avec les sénateurs Jurassiens

Le 24 septembre, Clément Pernot et Sylvie Vermeillet ont été élus Sénateurs du Jura par les 998 grands électeurs du département. Le Jura agricole et rural les a interrogés pour savoir comment tous deux continueront à suivre et à porter les dossiers jurassiens, notamment agricole.

Rencontre avec les sénateurs Jurassiens
Quatre questions à Clément Pernot, sénateur du Jura

Quatre questions à Clément Pernot, sénateur du Jura

Jura Agricole et rural : Vous avez été élu il y a maintenant 3 semaines. Comment se sont passées vos premières journées au Sénat ?

Mes premières journées au Sénat sont des moments d’émerveillement. Découvrir ce palais chargé de l’histoire de la République Française est un temps privilégié dont j’essaye de profiter pleinement. Mais c’est aussi une période de grande humilité. L’apprentissage de la fonction est un passage obligé pour œuvrer demain avec pleine efficacité et je m’emploie à cela avec une forte implication afin d’être digne de tous mes prédécesseurs Sénateurs.

JAR : Vous faites désormais partie de la Commission aménagement du territoire. On vous a entendu dernièrement critiquer la Loi climat et résilience et en particulier la question du zéro Artificialisation nette. Comment comptez-vous porter ce sujet qui semble aujourd'hui préoccuper bon nombre d'élus dans les territoires ruraux ? 

Sans foncier il n’est pas possible d’envisager le développement d’un territoire. Jusqu’alors nous l’avons fait en respectant les équilibres entre les différentes parties pouvant être considérées en opposition : la population en demande d’habitat, l’industrie, l’artisanat et l’agriculture. 
L’intelligence collective locale a su trouver les chemins permettant à chacun de satisfaire son besoin sans les contraintes de la loi, trop générales pour être adaptées aux problématiques rurales. 
Si cette loi de limitation de l’artificialisation des terres partait de bonnes intentions, il n’en demeure pas moins que sa complexité, ses effets collatéraux, la part belle faite aux mauvais élèves du milieu urbain, inquiètent effectivement et à juste raison les élus ruraux. 
Pour corriger cela il faut une forte mobilisation des Maires, des Présidents de Communautés de Communes, qui doivent soulever dès à présent les incohérences de ce texte auprès de leurs associations représentatives (associations des Maires de France, des Maires ruraux, des Communautés de France, des Départements de France) avec qui nous travaillerons pour engager de nouveaux débats parlementaires. La loi se fait, mais elle se défait aussi.

JAR : Vous avez fait campagne en vous faisant le porte-parole de la ruralité. Quelle méthode comptez-vous adopter pour jouer ce rôle de porte-parole en étant à la fois connecté aux préoccupations des jurassiens et présent à Paris pour faire avancer les dossiers.

Oui je serai au Sénat un porte-parole de la Ruralité. On ne peut être Jurassien et se soustraire à cette mission. Dans un pays où « l’hyper-concentration » semble la règle il nous faut faire comprendre que la respiration villageoise a toute sa place et est une chance pour une France unie, riche de sa diversité. 
Il nous faut redonner un souffle frais au process de décentralisation, une autonomie de décision aux élus locaux concernant l’aménagement de leur territoire, nul mieux qu’eux ne savent ce qui est bon pour leur population.  Avec le groupe LR, je sais pouvoir porter à la Haute-assemblée ces revendications. De plus avec ma collègue Sylvie Vermeillet, accédant à la vice-présidente du Sénat, c’est un phare pour les territoires sans ville qui s’est allumé.

JAR : L'agriculture et l'agro-alimentaire ont une place particulière dans l'économie jurassienne. L'élu que vous êtes a toujours démontré son attachement à ce secteur d'activité. Désormais Sénateur, comment envisagez-vous d'accompagner le monde agricole ?

Notre agriculture d’excellence et notre industrie agroalimentaire très performante sont certes des fiertés Jurassiennes mais surtout vectrices de fortes valeurs ajoutées. Nos agriculteurs sont donc une source de richesse importante pour le Jura, pour la France. À ce titre ils doivent bénéficier de tout notre respect et nous devons nous mobiliser de nos campagnes jusqu’à Paris pour lutter contre l’agribashing. 
Au niveau du Jura, le plan collectif conçu en relation  avec la chambre d’agriculture, les aides multiples aux associations, le soutien aux JA… attestent de la volonté de la majorité départementale d’accompagner notre génie agricole. Parce que mes gènes de paysan sont actifs, chaque femme et chaque homme de la Terre pourra compter sur moi dans mon action au Département, dans ma fonction sénatoriale.

Quatre questions à Sylvie Vermeillet, sénatrice

Quatre questions à Sylvie Vermeillet, sénatrice

Jura agricole et rural : Second mandat et désormais vice-Présidente du Sénat : comment recevez cette élection ?

J’ai présidé ma première séance le 12 octobre. J’ai alors traversé les rangs de la garde Républicaine avec, dans mon cœur, les maires du Jura, celles et ceux qui m’ont toujours soutenue malgré les vents contraires. Ma vice-présidence c’est la leur, car elle concrétise la confiance qu’ils m’ont apporté et le travail accompli avec eux lors du précèdent mandat. Ces nouvelles responsabilités vont me permettre de peser davantage pour le Jura.

JAR : Vous avez déjà effectué un mandat de 6 ans au Sénat. Qu’est-ce que cette élection au sein du Bureau de la Haute Assemblée va changer dans votre activité parlementaire ? 

Le principal changement visible réside dans le fait de présider les séances du Sénat quand le Président Gérard Larcher est empêché. Chaque vice-président du Sénat se voit aussi confier, par le Président, une délégation dans un domaine afin de l'assister et le conseiller. Depuis mercredi, je suis en charge du travail parlementaire, du suivi des travaux de législation et de la prévention des conflits d’intérêts. Je continue à siéger à la commission des finances et à exercer mon droit d'amendement parlementaire sur tous les textes qui sont examinés par notre assemblée, pour défendre les intérêts du Jura et des collectivités.

JAR : Vous avez été présidente de l’association des Maires du Jura : parmi les dossiers qui vous sont chers, la question de la retraite des élus fait partie de vos sujets de prédilection et notamment de la retraite des élus agriculteurs. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ? 

En permettant aux agriculteurs retraités, qui SONT maires, de bénéficier du mécanisme de revalorisation des retraites agricoles (à 85% du SMIC), la loi « pouvoir d’achat » du 16 août 2022 a corrigé une situation injuste. Une difficulté perdure pour les anciens agriculteurs qui ONT ÉTÉ maires. Ils sont considérés comme « polypensionnés » et avec l'instauration d'un mécanisme d'écrêtement et l'intégration de leur retraite d'élu dans le calcul du plafond, ils subissent une diminution du complément de revalorisation des pensions de retraites agricoles. C'est injuste car cela ne reconnait pas l’engagement citoyen de ces élus. Qui a souvent été fait au détriment du fonctionnement de leur exploitation. Certes ce sont des polypensionnés, comme il en existe d'autres ayant exercé plusieurs métiers et qui eux aussi sont écrêtés, sauf qu’être (ou avoir été) maire n'est pas un métier. Je suis en lien avec le cabinet du Ministre du Travail sur le sujet et déposerai un amendement au Projet de loi de Financement de la Sécurité Sociale pour 2024, proposant que ces élus retraités puissent enfin bénéficier de cette revalorisation de retraite agricole.

JAR : Durant le dernier mandat, vous avez porté différents sujets agricoles. Comment envisagez-vous ce nouveau mandat et comment les organisations agricoles pourront vous solliciter pour porter les dossiers jurassiens ?

Je suis toujours disponible pour les organisations agricoles et la chambre d’agriculture. Ce nouveau mandat sera dans la continuité du précédent, avec un certain nombre de sujets sur lesquels nous n’avons pas encore apporté de solutions. En tant que Présidente du Comité de Massif du Jura par ailleurs, je pense évidemment à la problématique du loup. Mais également à celui, central, de la gestion de l’eau et de la pérennité des activités agricoles qui y sont étroitement liées. Je sensibilise aussi actuellement les ministères concernés sur la situation économique intenable que connaissent les agriculteurs jurassiens qui produisent de l'électricité issue du biogaz par méthanisation. Ils sont pris en étau entre l’inflation galopante de leurs coûts de production et la non revalorisation du tarif de rachat de l’électricité qu’ils produisent.