Assemblée générale Eva Jura
« Nous voulons répondre à toutes les demandes des éleveurs jurassiens »
L’Assemblée Générale d’Eva Jura a permis de dresser le bilan de l’année écoulée et de dévoiler les projets pour l’avenir. Parmi les sujets abordés : une étude sur l’impact de la FCO sur les vaches laitières, le lancement du projet "Made in Eva" visant à personnaliser les services aux éleveurs, et des investissements pour moderniser la taurellerie et le laboratoire. L’accent a également été mis sur les partenariats, avec des dispositifs comme Agrilean, le projet Microlait et les formations ADFPA. Sept nouveaux taureaux ont aussi été présentés aux éleveurs.
Mardi 17 décembre, Eva Jura a tenu dans la salle de l’Oppidum à Champagnole son assemblée générale, marquant un moment clé dans la vie de la coopérative. Ce rendez-vous annuel a permis de faire le bilan de l’année écoulée et de dévoiler les orientations stratégiques pour les années à venir.
Le premier point abordé concernait une étude réalisée en collaboration avec le GDS sur l’impact de la FCO (fièvre catarrhale ovine) sur la productivité des vaches. En octobre, les premières analyses ont relevé une baisse moyenne de seulement 0,5 kg de lait par vache. Cependant, Vinciane Vanier, responsable du Contrôle de performance, reste prudente : « Nous avons croisé ces données avec celles des cheptels infectés, mais rien de concluant ne ressort statistiquement. Nous allons poursuivre ce travail cet hiver car ces conclusions nous ont surprises : nous avons pas mal de retours de vaches qui chutaient. Une étude sur un élevage touché deux fois par la FCO a montré une forte variabilité et des chutes après chaque épisode FCO. Mais l’an passé, il y avait aussi une chute en novembre. Nous allons donc poursuivre ce travail cet hiver afin de mieux connaître l’impact de cette maladie sur un plus long terme ». Une seconde étude, portant sur la fertilité des vaches après avoir été infectées par la FCO, va aussi être lancée.
Projet « Made in Eva »
Honorine Adam, éleveuse à Prénovel et membre du conseil d’administration d’Eva Jura a ensuite présenté le projet « Made in Eva » qui vise à offrir aux éleveurs des prestations personnalisées. « Notre objectif est de préparer l'avenir. Nous voulons répondre à toutes les demandes des éleveurs jurassiens, de la plus petite aux projets les plus ambitieux, et les accompagner. La première piste serait de dissocier en deux pôles le contrôle de performance et le conseil technique. Pour ceux qui sont aujourd’hui satisfaits, cela ne changera rien mais ceux qui souhaitent plus de l’un ou de l’autre, pourront choisir un forfait à la carte. Cela permettra plus de proximité entre les équipes Eva Jura et les éleveurs ».
« Pas question de mollir, il faut de la dynamique de travail et de réflexion, il faut être à la hauteur des enjeux de demain dans les élevages, nous avons les armes nécessaires par la qualité de l'ensemble des collaborateurs et des moyens techniques à disposition de chacun », a ajouté le président de la coopérative Jean-François Saillard.
Jean François Saillard a également annoncé la prochaine réfection du laboratoire et de ces équipements pour traiter et congeler la semence des taureaux : « Le matériel choisi est ultramoderne et permettra de prendre un coup d'avance. Notre volonté est de nous doter d'un outil qui puisse répondre à nos ambitions de demain, le marché des semences n'est pas saturé, notamment à l'international et nous laisse présager de belles années devant nous ». Eva Jura a récemment signé avec un nouveau client, le Ghana, pour lequel les animaux seront envoyés par avion. Le directeur David Petit a aussi évoqué la modernisation à venir de la taurellerie.
Point sur la qualité des fourrages
François Dubief, expert alimentation a présenté une synthèse fourragère : « Cette année les fourrages ont beaucoup de cellulose brute et une valeur énergétique basse. Sur une ration foin-regain on perd environ 1,7 kilo de lait. La transition alimentaire est assez longue pour que les vaches s'adaptent à ces fourrages un peu particuliers ». Quant aux ensilages maïs, sans être catastrophique, leur valeur n’est pas excellente. Ils sont plutôt riches en amidon, mais avec une grosse hétérogénéité en fonction de la date d’implantation. La problématique sera de faire fonctionner les rhumes des vaches pour digérer la cellulose et la valoriser en énergie. « Il faut donc utiliser des formes d’azotes les plus solubles possibles pour doper la flore du rumen. Nous vous préconisons d’incorporer plutôt de l’orge, voir du blé, complété par du colza, du soja ou de la féverole. Couvrir les besoins en énergie des vaches va être compliqué cette année ».
Un point a ensuite été apporté sur les sept nouveaux taureaux proposés par Eva Jura qui rejoignent le catalogue. Tcool JB reste numéro un de la race Montbéliarde et est très demandé. Mais David Petit a tenu à rassurer les éleveurs locaux sur la disponibilité des paillettes : « Nous continuerons à privilégier les éleveurs jurassiens avant les autres ».
S.C.
La parole aux partenaires
Lors de son assemblée générale, Eva Jura a choisi de mettre en lumière ses partenaires pour valoriser les initiatives communes. Entre le diagnostic Agrilean mises en place avec Cerfrance et la chambre d’Agriculture, les formations financées ADFPA par Vivéa et le projet innovant Microlait porté par le CTFC, la coopérative démontre son engagement à accompagner les éleveurs jurassiens dans une agriculture compétitive.
Cerfrance Alliance Comtoise et la chambre d’Agriculture du Jura ont présenté Agrilean, une prestation sur laquelle interviennent les trois organismes pour aider les exploitations à optimiser leur EBE ou repenser leur organisation. Ce diagnostic rapide et complet, basé sur toutes les données de l'exploitation, permet d'identifier instantanément les points clés de la rentabilité et les stratégies gagnantes. Elle utilise tous les leviers disponibles pour dégager des marges de manœuvre.
Les conseillers de Cerfrance, de la chambre d'agriculture et d'Eva Jura se réunissent pour faire un constat de la situation actuelle, chacun apportant un angle de vue différent sur son domaine d'expertise. Une fois les points forts et faibles, les opportunités et les contraintes déterminés, un plan d'action est établi.
« L'autonomie est très souvent la clé du succès, explique Aurore charpiot de la chambre d'Agriculture. Elle permet de retrouver une adéquation entre les ressources fourragères, le nombre d'animaux et la taille des bâtiments. Plusieurs actions permettent d'augmenter la productivité sans augmenter les charges ». Depuis 2017, 113 audits Agrilean ont été réalisés, en production laitière principalement, avec une médiane de gains se situant entre 20 et 30% d’EBE supplémentaires.
Des formations sur mesure pour les éleveurs jurassiens
Isabelle Couet, de l’ADFPA, a ensuite présenté l’organisme départemental de formation agricole. En 2023, l’ADFPA a organisé 76 formations de tous types (Perfectionnement à l'agriculture, installation, certiphyto) qui ont réuni 753 stagiaires. Plusieurs d'entre elles sont organisés en partenariat avec Eva Jura : qualité du lait (2 jours), connaître la filière comté (3j), améliorer la performance de son élevage (3j), et, nouveauté cette année, un parcours modulaire de 5 jours sur l'élevage des génisses laitières qui sera à nouveau proposé durant le mois de janvier.
Ces différentes formations sont prises en charge par Vivéa, un fonds dédié aux chefs d’exploitation agricole auxquels ils cotisent à travers la MSA. Chaque année, les exploitants disposent d’un crédit individuel de 3000 €, équivalant à environ 10 à 15 jours de formation. En complément, des crédits d’impôt spécifiques et des tarifs préférentiels du service de remplacement peuvent être mobilisés.
L’assemblée générale a également mis en avant le travail du CTFC (Centre Technique des Fromages Comtois). Son directeur Jérôme Chandler est venu présenter le projet Microlait qui devrait démarrer l’an prochain et durer 4 ans et vise une analyse microbiologique du lait, afin de garantir une matière première conforme aux exigences des filières fromagères. « L’objectif est d'aller chercher une plus grande qualité gustative dans les comtés en comprenant entre autres pourquoi tel goût se retrouve dans telle fruitière, » explique Mathias Bouillet, président de la FRCL.
S.C.