Au 1er janvier 2024, les écoles d’industrie laitière de Mamirolle et Poligny ont fusionné. Elles ont donné naissance à Enilea, école nationale de l’innovation, des laboratoires, de l’eau et de l’alimentation. Jean-Baptiste Cattin, vice-président de la Fédération régionale des coopératives laitières (FRCL) du massif jurassien a été élu président.
La gestation aura duré cinq ans. Le bébé est officiellement né le 1er janvier 2024. Les parents, Enil de Mamirolle et Enil de Poligny, sont âgés respectivement de 135 et 134 ans. La nouvelle née remplacera désormais ses parents. Pour guider l’ensemble des apprenants vers la réussite, un conseil d’administration d’une trentaine de personnes se réunira quatre fois par an. Le conseil d’administration (CA) est composé de trois collèges.
Le premier comprend des membres des personnels de l’établissement, des apprenants et les parents de ces derniers. Le second collège est une représentation des institutions (Conseil régional, préfecture, ministère…). Enfin le troisième collège dont est issu Jean-Baptiste Cattin, éleveur à Chapelle-d’Huin, est celui des organisations professionnelles.
Plusieurs étapes ont constitué le processus de fusion des deux Enil. De façon symbolique, les CA des écoles de Mamirolle et Poligny s’étaient réunis à Poligny le 21 mars 2023 à la Maison du Comté pour signer l’approbation de la fusion au 1er janvier 2024. Mais c’est dès 2018 que le long travail institutionnel s’est fait. Le siège de l’école est fixé à Poligny. Le nouveau CA avec des représentants des deux écoles a procédé à l’élection du président mardi 9 janvier entérinant ainsi la nouvelle entité.
Dotée d’un budget de 12 millions d’€, l’Enilea compte 550 apprenants en formation initiale sur les deux sites et 900 personnes de passage en formation continue allant de quelques jours à quelques mois. Pour accompagner le bon fonctionnement de l’école, une centaine d’enseignants et autant de personnels administratifs composent les équipes.
« Depuis 30 ans, les deux établissements du Doubs et du Jura travaillent ensemble. Des questions liées à l’équilibre des territoires, au lieu du siège de l’école ou encore à son nom constituaient une équation à résoudre pour finaliser le rapprochement » résume Samuel Bitsch, directeur d’Enilea. Les difficultés de recrutement des entreprises et l’évolution des métiers auront permis la fusion.
Mutualiser les moyens sans les réduire
L’actuel directeur affirme qu’une mutualisation des moyens ne signifie pas une réduction de ceux-ci. « Au contraire, l’étoffement des formations nécessitera sans doute de nouvelles compétences ». La fraîche entité compte bien jouer en faveur et avec les entreprises notamment grâce à une représentation plus forte des organisations professionnelles dans son conseil d’administration.
De son côté, Jean-Baptiste Cattin, président de la nouvelle Enilea, espère de la fusion une façon plus pertinente de répondre aux attentes des acteurs de la filière mais aussi un investissement pour l’avenir. « Nos ateliers de transformation ont des besoins en main-d’œuvre qualifiés avec de multiples compétences. Les Enil, désormais Enilea, sont un vivier essentiel au renouvellement des générations et à la formation de profils que nous attendons désormais y compris en fruitières » insiste celui qui est aussi vice-président de laFédération régionale des coopératives (FRCL) du massif jurassien.
Depuis plusieurs années, la Fédération des coopératives s’est emparée de l’épineuse question de la qualité de l’eau. Investir très en amont de la filière, à l’endroit même où l’on forme les futurs acteurs des ateliers est sans doute une stratégie sur laquelle la FRCL par le biais de l’éleveur de Chapelle-d’Huin a décidé de s’engager.
Séverine Vivot