ESAT Les Glycines à Cramans
Circuits courts : un nouvel abattoir adapté au handicap
L’ESAT Les Glycines à Cramans a inauguré son nouvel abattoir de volailles qui vise à offrir aux travailleurs handicapés un environnement de travail adapté et respectueux des normes. Conçu pour minimiser l’impact environnemental et renforcer les circuits courts, cet abattoir est également mis à disposition des éleveurs locaux.
Le jeudi 10 octobre 2024, l’ESAT Les Glycines, situé à Cramans, a inauguré son nouvel abattoir de volailles, opérationnel depuis début octobre. D’une superficie de 200 m2, il remplace l’ancien bâtiment datant des années 1980 et permet aux ouvriers en situation de handicap de disposer d’un espace de travail adapté et entièrement aux normes.
Le coût total de cette installation s'élève à un million d’euros, financé à 71 % grâce à des subventions du FNADT, de la région Bourgogne-Franche-Comté, de la communauté de communes du Val d’Amour, de la Draaf, de France relance et de l’ARS. « Nous avons dû dépasser de nombreux obstacles financiers et techniques : la crise sanitaire du Covid, l’inflation de l’énergie et des coûts de construction, » explique Alain Murcier, président de l’association Juralliance qui gère, entre-autres, l’Esat des Glycines. « Des panneaux photovoltaïques sur le toit fournissent jusqu’à 15% de l’électricité consommée sur le site. Le bâtiment est aussi équipé pour la récupération de chaleurs et celle des eaux usées ».
« Ce nouveau bâtiment est adapté aux travailleurs de l’ESAT. Tout y a été pensé pour diminuer la pénibilité de leurs tâches, » souligne Alain Murcier.
Des salariés à part entière
Justine Gruet, députée du Jura, a salué cet effort d'inclusion : « Les salariés et les travailleurs sont au cœur de cette inauguration. Ils ont des compétences et un métier à part entière, il faut juste que le lieu s’adapte à leur handicap. Ce nouveau bâtiment leur permet de bénéficier d'outils modernisés respectant toutes les normes et règles de sécurité. »
L’ESAT Les Glycines à Cramans emploie actuellement 57 travailleurs handicapés, réalisant des activités avicoles, horticoles, entretien des espaces verts et vente des productions issues de ces activités. L’ESAT offre la possibilité aux personnes accompagnées de développer leurs compétences et de pouvoir exercer de nombreuses missions en fonction de leurs capacités. Quatorze ouvriers et deux moniteurs sont affectés au fonctionnement de l’abattoir.
Le bien-être animal est aussi pris en compte, avec un quai d’attente bien dimensionné, fermé et apaisant.
L’abattoir est autorisé à abattre jusqu’à 220 poulets par jour. Il en abat annuellement 20 000, dont 10 000 sont élevés en plein air sur place et commercialisés sous la marque « Le Festoy », en poulets entiers ou à la découpe, disponibles dans certaines grandes surfaces des environs (Dole et Arbois) ainsi que dans plusieurs restaurants renommés, tels que La Finette ou les Caudalies à Arbois. Ils sont aussi vendus dans la boutique de l’Esat mais il est recommandé de passer commande avant.
Un outil au service de la filière avicole
La structure apporte des solutions normalisées d’abattage sur le territoire, dans un objectif de transport minimal des animaux et de renforcement des circuits courts. Elle est aussi mise à disposition des éleveurs du département qui peuvent la louer pour abattre leurs propres poulets. A leur demande, du personnel de l’Esat peut être mis à leur disposition. L’organisation est pensée pour favoriser cette mutualisation et les interactions entre éleveurs et ouvriers de l’ESAT. Dans tous les cas, il y a toujours un référent de l'abattoir présent. « Notre but est aussi que les éleveurs de volailles du département s’approprient l’abattoir », explique Grégoire Guillemont, directeur des Esat de Cramans et Arbois. « S’ils se mobilisent, s’organisent en filière, il sera possible de monter en gamme ».
« Ce projet s’inscrit dans le Projet Alimentaire Territorial, » a rappelé Gérôme Fassenet, président du conseil départemental avant d’annoncer un autre projet à l’étude dans le cadre du PAT : la création d’une conserverie pour les légumes locaux produits en été et consommés en hiver.
« Nous sommes attachés à ce que veulent nos travailleurs »
Dans le nouveau bâtiment, chaque étape de l'abattage des volailles est strictement cloisonnée. Les poulets sont d’abord électrocutés avant d’être mis à mort. L’acquisition d’une plumeuse automatique facilite les postes de travail sans diminuer la qualité de finition. Ils sont ensuite vidés, nettoyés et éventuellement découpés.
Tous les poulets sont ensuite estampillés afin d'assurer la traçabilité. Les poulets élevés à l’Esat sont aussi étiquetés. Ne reste plus alors qu’à livrer les clients. Ce sont les ouvriers de l’Esat qui ont le permis de conduire qui s’en chargent les mardis et jeudis.
« Nous avons conservé les appareils de l’ancien bâtiment pour les salariés qui n’arrivent pas à suivre le rythme de la chaîne », explique Grégoire Guillemont, directeur des Esat de Cramans et Arbois. « Nous sommes attachés à ce que veulent nos travailleurs. Certains préfèrent faire plusieurs postes et avoir des activités variées, d’autres sont plus rassurés en restant toujours au même poste et deviennent experts ».
Cet outil de travail leur donne aussi la possibilité d’acquérir un savoir-faire et une employabilité dans différents domaines agroalimentaires en vue de "mises à disposition" ou de contrats de travail auprès d’employeurs du territoire.
L’ESAT souhaite en parallèle développer une activité de poules pondeuses, en test pour le moment. L’ancien abattoir servira au conditionnement des œufs et une salle de pause pour les salariés sera aussi installée dans ces bâtiments devenus obsolètes.
S.C.
Juralliance : accompagnement et inclusion
L’association Juralliance est une association gestionnaire d’établissements à but non lucratif ayant pour objet d’assurer un accompagnement individualisé ou une prise en charge adaptée aux personnes dépendantes, en situation de handicap mental ou psychique, enfants ou jeunes adultes en difficultés sur un plan social, familial, scolaire ou professionnel, ou vivant une situation d’exclusion. Fruit d’histoires et de traditions riches et variées, Juralliance regroupe les associations Apei d’Arbois et sa région, Apei de Saint-Claude et sa région, l’Association Franc-Comtoise le Bonlieu à Dole, Accueil et Soleil à Mesnay, Chez Nous à Poligny, Foyer Saint-Joseph à Lons-le-Saunier et SPI à Dole.
Juralliance regroupe 21 établissements dans le Jura et emploie 450 salariés pour environ 850 personnes accueillies ou accompagnées. L’association gère deux ESAT (établissement et service d’accompagnement par le travail) dans le Jura, à Arbois et Cramans, qui accueillent 230 travailleurs handicapés dans 13 ateliers de production.
