Lycée de Montmorot
Le préfet de région à la découverte de l'agriculture jurassienne
« À mon arrivée, j'ai demandé à découvrir dans chaque département de Bourgogne Franche-Comté, une entreprise industrielle et une exploitation agricole », explique le nouveau préfet de région Paul Mourier, en poste depuis le 10 octobre. C’est chose faite dans le Jura ou le représentant de l’Etat s’est rendu vendredi 6 décembre accompagné par Serge Castel, préfet du Jura et Danièle Brulebois, député. Le matin, il a visité l’entreprise V33 de Domblans et s’est rendu dans l’après-midi à l’exploitation du lycée de Montmorot pour rencontrer la profession agricole. Il a aussi pu s'entretenir avec des élèves.
Lors de cette visite, Paul Mourier a salué le modèle économique et coopératif des fruitières : « Grâce aux fruitières, vous gardez votre indépendance et la valeur ajoutée. Il faut conserver ce modèle. »
Pierre Martin, directeur du lycée agricole de Montmorot, a saisi l’occasion pour rappeler que les bâtiments de l'exploitation son vieillissant et demandent à être rénovés. Les professionnels présents ont évoqué les productions emblématiques du département, notamment le comté et la viticulture, ainsi que les défis majeurs qu’elles affrontent.
Christophe Buchet, président de la FDSEA et vice-président de la chambre d’agriculture, a souligné les difficultés rencontrées par les agriculteurs biologiques, même dans une filière aussi résiliente que celle du comté. Il a également alerté sur les tensions économiques : « Avec le succès de la filière comté, les jeunes ont acheté des fermes AOP à des prix élevés, mais les charges augmentent et les prix se tendent. Nous avons des inquiétudes malgré la résilience de la filière. » Sur l'installation, il a rappelé que le Jura limitait la casse avec un taux de deux installés pour trois départs.
Résilience … Ce mot a aussi été repris par Valérie Closset, présidente de la société de viticulture du Jura qui a insisté sur l’impact du changement climatique : « Sur les sept dernières années, quatre ont été mauvaises. Nous avons entamé des démarches pour plus de résilience, avec des tests sur de nouveaux cépages et des porte-greffes hybrides. » Face aux difficultés récurrentes, les stocks de vins des producteurs diminuent. « Les jeunes manquent de trésorerie pour assurer leur récolte ».
Des valeurs humaines
« Les viticulteurs jurassiens, tout comme les éleveurs en AOP, veulent rester à taille humaine, sans investissement extérieur, c'est ce qui fait notre force, » a-t-elle poursuivi.
Paul Mourier a également abordé les retards de versement des aides européennes FEADER. Il a assuré que des solutions avaient été trouvées et que l’État prenait en charge une partie des dossiers en attente : « J'ai eu un dialogue direct avec la présidente du conseil régional pour trouver le moyen de résoudre cette difficulté conjoncturelle. Nous devons comprendre comment nous sommes arrivés à cette situation un peu critique pour dans l'avenir, ne pas y être à nouveau confronté. Les solutions sont, ou vont, être trouvées. Il faut améliorer la chaîne d'instruction d'un certain nombre de dossiers. Les aides PAC sont désormais intégralement payés. L'État a repris une part non négligeable des dossiers Feader pour faire sorte que les aides soient versées avant cette date fatidique de juin 2025. »
Le préfet de Région a conclu en saluant l’esprit de collaboration dans le Jura : « Cette visite m'a permis d'avoir une vision de ce qu'il se fait de mieux dans le département. Un dialogue permanent et une volonté de travailler ensemble existent dans le Jura entre la profession agricole, la profession viticole, l'administration de l'État, sans oublier également les élus. Ce dialogue est d’une grande qualité dans le Jura. En montagne on n'y arrive que si on joue collectif. J'ai retrouvé dans ce département ces valeurs humaines ».
S.C.
