Le 15 mars dernier se tenait la session de la Chambre d’agriculture du Jura. Les responsables des différents services ont présenté le bilan du projet stratégique national qui fixe des objectifs pour l’ensemble des chambres afin d’accompagner l’agriculture dans ses transitions économiques, sociétales et climatiques. Tous ont été réalisés voire dépassés.
Le projet stratégique national, intégré dans le contrat d’objectifs et de performance signé entre l’Etat et les chambres d’agriculture, se décline en quatre axes (l’accompagnement des transitions, la création de valeur, le dialogue entre l’agriculture et la société et l’engagement dans les réseaux nationaux et régionaux) divisés en seize Domaines d’activité stratégique. Pour chacun, des objectifs chiffrés sont établis. S’il crée peu de nouvelles actions, il apporte de la cohérence, organise et permet de « faire masse ». Il définit aussi un jeu d’indicateurs complet permettant d’évaluer les actions des chambres d’agriculture. A travers ses nombreuses actions, que ce soit par le forum-installation, la mise en place du certi-transmission, les diagnostiques bas-carbone, la création du GIEE Bioforce, les plans d’épandage en zone AOP ou la charte riverain ZNT, la chambre jurassienne a pleinement satisfait, et a même dépassé, tous ses objectifs.
Plusieurs actions de la chambre départementale s’inscrivent dans ce PSN, l’accompagnement de l’agriculture dans les transitions économiques, sociales et climatiques. Le 1er DAS, qui concerne l’installation et la transmission, a été réalisé à 100%. Comme demandé, tous les agriculteurs jurassiens de plus de 57 ans ont été contactés en vue de les conseiller sur la transmission de leur exploitation. Près de la moitié des chefs d’exploitation ont plus de 50 ans et partent bientôt à la retraite, ce que complique le renouvellement des générations.
Transition écologique
Pour assurer la transition écologique et accompagner les agriculteurs dans la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, la chambre a par exemple mis en place des diagnostics bas carbone. L’objectif étant d’atteindre la neutralité à l’horizon 2050. « L’agriculture est porteuse de solution en permettant de stocker le carbone, » explique Jérome Lamonica, responsable de l’équipe Energie Environnement. « Nous accompagnons des exploitants à l’aide d’un diagnostique et d’un suivi individuel dans la perspective de gagner en efficacité économique. » L’objectif atteint était d’effectuer 11 diagnostics. Une vingtaine en plus ont été réalisés grâce à l’accompagnement de la Région qui finance des audits bas carbone.
L’accompagnement des éleveurs est aussi au programme du PSN. La modification du cahier des charges du Comté va rendre obligatoires les plans d’épandage. Tous les éleveurs devront être à jour le moment venu, il est donc nécessaire d’anticiper. La chambre d’agriculture du Jura a organisé deux réunions, à Censeau et Lons-le-Saunier, pour sensibiliser les présidents de fruitières. Huit coopératives se sont déjà engagées dans le projet.
La chambre accompagne la moitié des déclarations PAC
Sur la PAC, l’objectif était d’appuyer au moins 25% des agriculteurs dans leurs déclarations de surface. La chambre du Jura en a accompagné environ 50%, et devrait arriver à 60% l’an prochain.
Pour aider les exploitants à créer de la valeur ajoutée sur le territoire, la chambre a embauché une conseillère maraîchage et légumes de plein champs. Le GIEE Bioforce, porté par la FDGEDA, a vu le jour sur la plaine pour accompagner les conversions. 26 producteurs s’y sont déjà engagés et réalisent des tours de plaine et des journées techniques pour diffuser la connaissance.
Ces missions, la chambre d’agriculture les remplies depuis toujours pour répondre aux demandes des agriculteurs et des collectivités.
S.C.
Ils ont dit
François Lavrut, président de la chambre d’agriculture du Jura : « La crise du Covid est à peine derrière nous que la guerre en Ukraine nous montre la fragilité de la paix sur notre continent et sur le monde. Elle va entraîner une catastrophe en termes humains et une crise longue et nous rappelle notre fragilité d’être dépendants pour nos approvisionnements et l’intérêt de garder une politique agricole forte en France et en Europe afin de disposer de sécurité et de souveraineté alimentaire pour notre pays. »
Franck David, vice-président du Conseil départemental : « Mes inquiétudes vont vers les conversions d’exploitation d’élevage vers les céréales. Les éleveurs de lait standard et les producteurs de viande bovine travaillent des heures et des heures pour des salaires de misère. La chambre doit les défendre contre des clients industriels très structurés. »
David Philot, préfet du Jura (à propos de la destruction de retenue d’eau et de l’accaparement de vignes jurassiennes en friche le 29 janvier) : « Je condamne sans ambiguïté toutes les actions illégales, qui plus est lorsqu’elles sont violentes et conduisent à des dégradations. Nous prenons les plaintes et la justice fait son travail, parfois très rapidement, parfois lentement ».
Eric Druot, élu de la chambre d’agriculture : « Aujourd’hui la loi Egalim ne répond pas aux besoins. Les prix subissent toujours la pression des consommateurs. La production de lait standard est fortement impactée. On a le sentiment d’être démuni et coincé sans pouvoir se rémunérer convenablement. »
Gilles Duquet, président de Soelis et vice-président de la MSA FC : « Je souhaite vous alerter sur l’accompagnement des entreprises et l’installation des petites structures. Nous avons été confrontés à des gens qui, par difficulté financière, ont opté pour passer en cotisation solidaire à la MSA. Dans le cadre d’une maternité, ils se sont retrouvés exclus de toute prestation. Nous devons être vigilants quand nous ne pouvons pas payer les cotisations sociales pour cause d’aléa climatique. »
Christophe Buchet, président de la FDSEA 39 et vice-président de la chambre d’agriculture : « J’ai une pensée pour le peuple ukrainien et son agriculture, c’est un véritable drame. Les agriculteurs jurassiens et l’ensemble de nos concitoyens se mobilisent pour les aider, la solidarité n’est pas un vain mot et fait partie des valeurs de la FDSEA. Cette crise aura des incidences sur les prix et le fonctionnement de nos exploitations. Nous devrons rester attentifs aux spéculations. Nous avons besoin d’une agriculture qui produise plus et durablement et nous avons la capacité de le faire. »
Danielle Brulebois, députée du Jura : « Le Jura est indissociable de son agriculture. Elle fait partie de son identité, de sa fierté. Pour faire face aux difficultés qui découleront de la tragédie en Ukraine, un plan de résilience, qui concernera l’énergie et l’agriculture, est en cours d’élaboration. Si le Jura ne doit pas être trop concerné sur ses exportations, notre agriculture sera touchée sur ses importations d’engrais, de phytosanitaires et d’énergie. »