Conservation des fourrages
L’art de l’enrubannage

La souplesse d’exploitation permise par l’enrubannage en fait un mode de conservation très répandu. Sa réalisation doit cependant être soignée, pour tirer le meilleur parti du fourrage.

L’art de l’enrubannage
Plusieurs matériels étaient en démonstration sur le site : l’occasion d’échanger sur les débits de chantier, les limites de certaines machines, la qualité des opérations réalisées…

La journée thématique sur la récolte des fourrages a permis de réviser quelques fondamentaux de la conduite du chantier d’enrubannage – jusqu’à la mise en pile des balles, avec Corentin Mussier, conseiller à la Chambre d’agriculture de Haute-Saône. « Moins contraignant que l’ensilage dans sa mise en œuvre, l’enrubannage permet de récolter l’herbe à son optimum de valeur nutritive, quand la météo le permet bien entendu ! », introduit le technicien, avant de présenter sous forme graphique l’évolution des teneurs en énergie, protéines, cellulose, lignine d’une prairie multi-espèce au fil des jours. « L’optimum est toujours un compromis entre la qualité du fourrage récolté et sa quantité, à raisonner aussi en fonction des catégories d’animaux destinataires. » Car à un moment, qui dépend principalement des températures, les courbes se croisent : tandis que les tonnages augmentent, les valeurs nutritives (unités fourragères et protéines digestibles) diminuent, par dilution ou évolution des proportions feuilles/tiges. Plusieurs éleveurs présents ont à cette occasion fait part de leurs propres observations au sujet des conséquences du changement climatique sur les dynamiques de pousse. « Les graminées démarrent plus précocement, alors que ce n’est pas forcément le cas des légumineuses… », relève ainsi un éleveur des Vosges saônoises.

Dynamique de pousse

Comme l’ont démontré les essais conduits depuis plusieurs décennies par les instituts techniques, le pressage à 50-60 % MS constitue une sécurité vis-à-vis des risques sanitaires et de la qualité protéique du fourrage. Pour éviter le développement des butyriques ainsi que l’action des enzymes responsables de la baisse de valeur azotée (protéases), une teneur en MS minimale de 40 % en tout point de la balle doit être recherchée. Cette homogénéisation est obtenue grâce à l’action d’un fanage. Des adaptations du chantier de récolte peuvent être mises en œuvre pour préserver les feuilles fragiles des légumineuses : intervention sur un fourrage encore humide ou réhumifié par la rosée, en réduisant le régime de la prise de force pour limiter la casse mécanique des pétioles.

Préserver l’intégrité du film

En enrubannage, les pertes durant la conservation sont très limitées si le film plastique n’est pas percé. Du fait du fort ratio surface/volume, l’enrubannage est un mode de conservation dont la réussite tient en grande partie au maintien de l’intégrité du film plastique. Une simple perforation peut rompre l’anaérobie du milieu et engendrer des pertes significatives de matière organique. Le nombre de couches de film est déterminant pour assurer sa solidité, et doit être adapté au fourrage récolté (rigidité, agressivité vis-à-vis du film) et à la durée de conservation prévue. Quatre couches suffiront pour des graminées jeunes et une courte durée de conservation. « Mais il faudra être précis sur la pose du film et la manipulation des balles… » A contrario, il faudra huit épaisseurs de filmage pour un luzerne longue conservation. Le principal danger de perforation vient des chaumes rigides. L’étape de dépose de la balle est alors cruciale. Le délai maximal entre le pressage et l’enrubannage doit être inférieur à 24 heures voire 36 heures afin de prévenir l’échauffement du fourrage, donc la baisse de sa valeur alimentaire.

AC