Organisation Internationale du Vin
« L’ONU du vin » en visite dans le Jura

Une délégation internationale de 32 viticulteurs a fait étape dans le vignoble jurassien à l’occasion du centenaire de l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV). Ils ont découvert les spécificités du Savagnin, cépage emblématique du Jura, ainsi que les techniques d’élevage sous voile.

« L’ONU du vin » en visite dans le Jura
: A la fruitière vinicole de Voiteur, les congressistes ont pu déguster des vins élevés sous voile : du Vin Jaune bien sûr, à base de savagnin, mais aussi du chardonnay

Le matin du 17 octobre, la fruitière vinicole de Voiteur résonnait de multiples langues. Une délégation internationale de 32 viticulteurs, participant au congrès de l'Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV) à Dijon, effectuait une visite dans le Jura. Parmi eux, des représentants d’Espagne, d’Australie, du Brésil, d’Italie, d’Allemagne, du Japon, ainsi qu’une délégation chinoise, un pays en voie d’intégration à l’OIV. Pour faciliter la communication, chaque participant était équipé d’écouteurs avec traduction simultanée en anglais des diverses interventions

« Nous sommes très heureux et fiers d’accueillir l’OIV dans le Jura, c’est un peu l’ONU du vin, » se réjouissait Olivier Badoureaux, directeur du Comité Interprofessionnel des Vins du Jura. « D’autant plus qu’il s’agit du congrès du centenaire de l’organisation et qu’elle vient de déménager son siège de Paris à Dijon ».

Les vins racontent l’histoire

Après une présentation de la coopérative de Voiteur par son président Jean Pernot, le président du CIVJ Thierry Bonnot a évoqué la viticulture jurassienne : « Les vins du Jura racontent l’histoire des sols, du climat, et du savoir-faire de ses vignerons. Nous croyons fermement que la viticulture doit évoluer en harmonie avec la nature ».

« Souvent, chez moi les gens confondent Vin de Paille et Vin Jaune », témoigne ce viticulteur luxembourgeois. « Ils ne les connaissent que de nom car nous n’en trouvons pas. » Lui n’est pas en terre inconnue puisqu’il a effectué ses stages de fins d’étude dans un domaine arboisien et a participé à une Percée du Vin Jaune. Il profitera d'ailleurs de cette visite pour ramener du Château-Chalon « et le Comté qui va avec ».

32 viticulteurs du monde entier, participant au Congrès de l’OIV à Dijon, ont visité et découvert le vignoble du Jura et ses spécificités.

Jacques Hauller, directeur du domaine Maire & fils, a ensuite pris la parole pour « lever le voile sur le Savagnin », produit phare et si caractéristique du vignoble Jurassien : « Pour conserver le vin, dans la plupart des pays, les vignerons remplissent les tonneaux au fur et à mesure de l'évaporation, pour éviter que le liquide ne soit au contact de l’oxygène, que des bactéries se développent et qu’il tourne au vinaigre. Dans le Jura nous ne remplissons pas les fûts au fur et à mesure, au bout de quelques semaines, une levure se développe sur le dessus du vin. Ce voile le protège pendant tout son parcours d'élevage. Nous ne savons pas pourquoi cette levure est présente dans le Jura ».

Les fûts anciens ne sont jamais rincés

Cette levure n'intéresse pas les industriels car le Jura est un micro-vignoble. Elle ne se trouve donc pas sur les marchés. « Aujourd'hui nous sommes capables de fournir des levures actives à la profession pour ensemencer le savagnin », explique Jacques Hauller. « Certaines caves préfèrent le faire avec leurs propres fûts, ces levures jour étant utilisées depuis des siècles dans le Jura, les chais en sont imprégnés. C’est pour garder cette flore que certains fûts anciens ne sont jamais rincés. Les plus vieux ont jusqu’à 70 ans ».

Un processus qui parlait aux vignerons espagnols présents car, les vins de Xerez en Andalousie, sont aussi élevés sous voile. « Nous partageons nos connaissances avec notamment les viticulteurs de cette région, » poursuit Jacques Hauller. « Avec nos moyens, nous avons développé un processus et des recherches. Le laboratoire départemental d'analyse a isolé plusieurs souches et les a mises en collection ».

Petit clin d'œil aux viticulteurs japonais présents, Jacques Haullier a évoqué le Sotolon, la molécule présente dans le Vin Jaune qui lui donne son goût typique de noix. Cette molécule est aussi présente dans le saké.

Voiteur, Château-Chalon et Arbois

Au-delà des cépages, les congressistes ont pu découvrir la spécificité des sols jurassiens. Guillaume Tissot, viticulteur à Nevy-sur-Seille, a récupéré de la terre de ses vignes pour montrer la spécificité des marnes jurassiennes, une composante clé qui influence la typicité des vins.

Après la fruitière vinicole de Voiteur, les congressistes se sont rendus à Château-Chalon ou Christian Vuillaume, le maire de la commune, leur a fait découvrir la vigne conservatoire : « Elle contient 47 cépages d’avant le phylloxéra, 5 plants par cépages ». Il a aussi lancé un appel : « Il nous en manque un, il y avait 48 cépages à l’origine. Je promets une rente en liquide à celui qui nous le trouvera ».

Après un repas traditionnel au célèbre restaurant La Finette à Arbois, le groupe est allé visiter les vignes Pasteur, ou le célèbre scientifique à étudier la présence de la levure évoquée le matin, puis les congressistes se sont rendus chez Henri Maire pour une dégustation, au terme d’une journée riche en découvertes et en convivialité.

S.C.

Le Jura à l’honneur à Dijon

Lundi 14 octobre, de 14h45 à 15h30, le Jura était déjà à l’honneur du congrès de l’OIV à Dijon à travers une conférence-dégustation « Le savagnin dans tous ses états ». Au cours de cette conférence, les spécificités et particularités du cépage savagnin et son interprétation jurassienne ont été présentées, suivies d’une dégustation de différents savagnins AOC du jura, du vin floral jusqu’au vin jaune.

Le vignoble du Jura a également la fierté d’avoir un vin choisi comme Cuvée du Centenaire (pinot noir).

Guillaume Tissot, viticulteur à Nevy-sur-Seille, a récupéré de la terre de ses vignes pour montrer la spécificité des marnes jurassiennes