A l’issue de chaque assemblée générale, le Cenemat organise une visite. Cette année, les adhérents ont pu découvrir le syndicat départemental de traitement des ordures ménagères du Jura, ou l’ensemble des déchets du département sont traitées.
Quasiment tous les déchets du Jura, ceux de 492 communes sur 494, soit 268 000 habitants, arrivent au Sydom situé à Lons-le-Saunier. L’usine construite en 1994 traite chaque année les 15 000 tonnes de déchets recyclables du Jura mais aussi 10 000 tonnes provenant du Louhannais, du Haut-Bugey et de Bourg-en-Bresse. C’est aussi ici que les déchets non-recyclables, ceux mis en sacs poubelles dans les bacs gris, sont incinérés. Une petite partie, le tout-venant (anciennes paires de skis, parquet flottant, etc.) part au centre d'enfouissement à Courlaoux. Pour les déchets biodégradables, des bacs de compostage sont mis en place dans les lycées et les maisons de retraite.
Sydom ou Sictom ?
« Souvent les gens confondent Sydom et Sictom, » explique Jean-Baptiste, le technicien qui a servi de guide aux adhérents du Cenemat. « Le sydom s'occupe du traitement des déchets et les Sictom, mis en place par les communautés de communes, gèrent la collecte et les 35 déchetteries jurassiennes ». Les 5 Sictom du Jura (Dole, Lons-le-Saunier, Champagnole, Haut-Jura et Terre d’Emeraude) adhérent au Sydom qui leur facture le traitement des ordures.
Le tarif est modulé en fonction de la qualité du tri. Les meilleurs élèves du département sont le Haut-Jura et de Terre d'Emeraude. En règle générale, les bacs jaunes (2) des petits villages sont mieux triés que ceux des centres-villes.
Une centaine de personnes travaillent au Sydom dont 70 sont affectées au tri. Sur le quai de déchargement des bennes à ordures, neuf tonnes de déchets recyclables sont déversées en moyenne chaque heure.
Entraînées par des tapis roulants, les ordures passent d'abord dans deux tambours qui tournent pour les trier selon leur taille. Les papiers sont ensuite séparés des corps creux puis une cellule optique détecte les différentes matières qui sont envoyées sur autant de tapis roulant grâce à une soufflerie. En fin de chaîne, une équipe de trieurs vérifie et corrige les erreurs à la main. Tout ce que le tri optique n'a pas reconnu sera enfui.
Les différentes matières seront expédiées chez des repreneurs. Les bouteilles plastiques transparentes redeviendront des bouteilles, les colorées des tissus polaires, les briques alimentaires des mouchoirs… Les conserves seront revendues à Arcelor Mittal ou transformées en boules de pétanque et les canettes en aluminium auront une nouvelle vie comme bloc moteur ou trottinette. Avec 400 bidons de lessives, il est possible de fabriquer un toboggan.
Analyse sur le lait et production d’énergie
Les déchets non-recyclables sont incinérés à 1000° dans un four de 30 mètres de haut. Chaque tonne produira 120 kilos de cendre qui, une fois débarrassée du fer grâce à un aimant, seront transformées en surcouche routière. Les fumées, refroidies grâce à de l'eau, passent dans un électrofiltre pour récupérer les métaux lourds qui seront neutralisés et stockés dans une décharge de classe 1. Des traitements au bicarbonate puis au charbon actif piègent ensuite les dioxines.
« Nous faisons régulièrement des analyses sur le lait du Gaec à côté pour savoir si des dioxines retombent, » explique le technicien du Sydom. « Nous analysons aussi les lichens sur les arbres des alentours ».
L'installation produit de la vapeur à 130° qui, revendue à la ville, permet de chauffer 5 000 personnes et des bâtiments municipaux. Cette vapeur passe par des turbines qui permettent la production d'électricité.
S.C.
(1) Foncine-le-Haut et Foncine-le-Bas envoient leurs déchets à Pontarlier, plus proche géographiquement
(2) Pour les déchets recyclables on parle de bacs Bleus ou jaunes. La France a commencé avec des couvercles bleus mais l'Europe a choisi le jaune. Il reste 120 000 couvercles à changer dans le Jura.
Quel déchet dans quelle poubelle ?
Journaux, cartons, boites en acier, aluminium et tous les emballages plastiques vont dans les bacs jaunes, exception faite sur la zone de Dole ou les papiers vont dans des containers dédiés.
Les autres déchets (vaisselle, produits d'hygiène, produits organique, objets en plastique, etc.) vont dans des sacs fermés dans le bac gris.
Le verre, les piles, les vêtements, les encombrants doivent être amenés dans les déchetteries
Quand on ne sait pas si un déchet est recyclable ou non, mieux vaut le mettre dans le bac gris.
446 Kg par an par Jurassien
Un jurassien produit 446 kilos de déchets par an, chiffre en dessous de la moyenne nationale. A titre de comparaison, un Américain produit une tonne par an, principalement des objets jetables et des emballages. A l’autre extrémité, un Malien produit 12 kilos de déchets. Dans les pays les plus pauvres, la consommation est moindre et le recyclage poussé à l’extrême.
La réduction des déchets est un véritable enjeu. Pour sensibiliser la population, le Sydom du Jura fait de la prévention et communique dans les écoles. Une sensibilisation qui porte ses fruits puisque la quantité de déchets diminue chaque année de 2 ou 3 %, en partie grâce à des emballages de plus en plus légers.