30ème concours interprofessionnel du Morbier / Vingt-huit Morbiers différents ont été départagés par un jury. La première place revient à la fromagerie Fontain dans le Doubs. La fromagerie de Doucier et celle de Vevy sont médaillées d’argent et de bronze.
Malgré l’annulation de la fête grand public, la 30ème édition du concours de l’AOP Morbier s’est déroulée le vendredi 20 août dans la salle du Marais à Morbier. « Il était primordial pour nous de maintenir notre concours et le repas, même sans la présence du public, » a expliqué Joël Alpy, président du syndicat du Morbier. « Nous avons instauré un protocole sanitaire strict pour faire courir le moins de risque possible aux participants et aux jurés. La filière a besoin de ces moments de partage et de convivialité pour échanger et se retrouver. »
Le jury de vingt-quatre membres, dont quatre techniciens du centre technique des fromages comtois (CTFC), présidé par Patrick Mercier, producteur de lait et représentant de la filière AOP Camembert de Normandie, a dû départager les meilleurs Morbiers puisque les vingt-huit fromagers participants avaient sélectionné pour l’occasion leurs plus beaux fromages. Forme de la meule, croutage, aspect de la raie noire emblématique, texture et aspect de la pâte ont été passés en revue. Sans oublier bien sur le goût qui comptait pour prés de la moitié de la note finale.
« Le concours s’est déroulé très sereinement avec de très belles tables et de très beaux fromages, » a précisé Patrick Mercier. « Nous avons pu apprécier des fromages avec des croûtes rouges-orangées sur des fromages frottés récemment mais aussi d’autres plus beige ou marron. Lors de la découpe, c’est le trait inimitable du Morbier qui est observé. S’en est suivi la dégustation, avec également toute une palette de goûts et d’arômes spécifiques aux Morbiers. Nous avons fait notre travail avec humilité. »
Deux jurassiens sur le podium
C’est la fromagerie de Fontain dans le Doubs qui a remporté la médaille d’or avec une note de 16,99 sur 20. « Cela fait trois ans que nous faisons du Morbier et ce résultat est de bon augure pour la suite, » a déclaré Alexandre Courderot, représentant les lauréats. Des Jurassiens sont montés sur la deuxième et la troisième marche du podium : la fromagerie de Doucier (16,97) et la fromagerie Monts et terroirs de Vevy (16,87).
« Je viens de Normandie, une région où on a fait tout ce qu’il ne fallait pas faire. Vous avez su faire ce qu’il fallait, » a poursuivi le président du Jury Patrick Mercier lors de la remise des prix. « J’ai beaucoup d’admiration pour vos filières. Vous êtes naturellement collectifs et un exemple pour toute l’économie fromagère. Vous participez à une mondialisation positive. Ce n’est pas un hasard si dans vos départements les installations de jeunes restent nombreuses et si vous avez les meilleures écoles fromagères. Ne changez rien, continuez à cultiver votre différence. »
SC
222 ans d'histoire
Daniel Flament, le maire de Morbier, est revenu sur l’histoire du Morbier. Les premières mentions évoquant ce fromage typique datent de 1799 et situent sa production sur la commune de Chapelle-des-Bois. Il est alors considéré comme un bleu. Les fermiers déposaient de la cendre sur le caillé de la traite du soir pour protéger le lait, avant de compléter la meule avec une seconde traite le lendemain matin. Ainsi est née la raie noire typique.
L’appellation Morbier apparaît pour la première fois en 1892. A l’origine fromage d’hiver, il est fabriqué tout au long de l’année depuis 1970. Le premier concours est organisé en 1990 et il obtient une AOC en 2001 et une AOP en 2002.
Aujourd’hui pour sa fabrication, deux mille éleveurs livrent du lait à une cinquantaine de fromageries. La production est en continuelle augmentation : elle a plus que triplé en 20 ans pour atteindre 11 000 tonnes l’an passé.
Dans les années soixante, de nombreux étudiants de toute la France, faisant leurs études à l’Enil de Poligny, ont découvert ce fromage et ont décidé d’en fabriquer dans leurs régions d’origine. « Nous avons alors vu du Morbier de Bretagne, du Morbier du Canada… ». La création d’un label Véritable Morbier de Franche-Comté puis l’obtention de l’AOC ont permis de mettre fin à ce plagiat… ou presque car en 2020 le syndicat du Morbier a engagé des poursuites devant la Cour européenne de justice contre des copies produites dans le centre de la France.