Montlainsia, Cernon, Cornod… Trois incendies ont ravagé le secteur de la petite montagne, entre le 9 et le 14 août, brûlant plus de 1000 hectares. Un triste record pour le Jura : jusqu'à présent le feu de référence était celui de Maisod en 2018 lors duquel 100 ha avaient été détruits.
Pour lutter contre les flammes, les pompiers du Jura ont été épaulés par leurs collègues des départements voisins, par un canadair habituellement basé dans le Sud de la France et par des dizaines d’agriculteurs les ravitaillant avec leurs tonnes à eau et se chargeant de noyer certaines zones pour éviter la propagation de l’incendie.
Sur son exploitation à Montlainsia, Nicolas Dupuis, président cantonal de la FDSEA du Jura était directement concerné par le premier incendie. « Les agriculteurs du voisinage sont intervenus très rapidement, » témoigne-t-il. « Dès le début, il y a eu un énorme élan de solidarité universelle. Tout le monde a prêté spontanément main forte et appelé des collègues en renfort. Le bouche à oreille a fonctionné. Dans la vie courante, on ne s'entend pas tous toujours très bien mais pour l'occasion tout le monde a mis ses rancœurs de côté. Si les agriculteurs n'étaient pas venus, des villages auraient pu brûler. Mais avec la sécheresse il faut s'attendre à de tels épisodes récurrents ». Une fois cet incendie maîtrisé, Nicolas Dupuis s’est rendu aider sur les autres sinistres.
Alexandre Dury, agriculteur vers Arinthod, n’a lui non plus pas hésité à venir : « C’est normal, Si le feu avait pris vers chez moi, je serais content que l’on vienne m’aider. »
200 agriculteurs mobilisés
Jeudi matin, alors que les feux de Cernon et de Cornod prenaient de l’ampleur, la FDSEA et les JA du Jura relayaient l’appel et contactaient par SMS l’ensemble des agriculteurs du département demandant à ceux qui peuvent de venir aider et aux autres de rester vigilant, plusieurs départs de feu étant signalés dans le département, heureusement vite éteints par les pompiers. Au total, plus de 200 agriculteurs sont intervenus et jusqu'à 60 tracteurs étaient présents simultanément pour ravitailler les soldats du feu en eau, puisée à Chancia et Bellecin, ce qui a évité de prendre de l'eau dans le réseau en cette période de sécheresse. Certains agriculteurs sont parfois venus de loin, de tout le département, de l'Ain, de Saône-et-Loire… Un jeune a même fait le trajet depuis Lyon en tracteur pour prêter main-forte. Des concessionnaires agricoles ont aussi fourni du matériel notamment des tonnes à lisier capables de projeter l'eau à plus de 50 M.
Il a fallu s'organiser pour la traite des vaches, ceux en Gaec pouvaient se relayer, d'autres ont laissé à leurs parents le soin de s'occuper des bêtes, et certains n'avaient d'autres choix que de faire des allers-retours matin et soir. Certains sont restés sur place plusieurs jours. Pour les héberger, certains villages comme Montlainsia ont mis à disposition des locaux communaux, des habitants se sont aussi proposés et certains ont dormi dans leur tracteur.
A Cernon, une véritable fourmilière s’est mise en place, les agriculteurs faisant des allers-retours incessants jusqu'au lac pour remplir leurs citernes. Le point central de cette effervescence : une piscine dans laquelle ils déversaient l'eau que les pompiers viennent pomper. Les tracteurs étaient aussi chargés de noyer les surfaces pas encore brûlées afin d’éviter la propagation du feu et de protéger les zones habitées. Super U, la Pizzeria des cascades à Bonlieu, la boulangerie de Pont-de-Poitte… plusieurs commerces ont ravitaillé en nourriture pompiers et agriculteurs luttant contre les flammes.
Ce renfort a été fortement apprécié par les pompiers sur le terrain : « Pour nous cette solidarité est exemplaire », estime le lieutenant Villegas, des pompiers de Côte d’Or. « Avec leurs engins phénoménaux, les agriculteurs nous soulagent un sacré coup et leur connaissance du terrain est aussi d'une grande aide ».
S.C.
Un ancien pompier volontaire incarcéré
Mercredi 24 août, un ancien pompier volontaire de 27 ans a reconnu être à l’origine de l’incendie de Cornod ayant brulé 230 hectares. Il s’agit de la personne qui avait signalé le départ de feu, les enquêteurs ayant remarqué des incohérences dans ses déclarations par rapport à celles des autres témoins. Placé en garde à vue, il a finalement reconnu avoir allumé des brindilles avec un briquet pour vérifier « si le feu pouvait prendre aussi rapidement que ça ».
Il devait être jugé en comparution immédiate ce jeudi. Une expertise psychiatrique a d’ores et déjà été ordonnée par le procureur.
Un second pyromane a été arrêté dans le Jura cette semaine, accusé d’avoir provoqué un incendie à Champagnole heureusement vite éteint par les sapeurs-pompiers.