Pauline Beaudrey utilise l'exosquelette à chaque traite.
Il est à peine plus de 17 heures et déjà 28 vaches sont branchées au Gaec des Cerisiers à Etrappe. Aux commandes, Pauline Beaudrey trempe puis essuie à la laine de bois les trayons des montbéliardes avant de poser la griffe qui soutirera le lait des mamelles.
Ces gestes, Pauline, 34 ans, fine et d'allure sportive, les maîtrise parfaitement. Pourtant, il y a deux ans, elle a bien cru devoir abandonner ce qu'elle décrit comme le métier de ses rêves.
" L'exosquelette m'a sauvé d'une rupture avec le métier " affirme-t-elle. Tel un sac à dos sur les épaules, Pauline a passé l'exosquelette. Elle a réglé l'aide attendue grâce aux petites ailettes prévue à cet effet. Atteinte de la maladie de Lyme, la jeune femme rencontre des douleurs aux articulations depuis plusieurs années.
" La traite était devenue insupportable " poursuit-elle. C'est alors qu'elle décide d'ausculter les différentes possibilités qui s'offrent à elle. " Il fallait trouver une solution. Modifier le plancher de la salle de traite, m'équiper d'un exosquelette ou arrêter le métier " se souvient Pauline.
L'utilisation de l'exosquelette fait l'objet de recherches. L'agricultrice repère sur les réseaux sociaux plusieurs utilisations : taille de la vigne, soulèvement de charge, et traite des vaches. " Les témoignages semblaient correspondre à mes attentes. J'ai pris contact avec un vendeur " poursuit la jeune femme.
Une prise de rendez-vous, une rencontre, des mesures, quelques tests et Pauline convainc ses associés après avoir été convaincue elle-même.
Pas pour tout le monde
" L'investissement n'est pas anodin. L'exosquelette nous a coûté 5 000 € " détaille Pauline. Une réflexion a été conduite entre les associés. Au final, retravailler le sol de la salle de traite a été abandonné au profit du soutien physique à la jeune femme.
Si Pauline trait la plupart du temps, ses associés assurent quelquefois ce travail d'astreinte. Ils ont alors revêtu l'exosquelette. " Ca ne leur a pas plu. C'est fou car moi je n'envisage plus la traite sans ! ".
Trop encombrant, trop lourd, le matériel pèse 5 kg et c'est vrai qu'il nécessite une modification de son appréhension du schéma corporel. " Quand Dylan, un de mes associés, le porte, il est mal à l'aise, il est emprunté. C'est une contrainte pour lui, plus qu'une aide. Ça ne convient pas à tout le monde, il faut le savoir " assure Pauline.
Sans soutien à l'achat, l'investissement peut paraître conséquent. "Personnellement je trouve ça dommage. Au même titre qu'un siège de tracteur pour prendre soin de son dos, ce matériel prend soin des épaules, des coudes et on sait que c'est la répétition qui abîme " souligne l'agricultrice.
Tous les éléments se détachent et sont lessivables à la machine à laver. Les exosquelettes sont davantage utilisés aujourd'hui. L'outil se démocratise. Bien se faire accompagner dans le choix du modèle, de la taille est primordial. Compte tenu des bienfaits du système pour la santé, la MSA envisage une aide à son acquisition.
SV