Geoffroy Hauer a repris une petite exploitation en décembre 2011, à Graveleuse, un hameau du village de Rosay. Tellement petite qu'il ne disposait que d'une ancienne stabulation pour traire ses 18 vaches, au pot... « C'était la crise du logement, se souvient-il. Les vaches attendaient dans la cour. Dès que j'ai pu, j'ai installé un pipe-line et, vu la situation, j'ai vite compris qu'il ne faudrait pas tarder à construire un bâtiment, au moins pour le stockage du fourrage et le logement de la relève... »
En attendant, Geoffroy travaillait seul, aidé des quelques coups de mains de la doyenne du village et de ses 99 printemps. Il stockait son foin « à la main ». Son installation n'a pas été un long fleuve tranquille.
Geoffroy avait prévu de reprendre également l'exploitation voisinne. Celle du frère de son cédant. Mais la réforme des retraites a contraint celui-ci à prolonger de deux ans. Et Geoffroy à retourner travailler à l'extérieur. En attendant...
La construction du bâtiment lui a aussi réservé bien des surprises. Le dossier de demande de subvention est tombé à l'eau, « pour une question de couleur de bardage... ». Mais enfin, l'exploitant n'a pas baissé les bras et a construit lui-même, l'essentiel de ce nouveau bâtiment. Un bel outil qui a changé sa façon de travailler... Et sa vie. Hélas, il a aussi sacrifié sa vie de famille, a dépensé une énorme énergie. Au point d'en arriver « à vouloir tout arrêter »...
Retrouver la confiance
« Ce chantier de construction du bâtiment m'a fatigué. Je me demandais si je devais rester dans l'agriculture, se souvient-il aujourd'hui. Je n'avais pas trop de retard au niveau des finances, mais je me posais plein de questions, j'avais des doutes... »
Un jour, en lisant un dépliant de la chambre d'agriculture, Geoffroy a eu connaissance de l'existence de la structure Solidarité Paysan dont la vocation est d'accompager les agriculteurs jurassiens dans la difficulté. Une structure qui, pour mettre en avant son action, a organisé, il y a quelques jours, une « ferme ouverte » chez Geoffroy. A partir de son témoignage, on a beaucoup parlé des difficultés rencontrées par les agriculteurs, surtout sur un territoire aussi isolé que celui de la Petite-Montagne.
La députée Brullebois était là pour saluer le travail fait par l'association depuis 30 ans. Un travail qui permet de « redonner confiance à des agriculteurs dans une situation de désespoir... ». Situation d'autant plus délicate que ce secteur est l'un des plus touchés par la sécheresse de cet été. Geoffroy sait d'avance qu'il ne réalisera pas sa référence laitière. Que produire lui coûtera plus cher et que le travail sera plus pénible...
Aujourd'hui il arrive quand même à prendre quelques jours de congés « pour être plus libre ». Il se fait remplacer par des amis, car le service de remplacement n'a personne à lui proposer. Un autre problème là aussi...
Mais Geoffroy garde une certaine forme de confiance. Celle qu'il avait perdue et que les bénévoles de Solidarité Paysan ont su lui redonner.
Michel Ravet
