Session de chambre
Mercosur : la Chambre tire la sonnette d’alarme
La session de la Chambre d'agriculture du Jura, la dernière de cette mandature avant les élections du mois de janvier, s’est tenue vendredi 22 novembre. Le président François Lavrut a dressé un bilan des priorités définies en début de mandat : installation des jeunes agriculteurs, amélioration de la performance, soutien aux filières, coopération avec les collectivités et communication.
L’année écoulée restera marquée par des conditions climatiques extrêmes qui ont profondément bouleversé les cycles agricoles. François Lavrut, président de la Chambre d'agriculture du Jura, a souligné : « 2024 fut l’année de tous les excès : précipitations intenses, créneaux de travail courts, luminosité insuffisante au printemps. Cela a pénalisé fortement les cultures et la viticulture, qui connaît sa quatrième année catastrophique en sept ans. À cela se rajoutent les conditions sanitaires difficiles avec la FCO, la MHE et l'influenza aviaire ».
La chambre d'agriculture a profité de cette session pour réaffirmer la priorité du photovoltaïque en toiture même si l’agrivoltaïque au sol, sujet controversé par l’accaparement de terres agricoles qu’il engendre, n'est pas exclu sur certains territoires.
Le directeur départemental de la Banque de France, Christophe Gourmand, était invité à intervenir sur la conjoncture économique nationale et locale. : « Si la croissance des encours agricoles augmente chaque année, la valeur ajoutée diminue pour l'agriculture et la construction, » a-t-il résumé. « La récession redoutée n'a pas eu lieu mais la reprise n'est pas encore là : la croissance globale économique française est de 1,1%. Les prêts garantis par l'état (PGE) se remboursent comme prévu, même s’il y a des difficultés sur les plus petites entreprises qui rognent sur leur rémunération. Nous l'avons relevé aucune anomalie ou difficulté particulière pour le monde agricole. Ces PGE ont boosté les trésoreries en 2020. Elles sont aujourd’hui revenues à leur niveau de 2019 ».
Le Mercosur rejeté à l’unanimité
Une motion de synthèse, demandant l'arrêt total des négociations sur le traité du Mercosur tant qu'il n'y avait pas de clauses miroir, a été proposée par l’ensemble des organisations syndicales et votée à l’unanimité. Cette ratification serait une menace pour toute l'agriculture française. Le fonds de compensation, qui signifierait l'acceptation de ce texte, a aussi été rejeté. En conséquence, la chambre d'Agriculture du Jura demande au gouvernement de ne pas ratifier ce traité avec l’Amérique du Sud.
Pour François Lavrut, « accepter cet accord reviendrait à importer des produits ne respectant pas nos normes de production. Ce serait une menace directe pour toute l’agriculture française ». Le président de la chambre est aussi revenu sur les annonces à la suite des contestations agricoles du printemps dernier. « Elles ont du mal à atténuer la colère des campagnes. Le mouvement n'est pas éteint et redémarre ».
« Les agriculteurs réclament un cap clair, » estime Christophe Buchet, vice-président de la chambre. « Nous avons besoin de bon sens et de clarification. Nous sommes très inquiets pour 2025, les agris sont fatigués et ont besoin de réponses rapides ».
Le traitement des fonds européens (FEADER) par la région reste un point noir. « Deux ans se sont écoulés, et ce n’est toujours pas au point, » a poursuivi Christophe Buchet. « Nous avons besoin d’une présence humaine pour accompagner les agriculteurs et débloquer les dossiers. Nous nous réjouissons que la DDT du Jura récupère une grosse partie des dossiers en souffrance ».
Les 5 priorités de la mandature
Lors de son allocution, François Lavrut est revenu sur les cinq priorités définies en début de mandature, soulignant les avancées réalisées. Il a d'abord évoqué la dynamique positive observée dans le Jura en matière d'installation et de transmission agricole. L'amélioration de la performance des exploitations a également été mise en avant, grâce à des dispositifs tels que le GVA, le GIEE, le groupe 30 000 ou encore les formations de l'ADFPA.
L'accompagnement des filières a constitué une autre priorité, avec notamment un soutien à la filière légumes, essentielle pour le développement des Projets alimentaires territoriaux (PAT). La Chambre d'agriculture s'est également illustrée par son rôle au service des collectivités, en travaillant sur des enjeux comme la gestion des eaux usées ou la protection des zones de captage d'eau potable.
Enfin, la communication et la valorisation des métiers agricoles ont été des axes transversaux importants. Des événements tels que les opérations "fermes ouvertes", le marché de Noël ou encore la participation au week-end du Chat perché ont permis de renforcer les liens entre les agriculteurs et le grand public, tout en promouvant l'agriculture jurassienne.
« Pour les élections à venir, je souhaite que nous nous orientions vers une campagne qui respecte les hommes et les idées », a conclu François Lavrut.
S.C.
Ils ont dit :
Clément Pernot, Sénateur du Jura : « Nous devons mettre en place un comité scientifique pour trouver des solutions contre le réchauffement climatique car si l’agriculture connaît des problèmes chaque année, l'assurance devient de l'assistanat. J'appelle à la mobilisation des services de l'État, de la chambre d'agriculture, du département et des filières pour analyser les spécificités du Jura ».
Danièle Brulebois, député du Jura : « Nous entendons votre mécontentement. Les agriculteurs du Jura savent faire entendre leurs revendications dans la dignité et le respect. Concernant la simplification, la ministre a déjà annoncé un contrôle unique mais nous devons aller plus loin ».
Gérôme Fassenet, président du conseil départemental : « Le Jura sera à l’honneur lors du Salon de l’agriculture en février, avec un stand dédié. Nous devons valoriser notre agriculture locale et préserver sa diversité ».
Serge Castel, préfet du Jura : « Le gouvernement a sensibilisé les préfets sur l'accompagnement du monde agricole. Le Premier ministre nous a demandé de vous questionner et de faire remonter vos propositions. J'ai demandé à la DDT d'être très présente auprès des agriculteurs ».
