Semis de maïs
Limiter les dégâts de corvidés

Corneilles et corbeaux freux sont classés espèces susceptibles d'occasionner des dégâts (Esod). Si leur déjection constitue parfois une menace sanitaire, c'est sur les semis qu'ils occasionnent le plus de dégâts. Maïs et tournesols sont les deux cultures les plus touchées par les corvidés. Il existe quelques solutions pour tenter d'échapper au pillage de ces oiseaux.

Limiter les dégâts de corvidés
Les attaques de corvidés sur maïs peuvent générer des pertes conséquentes.

" Certaines nuées comportent 200 à 300 individus. Ils sont capables de ravager une parcelle en quelques heures " explique Nicolas Gamb, chargé de mission vertébré à la Fredon.

Se déplaçant sur une distance pouvant aller jusqu'à plusieurs dizaines de kilomètres, ils occasionnent des dégâts sur des parcelles situées à proximité de leur nid, 9 km est la distance maximale observée la plupart du temps même s'il arrive que les corvidés aillent au-delà. Le peu de littérature scientifique sur ces prédateurs rend la protection compliquée.

Toutefois, la Fredon dispose des travaux de deux étudiants en " Master 2 biodiversité écologie et évolution " pour mieux comprendre le mode opératoire des corvidés. " C'est le stade plantule jusqu'à 6 feuilles pour le maïs qui est critique " précise Nicolas Gamb. Sur les maïs, les dommages sur cultures des corvidés constituent la plupart des dégâts constatés après les sangliers et les limaces.

Selon les mémoires de stage rédigés par Elian Verdoux et Marine Bosseray, les deux étudiants en Master 2, qui ont consacré du temps à l'étude des dégâts occasionnés par les corbeaux et corneilles, plus de 7,5 % des surfaces de maïs en France seraient endommagés. Une estimation des dégâts comprise entre 25 et 45 millions d'euros selon les années.

 

Forte adaptation

S'il existe des moyens de prévention, les corvidés capables de les contourner. " Le traitement par enrobage d'un répulsif des grains de maïs permet une protection intéressante mais ça a un coût. Dès lors que la plantule apparaît les choses se compliquent " poursuit le chargé de mission en s'appuyant sur les travaux de recherches des deux étudiants en master.

Des systèmes de dissuasion peuvent alors s'avérer utiles. " L'utilisation d'effaroucheurs visuels, sonores ou combinant les deux, est possible. Il faut savoir que les corvidés ont une capacité d'adaptation assez remarquable. Pour ne pas laisser le temps aux oiseaux s'habituer aux moyens d'effarouchement l'idéal est que la plante pousse assez vite " détaille Nicolas Gamb.

Les étudiants ont constaté que les dissuasions sonores ou visuelles devaient être mises en place dès le semis, à plusieurs endroits de la parcelle et en combinant l'effet visuel et sonore pour espérer un minimum d'efficacité. Il existe une troisième voie de protection contre les Esod, le piégeage.

La chasse, autre moyen de lutte

De façon encadrée, la lutte peut aussi passer par le tir ou le piégeage des corvidés. " La Fredon organise des formations sur demande " précise Nicolas Gamb.
Et de poursuivre : " L'utilisation de cage pour capturer les animaux mais aussi la chasse est possible. En période de chasse, on peut prélever les Esod. De plus, l'arrêté préfectoral permet d'étendre cette période tout en facilitant les démarches administratives ".
Cependant, la réticence du public, la charge de travail puisqu'il faut relever les cages tous les jours, le risque pour la faune non-cible sont des freins à cette pratique.

Séverine Vivot

Législation

Réglementation sur la régulation collective des corvidés

Quelques règles simples à suivre pour participer aux opérations de piégeage collectif.

Selon l'article R, 427-8 du code de l'environnement " La destruction des espèces classées susceptibles d'occasionner des dégâts est un droit conféré au propriétaire, possesseur ou fermier qui procède personnellement aux opérations de destruction, y fait procéder en sa présence ou délègue par écrit le droit d'y procéder. Le droit de destruction est indépendant du droit de chasse et peut être délégué à plusieurs personnes sans préjudice ".

Participer aux opérations de piégeage collectif

- Participation à une demi-journée de formation (et attribution d'un numéro de piégeur annuel valable uniquement pour le piégeage des corbeaux freux et corneilles noires sur les communes mentionnées dans l'arrêté préfectoral encadrant la lutte),
- Piégeage uniquement sur les communes citées dans l'arrêté préfectoral encadrant la lutte, sur la période prévue par ce dernier,
- Respect de la réglementation citée ci-après.
Toute personne qui utilise des pièges doit être agréée par le préfet. L'agrément est subordonné à la reconnaissance de la compétence professionnelle du demandeur ou à sa participation à une session de formation spécialisée sur la biologie des espèces prédatrices et leurs modes de capture, dans les conditions fixées par arrêté du ministre chargé de la chasse.

Les dispositions des deux alinéas précédents ne s'appliquent pas aux personnes qui capturent les corvidés au moyen de cages à corvidés, dans le cadre d'opération de luttes collectives organisées par les groupements de défense contre les organismes susceptibles d'occasionner des dégâts et leurs fédérations agréées conformément aux articles L. 252-1 et L. 252-2 du code rural et de la pêche maritime.

Le tir des corbeaux freux et corneilles noires est possible hors période de chasse selon des dispositions particulières (demande auprès de la DDT).

Le tir dans les nids de corbeaux freux ou dans les nids de corneilles noires est interdit.

Pour tout renseignement, n'hésitez pas à contacter la Fredon Bourgogne-Franche-Comté ou la Fédération Départemental des Chasseurs.

 

S. V.

 

Contact Fredon : Nicolas Gamb
03 80 25 95 40 / 07 80 01 14 25
[email protected] 

Démonstration

Sonores ou visuels parfois les deux en même temps, une démonstration d'effaroucheurs a eu lieu le 15 mai à 14 heures et le 16 mai à 9 heures à Pesmes sur une parcelle appartenant à M. Camelot.

Un technicien de la société Agriprotech était sur place pour répondre aux questions ainsi que Nicolas Gamb, chargé de missions à la Fredon Bourgogne-Franche-Comté.