Trois questions à Joël Morin
« Surtout rester soudés ! »

Après 24 années à la présidence de la Fruitière vinicole d’Arbois, Joël Morin passe la main. Il nous partage ses meilleurs souvenirs.

« Surtout rester soudés ! »
La fruitière vinicole d’Arbois a rendu hommage aux administrateurs sortants. De g. à d. : Denis Piquet, Joël Morin, Marie-Pierre Boivin et Éric Pourcelot

Quelle est la réalisation collective qui vous a le plus marquée durant vos mandats de président ?

La fusion de la Fruitière vinicole d’Arbois avec le Caveau des Jacobins à Poligny en 2005-2006 a été une vraie réussite, une fusion où chacun était « gagnant-gagnant ». Le Caveau des Jacobins n’avait plus la superficie nécessaire pour faire vivre sa coopérative et de notre côté nous avions besoin de bâtiments. Aujourd’hui, nous mesurons combien cette décision a été positive : elle nous a apporté l’appellation côte du Jura et des personnes ont pu rester dans le tissu coopératif. Elles se sentent pleinement adhérentes de la Fruitière d’Arbois.

Quel est votre meilleur souvenir personnel ? Et des moments plus difficiles ?

J’ai eu la chance, en tant que président, de vivre le centenaire de la Fruitière en 2006. C’est un événement unique !

J’ai également vécu de bons moments avec mes collègues et le conseil d’administration qui sont un peu comme une seconde famille.

Nous avons connu une période difficile à l’époque où j’ai débuté ma présidence, avec une partie commerciale pas assez développée et le manque de vente en bouteille. Il a fallu du temps pour remonter la pente, nous y sommes arrivés parce que nous étions soudés. Les coopératives se sont souvent créées dans les moments difficiles pour apporter des réponses collectives.

Nous avons aussi essayé d’acheter un domaine viticole pour sécuriser la Fruitière. L’engagement comme apporteur est de 5 ans. Si une grosse exploitation venait à partir cela remettrait en cause les équilibres. Nous avons aussi pensé acheter du foncier pour aider des jeunes à s’installer, avec toujours le risque qu’ils quittent la coopérative par la suite. Nos idées n’ont pas toujours marché. Elles reviendront peut-être plus tard…

Que souhaiter à votre successeur et à la Fruitière vinicole d’Arbois ?

Nous avons fait rentrer plusieurs jeunes au conseil d’administration. Nous leur avons répété de surtout rester soudés. Que chacun dise ce qu’il pense et après on se rallie à la majorité. Je n’ai pas trop de doute cela va bien fonctionner ! L’élection du futur président a lieu vendredi en conseil d’administration mais nous avons préparé la relève depuis 3-4 ans avec Benoit Sermier. Le rôle d’un président est de fédérer et ensuite d’avancer sur des projets.

Aujourd’hui nous sommes confrontés à la tentation de faire son vin tout seul. C’est un choix que je respecte et nous invitons souvent les jeunes à tenter l’expérience de la coopération pendant quelques années avant de se lancer. Pour conserver nos adhérents et en accueillir de nouveaux, - même les plus petits apporteurs qui trouvent toute leur place dans une coopérative -, il faut que nous soyons bons au niveau de la rémunération et de l’entente. Et en même temps continuer à investir dans notre outil, la Fruitière. Nous avons fait le choix d’embaucher récemment deux directeurs, l’un sur la partie technique et l’autre sur la partie commerciale. Et nous poursuivons l’investissement dans l’oenotourisme que nous avons développé déjà depuis une quinzaine d’années. Nous avons une carte à jouer. J’ai un bon pressentiment pour l’avenir…

 

IR

Dans notre prochaine édition : retour sur l’assemblée générale, l’élection du bureau et du nouveau président

« La relève est assurée avec les jeunes qui sont entrés au conseil d’administration », déclare l’ancien président, avec émotion

La Fruitière en chiffre

90 adhérents

300 ha

25 adhérents représentent 80 % des apports

1 homme une voix quelle que soit la surface