Organisation internationale du vin
Dijon, capitale internationale du vin
L'Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV) est officiellement installée à Dijon, son nouveau siège. La ville a aussi accueilli le Congrès international de la vigne et du vin.
2024 restera une année à part pour l'Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV). La structure, qui fédère cinquante pays producteurs de vin, célèbre son centenaire. Mais 2024, c'est aussi l'année où son siège migre de Paris à Dijon. Pour la première fois, l'OIV dispose d'un siège unique, alors qu'elle était installée sur sept sites parisiens, ce qui ne simplifiait pas son fonctionnement. Dijon, qui était en concurrence avec Reims et Bordeaux, a été choisie en 2021 pour accueillir ce siège. Il faut dire que la capitale des Ducs avait mis dans la balance un site d'exception -l'hôtel particulier Bouchu dit d'Esterno- situé en plein centre et qui a été entièrement rénové. Le projet avait aussi été soutenu par le sénateur de l'Yonne Jean-Baptiste Lemoyne, à l'époque Secrétaire d'Etat en charge du Tourisme, des Français de l'étranger, de la Francophonie et du Commerce extérieur.
« Au service de la communauté mondiale de la vigne et du vin »
L'inauguration du nouveau siège s'est tenue le 12 octobre, date qui marquait également l'ouverture du Congrès mondial de la vigne et du vin qui s'est déroulé jusqu'au 18 octobre. C'est une inauguration en grande pompe qui a eu lieu, en présence de cinquante délégations étrangères, de la ministre de l'Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt, Annie Genevard, du président de l'OIV, l'Italien Luigi Moio et de son directeur général, le Néo-Zélandais John Barker. L'OIV s'installe à Dijon pour, au minimum, cinquante ans, comme le prévoit le bail conclut avec la collectivité « dans cet hôtel Bouchu d'Esterno, tel un patrimoine préservé au service de la communauté mondiale de la vigne et du vin » soulignait le maire de Dijon et président de la métropole, François Rebsamen. Il soulignait aussi que le président de l'OIV, Luigi Moio, était déjà venu à Dijon, au début des années 90, pour y étudier, à l'époque, au sein de l'Inra, la chimie des arômes du vin. « C'est grâce à notre travail à tous ainsi qu'au soutien de l'Etat, poursuivait François Rebsamen, qu'avec l'implantation de l'OIV, nous avons le sentiment d'un juste retour des choses. Ici, l'OIV est en prise directe avec le monde de la vigne (vignerons, chercheurs...) Ce qui se joue également, c'est la reconnaissance internationale du patrimoine vitivinicole de Dijon ». La métropole mène en effet la reconquête de son vignoble, disparu au XIXè siècle, avec plus de 50 ha d'AOC Bourgogne plantés depuis 2013 sous l'impulsion de la collectivité qui confie ensuite ces vignes à des viticulteurs qualifiés.
Rénovation rapide
Pour la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, « l'OIV est une organisation stratégique, la France est donc attachée à sa présence sur son territoire ». Le maire de Dijon n'a pas manqué de remercier, dans la conclusion heureuse de ce dossier, le concours de la Chaire Unesco « Culture et traditions vitivinicoles » de l'Université de Bourgogne ou l'implication des professionnels locaux de la vigne. Un dossier remarquable également du fait de la réponse immobilière rapide et adaptée apportée par Dijon aux attentes de l'OIV : la rénovation totale de l'hôtel particulier a été réalisée en 17 mois seulement, sous la houlette de l'architecte du patrimoine Fabien Drubigny et d'Alexandre Lenoble, de l'agence Bernard Quirot Architecture. François Rebsamen a enfin rendu hommage à l'ancien président de l'OIV, l'Espagnol Pau Roca, décédé à Dijon fin 2023 et qui fut l'artisan de l'installation du siège de l'organisation dans la capitale de Bourgogne-Franche-Comté. Un clos a d'ailleurs été baptisé de son nom, le 13 octobre, en hommage à sa mémoire, en périphérie de Dijon.
Berty Robert
Un congrès pour l'avenir
Le 45è Congrès mondial de la vigne et du vin s'est tenu du 14 au 18 octobre à Dijon. Outre le fait qu'il marquait le centenaire de l'OIV, les experts de 50 pays réunis à cette occasion ont débattu de l’avenir du secteur au regard des nombreux défis auxquels il est confronté et des atouts dont il dispose. Trois grands axes thématiques ont nourri les échanges des participants :
-le centenaire de l’OIV : bilan de l’activité de l’organisation depuis 1924 et perspectives d’avenir ;
-la vitiviniculture comme filière d’excellence et créatrice de valeur ;
-la volonté de la filière de s’inscrire dans son époque : relever les défis liés au changement climatique et à l’évolution des attentes sociétales.
Jérôme Despey, vice-président de la FNSEA : « il faut accompagner les viticulteurs »
Viticulteur dans l'Hérault, Jérôme Despey, 1er vice-président de la FNSEA était présent à Dijon. Il est intervenu le 14 octobre lors de la cérémonie d'ouverture du congrès : il lui revenait de présenter la viticulture française. Sur un plan conjoncturel et au sortir d'une saison viticole décevante, Jérôme Despey a rappelé la position de la FNSEA : « Nous sommes confrontés à des aléas climatiques mais aussi des conflits commerciaux qui nous dépassent (taxes Trump liées à l'aéronautique, représailles de la Chine face aux taxes sur les batteries électrique mise en place par l'Union européenne...). Nous allons faire en 2024 la plus petite des récoltes depuis le gel de 2021. Nous avons demandé à la ministre de l'Agriculture de se saisir de ces difficultés. Cela concerne les trésoreries avec un Prêt garantie par l'Etat (PGE) demandé pour préparer la prochaine campagne. Il y a aussi des actions d'arrachage de vigne définitif. Certains viticulteurs, à bout, ont besoin d'être accompagnés. Pour ceux qui veulent continuer, on se doit de les accompagner avec l'Organisation commune du marché (OCM) vitivinicole sur la restructuration du vignoble, sur des investissements, sur la promotion. Il y a aussi de l'arrachage temporaire dont le but est d'arracher des vignes qui ne sont plus adaptées à un marché et pour conquérir de nouvelles parts de marchés qui correspondent aux attentes des consommateurs ».