Jeudi 21 novembre à Baume-les-Dames, les élus de la caisse régionale de la MSA se sont interrogés sur l'engagement et les solidarités, ADN du système social agricole. Mise à mal dans certains départements de France par ses propres ressortissants, la MSA demeure un levier d'action sur les questions d'accompagnement social, de santé et de prévention pour les agriculteurs et les salariés de l'agriculture et de la forêt.
Alors que la MSA s'apprête à renouveler ses délégués lors d'élections qui auront lieu au premier semestre 2025, Sylvain Charles, président de la caisse de la MSA Franche-Comté, remercie les participants d'être en nombre pour atteindre le quorum.
Sans attendre, il attaque son rapport moral.
" Comment un organisme qui verse des prestations peut-il être identifié aux seuls prélèvements qu'il réalise ? " Relatant les faits graves de manifestations agricoles qui ont incendié la MSA Grand sud à Narbonne, le président franc-comtois s'est dit profondément choqué par de tels agissements.
" Cela signifie-t-il que nous renonçons aux droits sociaux ? " interroge Sylvain Charles.
Si la réponse est dans la question, le président en s'adressant aux délégués et aux administrateurs présents affiche sa volonté d'impulser ses propres réflexions au plus près du terrain.
Mieux informer
Relayer l'information dans un monde où chacun croule sous un flux trop abondant d'informations, tel est le souhait de Sylvain Charles et de ses équipes. " La MSA collecte les cotisations mais elle redistribue aussi " poursuit le président. Redistribution des prestations légales et des prestations extralégales.
Encore une fois, le président interpèle sur la façon la plus efficace d'informer et d'arriver chez l'adhérent. " Certains de nos ressortissants manquent d'éléments et passent à côté d'aides auxquelles ils ont droit ". Des informations précises sont disponibles sur le site internet de la MSA.
De plus en plus et de mieux en mieux consulté, il est vrai que quelques-uns restent en marge des informations électroniques. " Notre réseau est essentiel mais nous devons aussi travailler avec les réseaux syndicaux. Je pense en particulier aux agricultrices, au service de remplacement, aux jeunes agriculteurs pour les aides liées à l'installation, aux congés maternité et paternité et aux arrêts maladie ".
Cela tombe bien, les responsables sont dans la salle !
Séverine Vivot
La MSA plus qu'un collecteur
Marie Agnès Cudrey-Vien, directrice de la MSA de Franche-Comté, a détaillé les activités de la caisse, les compétences qu'assume la mutualité et les priorités choisies par les administrateurs pour ses ressortissants.
" Santé, famille, retraite, cotisation, santé et sécurité au travail et médecine préventive sont nos prérogatives ". Dans un contexte de baisse des adhérents, - 2 % par rapport à l'année 2022, la directrice explique que les effectifs salariés ont quant à eux baissé de 10 %.
" 225 salariés travaillent à la MSA. Il est difficile de stabiliser les équipes " souligne la directrice. " Nous encourageons à aller vers la dématérialisation et l'utilisation de l'espace privé propre à chacun de nos ressortissants " explique Marie Agnès Cudrey-Vien.
Consciente que la dématérialisation demeure difficile pour certains, la directrice désigne l'importance des maisons France Services présentes dans 85 points de la Franche-Comté.
De précieux réseaux
Le travail impulsé depuis plusieurs années sur la prévention du mal-être et du suicide en lien avec les réseaux Sentinelles et Phar'andole reste une priorité. " Le sur-risque de suicide par rapport à la population générale est élevé. Plus 102 % pour les non-salariés agricoles, plus 36 % pour les salariés de l'agriculture, plus 60 % pour la population 14-25 ans ".
Des aides conjoncturelles
L'accompagnement des entreprises de plus de 50 salariés sur les questions des indemnités journalières, de la santé sécurité au travail a été mise en place via des Webinaires.
" Les webinaires rencontrent une bonne adhésion et correspondent à une attente des entreprises " explique la directrice. En parallèle, des communications ciblées à destination des éleveurs touchés par la FCO les informent des possibilités qui leur sont offertes.
" Aller vers un accompagnement personnalisé grâce à une analyse de notre fichier informatique est indispensable " poursuit la directrice qui souhaite étendre l'individualisation des suivis aux parcours maternité ou aux ressortissants du régime qui vivent une séparation.
" Sur ces deux sujets, des dates réglementaires à respecter échappent parfois aux protagonistes et cela complique, parfois même empêche, l'accompagnement de nos services ou le versement de prestations " détaille la directrice. ,Des prestations conditionnées au conventionnement d'objectifs et de gestion qui seront renégociées avec l'État en 2025 et qui garantissent l'équilibre du régime agricole. 2025, élections du réseau de délégués et renégociation de la convention d'objectifs est d'ores et déjà désignée comme année charnière pour la caisse de MSA.
Les étudiants inspirés
Une vingtaine d'élèves de BTS Acse du lycée agricole de Dannemarie-sur-Crète sont montés sur scène lors de l'assemblée générale de la MSA. Livrant un historique et des chiffres clés sur l'engagement, ils se sont aussi exprimés sur leur futur en détaillant les entreprises, collectifs ou association pour lesquels ils ont envie de s'engager.
" Nous avons réfléchi à ce qu'était l'engagement. Nous avons cité des exemples. Ils sont assez nombreux dans le monde agricole. En parallèle, nous avons aussi cherché des références historiques à la naissance de la MSA " expliquent les élèves.
La participation de ce jeune public à l'assemblée générale est une respiration dans un contexte de doute et d'interrogation pour les élus de la MSA. À deux reprises, les étudiants ont partagé des constats positifs et annoncé des chiffres qui ne demandent qu'à évoluer.
" Plus de 20 millions de citoyens s'engagent chaque année dans une activité de bénévolat. On dénombre en 2023 sur le territoire plus d'1,3 millions d'associations. Il y a un vrai enjeu aujourd'hui en termes de renouvellement générationnel, bénévole et instances dirigeantes des associations. En 2010, beaucoup de bénévoles étaient des personnes âgées. Et au moment du Covid, le bénévolat de ces tranches d'âge a diminué… En 2023, deux présidents sur trois sont des hommes tandis que trois secrétaires sur cinq sont des femmes ".
Ancrés dans leur territoire
Pour conclure, les étudiants ont énuméré à tour de rôle leur souhait d'engagement. La majorité a pour projet de s'investir dans l'élevage, les organismes d'élevage, le conseil technique, la vie locale via le conseil municipal ou le comité des fêtes du village mais aussi à moindre échelle le syndicalisme agricole, aucun n'a cité la MSA
Ce qui fait dire au président Sylvain Charles : " La MSA, on y vient après les mandats cités par les jeunes et souvent en rôle de représentants. Avant de s'apercevoir que c'est un engagement de premier plan pour le secteur agricole et surtout pour ceux qui le compose ".
ILS ONT DIT…
Sylvain Charles, président de la MSA Franche-Comté : " Nous poursuivons notre travail sur la prévention du suicide. Passer du mal-être au mieux-être est une de nos priorités.
En 2023, 110 signalements ont été relayés pour des non-salariés agricoles et 45 chez les salariés. La cellule agri-écoute enregistre une augmentation des appels de 40 %. "
Bernard Laucou, 1er vice-président de la MSA Franche-Comté : " La MSA n'est pas seulement un guichet de paiement. Elle est un lieu où l'on écoute, comprend et répond aux besoins des adhérents. C'est un régime démocratique où chacun des quatre collèges (chefs d'exploitation, salariés, employeurs de main-d’œuvre et associations familiales) peut s'exprimer librement ".
Florent Dornier, président de la FDSEA 25, représentant la FRSEA : " Le syndicalisme que je représente ne met pas le feu aux MSA. Nous travaillons en rang serré pour organiser la transmission de l'information. La simplification administrative, ce n'est pas le simplisme ! Avec la MSA comme avec d'autres, nous travaillons au quotidien pour ne laisser personne sur le bord de la route. Repérage de difficultés, détresse psychologique, allégement de charges, reconnaissance des 25 meilleures années pour le calcul de la retraite… sont autant de sujets qui nous unissent ".
Philippe Cornu, ancien président de JA 39, représentant les Jeunes agriculteurs Bourgogne-Franche-Comté : " L'accompagnement de la MSA occupe une place de choix dans le quotidien des jeunes agriculteurs. À l'installation, mais aussi dans des moments de crises comme nous en traversons aujourd'hui. FCO, défi climatique, attaque de loup sur nos troupeaux sont autant de dossiers sur lesquels la MSA est présente. S'en prendre à la MSA, ce n'est pas tolérable et nous le condamnons. Nous travaillons ensemble. Toutes les réponses ne sont pas au rendez-vous mais nous poursuivons ensemble pour trouver des solutions ".
Monique Marion, présidente du Comité d'action sanitaire et sociale : " Je suis engagée depuis 30 ans. La MSA est unique. Elle donne un visage humain à la protection sociale. Elle est connectée aux besoins de ses adhérents. À titre plus personnel, la MSA permet de sortir de son quotidien de faire des rencontres de s'ouvrir. Je vous encourage à vous y engager ".